Rencontre avec Dounia et Fadila Berrada, fondatrices d’Agenda C
Isarta Infos dresse aujourd’hui le portrait non pas d’une mais de deux femmes de l’industrie: Dounia et Fadila Berrada, les fondatrices d’Agenda C, une plateforme Web qui propose des conseils de carrière aux jeunes femmes. Si les deux soeurs partagent le même physique, elles ont aussi en commun une volonté et une détermination à toute épreuve, qui leur ont permis de relever de nombreux défis.
Vous avez récemment lancé votre site Agenda C, mais ce n’est pas votre premier défi professionnel. Parlez-nous un peu de votre parcours.
Dounia Berrada: en 2011, alors que j’étais encore étudiante à Concordia, il y a eu un poste à combler dans l’entreprise familiale, Artimonde. Cette compagnie, fondée par notre père en 1970, fait de l’achat de licences auprès de groupes de musique (Rolling Stones, Pink Floyd, AC/DC…) pour ensuite produire et distribuer, dans tout le Canada, des t-shirts et autres produits dérivés imprimés. J’ai donc occupé le poste de directrice de production, et si au début je le faisais vraiment pour dépanner, je me suis découvert, au fil des mois, un vrai fit pour l’entreprise.
Fadila a également rejoint l’entreprise quelques temps après, au marketing. Et puis, du jour au lendemain, le vice-président de la société, qui en assurait la gestion depuis le décès de notre papa, a dû partir: c’est comme ça que Fadila et moi sommes passées d’employées à employeurs. On ne maîtrisait alors pas tout le fonctionnement de l’entreprise, on ne savait pas comment signer un contrat, ni comment gérer 20 employés. Tu imagines le challenge? [rires] On a passé beaucoup de nuits blanches, mais on a mis la main à la pâte pour apprendre tout de l’entreprise, de A à Z. Sans aide, ni famille, ni mentor, ni associés à qui parler, on s’est basées sur nos connaissances, notre bon sens et on a appris de nos erreurs! Je ne veux pas dire qu’on était en mode survie, mais c’était presque ça!
Fadila Berrada: dans ces moments-là, de toutes façons, tu ne réfléchis pas, tu fonces. Ca va beaucoup mieux depuis, heureusement! On a appris tellement de choses, on a touché à tous les départements, du marketing à la production en passant par la comptabilité, les ventes ou les ressources humaines… Mais le vrai challenge, c’était de faire notre place, en tant que jeunes femmes de 23 ans à l’époque, dans une industrie majoritairement composé d’hommes avec une grande expérience professionnelle… Il fallait que l’on montre de quoi on était capables!
Dounia Berrada: mais on était dans un bon état d’esprit, plus que motivées à mener à bien cette mission. C’est sûrement pour ça que les choses se sont bien passées pour nous, finalement.
«Le vrai challenge, c’était de faire notre place, en tant que jeunes femmes de 23 ans, de montrer de quoi on était capables»
Et donc, depuis peu, votre nouveau challenge, c’est Agenda C. D’où est venue l’idée d’une telle plateforme?
Fadila Berrada: il n’y a sûrement pas beaucoup de gens qui vivent la même chose que nous, à savoir commencer leur carrière par le haut, si l’on peut dire, par contre il y en a certainement qui se posent les mêmes questions, ont les mêmes doutes que nous, et font les mêmes erreurs. En faisant nos recherches, on a constaté qu’il n’existait pas de ressources qui nous interpellaient vraiment, ou qui correspondaient à nos âges et notre domaine. Alors on a eu envie de créer un endroit où les jeunes femmes pourraient communiquer entre elles, échanger, s’informer, s’inspirer. Se dire qu’elles ne sont pas seules et qu’elles aussi peuvent y arriver.
Dounia Berrada: ça fait quand même deux ans qu’on y pense, mais depuis qu’on a pris les rennes d’Artimonde on n’a pas pris une seule pause. Lancer Agenda C, c’était maintenant ou jamais!
Fadila Berrada: c’est bien de travailler, mais il faut savoir prendre du temps pour soi aussi!
Oui, vous avez d’ailleurs des rubriques consacrées à la beauté et au lifestyle sur votre plateforme.
Fadila Berrada: tout à fait. Si on ne se sent pas bien dans sa peau, si on s’alimente mal ou que l’on ne fait pas suffisamment attention à soi, cela se ressent aussi au travail.
Et que peut-on trouver d’autres, sur Agenda C?
Fadila Berrada: essentiellement des conseils carrière pour aider les femmes, qu’elles soient entrepreneures ou pas. Comment régler un conflit au travail, demander une augmentation, monter un site Web… Et on souhaite aussi bâtir une communauté: bientôt, nos internautes pourront se créer un profil personnalisé, s’envoyer des messages entre elles, sauvegarder les articles qui leur ont plu, etc. Parce que oui, Facebook et LinkedIn existent, mais ce n’est pas toujours évident d’entrer en contact avec quelqu’un qu’on ne connaît pas.
Dounia Berrada: le fait de faire partie de la même communauté lèvera les éventuelles barrières que certaines personnes peuvent se mettre. Ce qu’on veut, c’est que chacun puisse trouver sur notre plateforme quelque chose qui les interpelle et ce, gratuitement. Agenda C doit être un «one-stop-shop», un tout-un.
«Agenda C se veut une plateforme où il est facile de communiquer avec les autres, sans barrières»
Votre coeur de cible reste les jeunes femmes, pourquoi ce choix?
Fadila Berrada: et pourquoi pas? [rires] Notre site est évidemment ouvert à tous, mais l’idée d’Agenda C est née d’un besoin que nous avons eu, en tant que jeunes femmes débutant leur carrière. Si on peut en aider une autre, en inspirer une autre, tout en nous aidant nous-mêmes, alors pourquoi pas?
D’où vient le nom Agenda C?
Dounia Berrada: un agenda, c’est un peu le plan de ta journée, de ta semaine, de tes choses à faire. Et C, c’est pour conseil, carrière et communauté, les trois valeurs qui définissent la plateforme.
Auriez-vous des conseils à donner à quelqu’un qui souhaiterait se lancer en affaires, comme vous?
Fadila Berrada: je lui dirais déjà bravo de se lancer, car cela représente un investissement énorme. L’entrepreneuriat, ce n’est pas une aventure facile, il faut avoir les nerfs solides et être prêt à faire des sacrifices. Mais c’est très gratifiant. Même quand les résultats ne sont pas au rendez-vous, c’est un apprentissage continuel.
Dounia Berrada: je pense qu’il faut être certain d’aimer vraiment ce dans quoi on se lance, car lorsqu’on se lève le matin, il faut pouvoir se dire que toute notre énergie va aller dans ce projet. Et il ne faut pas oublier de s’amuser en cours de route: quand on investit 100 heures par semaine dans une job, mieux vaut que ce soit le fun!