Rencontre avec Valérie Danger, directrice projets et communications à l’Association Québécoise des Technologies (AQT)
Isarta Infos poursuit sa série d’entrevues réalisées avec des femmes travaillant dans le marketing et la communication au Québec. Nous leur avons demandé de nous parler de leurs parcours, de leurs visions du métier et de leur façon de concilier une vie professionnelle souvent très prenante avec une vie de famille bien remplie. Chacune a pris de son temps pour nous raconter un peu d’elle-même, et c’est avec un grand plaisir que nous publions ces portraits de femmes de l’industrie.
Rencontre avec …
Valérie Danger, la directrice projets et communications de l’AQT. Forte d’un parcours riche et atypique, cette passionnée d’informatique et de nouvelles technologies utilise l’événementiel comme un outil stratégique de communication pour faire rayonner cette industrie.
Parlez-nous de votre parcours avant d’intégrer l’AQT.
Valérie Danger : le moins que l’on puisse dire, c’est que mes études ne me prédestinaient pas vraiment à occuper mon poste actuel, puisque j’ai fait de la biologie: comme quoi ! Après cela, j’ai vécu deux ans à Londres et à New-York, puis j’ai finalement décidé de poser mes valises à Montréal (Valérie Danger est française, ndlr.) et cela fait maintenant 22 ans que j’y suis. J’ai eu beaucoup de chance car à mon arrivée au Québec, j’ai tout de suite travaillé en haute finance, notamment avec le Président de la BMO, Jacques Ménard. J’occupais un poste qui consistait à mettre en page des informations financières mais aussi à organiser des soupers et des soirées pour le Québec inc. : c’est là que j’ai réellement développé mon goût pour l’événementiel. Parallèlement à cela, j’ai obtenu deux certificats en informatique, un domaine que j’apprécie beaucoup. Je suis restée dix ans dans le milieu bancaire et j’aimais beaucoup mon travail mais je n’en voyais pas l’impact direct. Je me suis donc tournée vers une plus petite structure. En 2003, j’ai intégré Nstein Technologies, une entreprise techno qui comptait à l’époque 28 employés. Rapidement, nous sommes montés à 200 : j’ai pu grandir avec l’entreprise, c’était passionnant. J’étais en charge des événements et de la direction des opérations marketing, ce qui m’a amenée à voyager. Enfin, après 8 ans chez Nstein, j’ai intégré l’AQT, où je suis actuellement en charge de la communication en général : site Web, événements, affaires publiques, relations médias… C’est très varié.
Comment gériez-vous vos nombreux déplacements avec votre vie de famille ?
Valérie Danger : tout est une question d’organisation – et d’énergie, aussi. J’avais mes feuilles de route pour les foires commerciales, et les mêmes pour la maison: un plan A, un plan B et un plan catastrophe! À l’époque où je voyageais, mes deux enfants étaient en bas âge donc je ne pouvais rien laisser au hasard. J’ai aussi eu la chance d’être bien entourée et de pouvoir compter sur mes amis, mes voisins aussi.
«Tout est question d’organisation : j’avais mes feuilles de route pour les foires, et les mêmes pour la maison»
Vous travaillez quotidiennement avec des entreprises du secteur technologique, dans lequel les femmes ont encore du mal à gravir les échelons hiérarchiques. Le constatez-vous ?
Valérie Danger : autant je ne l’ai pas ressenti au cours de ma propre carrière, autant oui, je le vois dans d’autres métiers. L’AQT met d’ailleurs actuellement en place un programme de mentorat spécifique à l’industrie des TIC, avec l’aide du Gouvernement Fédéral, qui nous a mandaté pour 30 mois. Nous réalisons donc actuellement une grande étude comparative entre les sexes, car on s’aperçoit que dans ce secteur, il y a encore très peu de femmes présidentes ou cadres, et que les barrières persistent. Nous allons ensuite nous allier avec des organismes ayant déjà mis en place ce type de programmes de mentorat, avec des coachs, etc. Toutes les femmes cadres et cadres supérieures désireuses de monter au sein de leur entreprise du secteur des TIC pourront y participer.
Pensez-vous que cela pourra aider à faire évoluer les mentalités ?
Valérie Danger : nous le pensons, en effet, et c’est d’ailleurs ce que nous demande le Gouvernent Fédéral. Nous allons notamment inclure des hommes au sein du comité directeur du programme car c’est important qu’ils y prennent part. Il y a quelques années, les mêmes préjugés sur les femmes existaient dans les secteurs de la finance ou du droit et aujourd’hui les choses ont changé : il n’y a pas de raison pour que l’industrie des TIC ne suive pas le même chemin.
Comment évaluez-vous la situation des femmes en entreprise, d’une manière générale ?
Valérie Danger : je trouve que le Québec est très en avance par rapport à l’Europe, par exemple. Les choses vont dans le bon sens, la société a intégré que les femmes sont tout aussi compétentes que les hommes, même si elles ont des obligations familiales. Je pense d’ailleurs que les femmes sont très loyales et dévouées, et lorsqu’elles s’engagent, elles vont toujours s’arranger pour livrer, quoiqu’il arrive. Par ailleurs, je remarque que la nouvelle génération, qu’il s’agisse de filles ou de garçons, a beaucoup plus conscience de l’importance de s’épanouir professionnellement sans faire de compromis sur leur vie privée. Les entreprises vont devoir s’adapter à cela et les femmes en bénéficieront forcément.
«Les rencontres de l’AQT qui sont dédiées aux femmes de l’industrie des TIC répondent à une réelle demande»
Trouvez-vous que l’événementiel a changé depuis vos débuts dans le métier ?
Valérie Danger : oui, il a tendance à se raffiner, dans le sens où avant, on le voyait d’un point de vue logistique alors qu’il s’agit d’un réel outil stratégique de communication. L’événementiel est un canal extraordinaire pour faire passer des messages, permettre aux gens de se rencontrer, entretenir des relations avec les médias… Ce n’est pas juste monter un kiosque, il y a tout une préparation en amont qui permet de positionner son entreprise.
L’AQT organise de nombreux événements, et notamment des rencontres dédiées aux femmes, pourquoi ?
Valérie Danger : notre association évolue dans un milieu d’hommes, et il y a quelques années, nous n’avions qu’une ou deux femmes présentes lors de notre événement le plus important de l’année, qui s’appelle Vision PDG. Nous avons donc décidé de mettre quelques tactiques en place pour que les femmes de l’industrie participent davantage: l’année dernière, elles étaient une quinzaine. Face à ce constat qu’il semblait plus difficile pour les femmes des TIC de faire du réseautage, nous avons aussi décidé d’organiser des rencontres peer-to-peer dédiées aux femmes PDG (l’AQT en organise pour les PDG hommes et femmes, ainsi que pour les VP marketing et les VP ventes, ndlr.). Elles sont nombreuses à y participer, certaines sont également présentes pour les rencontres mixtes. C’est un endroit où elles peuvent évoquer ensemble leurs challenges, et cela répond à une réelle demande de leur part.