Représentation de données: gare aux interprétations erronées!
Par François Nadeau
On dit souvent qu’on peut tout faire dire aux données, et il est vrai que la façon dont elles sont présentées peut influencer grandement la façon dont elles seront interprétées.
Voici donc cinq aspects auxquels il faut prendre garde lorsque des chiffres ou des graphiques nous sont présentés.
Attention aux mauvais graphiques
Illustrer des données à l’aide d’un graphique peut vraiment aider à la compréhension claire et rapide d’une situation. Toutefois, le choix du type de graphique ou de ses attributs peut avoir un effet considérable sur la façon dont seront interprétés les chiffres.
Dans cet exemple, on pourrait croire que le prix des maisons a plus que doublé entre 1998 et 1999. Pourtant, il n’en est rien. C’est uniquement le choix des valeurs de l’axe vertical qui produit cet effet.
Attention aux grands nombres
Présentés seuls, certains chiffres sont particulièrement impressionnants. Si on ne possède aucune base de comparaison, il est facile de croire que leur valeur représente une grande part par rapport à un tout.
Dans cet article, on mentionne qu’en 2016, les ventes au détail réalisées aux États-Unis via mobile devraient atteindre 123 milliards de dollars américains. Ce nombre, à lui seul, est fort impressionnant et pourrait servir à un excellent titre d’article.
Toutefois, comme il est aussi mentionné dans le texte, cela représente moins de 3% du total des ventes au détail aux États-Unis. Mis en perspective, on comprend que les milliards de dollars qui passent par le mobile ne représentent encore qu’une faible proportion de la valeur totale des transactions.
Attention à la moyenne
Parmi toutes les mesures statistiques, la moyenne en est une particulièrement utile.
Il faut toutefois prendre garde, lorsqu’on nous présente une moyenne, aux valeurs extrêmes pouvant la faire varier significativement. Prenons l’exemple d’une entreprise de huit employés dont le salaire annuel moyen se chiffre à 55 000$ mais dont le salaire du PDG est de 250 000$. En retirant le salaire du PDG du lot, on obtiendra alors une moyenne annuelle beaucoup plus basse – et un portrait bien différent de la situation!
Parallèlement à la moyenne, l’observation du mode et de la médiane est souvent bien utile pour avoir un portrait plus juste de la réalité.
Attention aux pourcentages
Il est bon d’être attentif lorsqu’on nous présente des données sous forme de pourcentages. Parfois, l’addition de ces pourcentages ne donne pas 100%, notamment si une question de sondage permettait des choix multiples. Dans ce dernier cas, la présentation d’une seule de ces données de façon isolée peut grandement fausser la réalité.
Il faut aussi se méfier des petits nombres exprimés en pourcentage. Si le nombre de retards de livraison de votre entreprise a augmenté de 100%, c’est une chose, mais si cela signifie que les retards sont passés de 2 à 4 en un an, il y a peut-être moins de raison de s’alarmer.
Attention à la sélection des données
Lorsque l’on nous présente des données, c’est souvent dans le but d’appuyer un point de vue. De ce fait, certaines données favorables sont alors sélectionnées, alors que d’autres sont volontairement ignorées.
Prenons par exemple ce graphique. Si on décidait de présenter les données uniquement à partir de janvier 2010, on pourrait alors mentionner que le pourcentage de gens sans emploi ne cesse de diminuer. Ce n’est pas faux. Toutefois, en regardant la donnée sur une plus longue période, on constate que le pourcentage de gens sans emploi n’a pas encore atteint le niveau de 2001 ou encore de 2007.