Réseaux sociaux : où en sommes-nous, un mois après le départ de Trump et compagnie?
Par François Nadeau
2 février 2021
Quelques semaines maintenant après la suspension de nombreux comptes liés aux théories du complot, ainsi que de plusieurs comptes de Donald Trump, quelles en sont les répercussions et à quoi peut-on s’attendre pour l’avenir?
Le 8 janvier dernier, Twitter annonçait la suspension du compte de Donald Trump, une initiative qu’allaient suivre plusieurs autres réseaux. Quelques jours plus tard, c’était au tour de milliers de comptes liés aux théories du complot de QAnon d’être supprimés.
Après avoir été extrêmement patient avec l’ancien président américain au cours des quatre dernière années, Twitter et d’autres réseaux majeurs ont décidé de passer aux choses sérieuses au lendemain des événements du Capitole.
Twitter et ses compétiteurs en ont aussi profité pour éliminer des milliers de comptes contribuant au climat de haine et de désinformation qui sévit sur leurs plateformes.
Une structure ébranlée
En agissant ainsi, c’est tout un écosystème qui se trouve complètement déstabilisé. En effet, le partage de la désinformation sur les réseaux sociaux est une machine bien huilée.
Cette désinformation émane bien souvent de méga influenceurs, dont Trump était le plus populaire, et de d’autres comptes bénéficiant de millions d’adeptes, pour ensuite se répandre comme une trainée de poudre en moins de 24 heures.
C’est cette structure, privée de ses principaux piliers, qui a été ébranlée en janvier dernier.
Au lendemain de toute ces suppressions de comptes, les internautes bannis ont cherché refuge sur différentes autres plateformes, que ce soit le réseau russe VK, Gab, Telegram ou encore Parler, qui s’est d’abord vue submergé par un flot de nouveaux utilisateurs avant d’être abandonné par Amazon Web Services et forcé d’interrompre ses activités.
Des effets bien visibles
Ces actions de deplatforming qui ont eu lieu il y a un mois engendrent des conséquences bien visibles à court terme. Selon la firme Zignal Labs, la désinformation aurait diminué de façon significative sur Twitter depuis le 8 janvier.
On peut aussi remarquer une certaine accalmie sur les réseaux, notamment dans le twittosphère québécoise, privée elle-aussi de plusieurs de ses principaux influenceurs spécialisés en désinformation et théories du complot.
Sans ces derniers, la désinformation se répand moins vite, moins efficacement et par conséquent avec une visibilité moindre.
La suite…
Un mois plus tard, les réseaux sociaux continuent à lutter contre la désinformation.
Twitter a récemment lancer Birdwatch, un projet pilote qui donnera aux usagers la possibilité d’identifier les contenus qu’ils jugent trompeurs, de rédiger et de soumettre à la communauté un ensemble d’avis à ce sujet.
Cette approche pourrait plaire à ceux qui estiment qu’il revient aux utilisateurs d’une plateforme d’en fixer les règles, et non aux propriétaires de celle-ci.
Quant aux internautes bannis des grands réseaux, ils n’ont pas encore réussi à se réorganiser pleinement. Peu importe le site qui deviendrait leur lieu de rassemblement, il y a peu de chances que celui-ci ait la visibilité de Facebook, le réseau comptant le plus d’usagers actifs, ou encore Twitter, où gravitent politiciens, journalistes, artistes et autres personnalités publiques.
Il y a bien peu de chances également que les annonceurs soient au rendez-vous.
Un problème qui n’est pas réglé
Malgré la purge ayant eu lieu en janvier, tous s’entendent pour dire que le problème de fond n’est pas réglé.
Les discours violents et mensongers existaient bien avant l’arrivée de QAnon ou de Trump à la présidence et sont liées à de causes plus profondes.
Dans les prochains mois, il sera intéressant de surveiller la suite des choses. Il faudra voir quelles plateformes prendront le dessus sur les autres, quelles seront leur réelle portée et à quel point le discours sur celles-ci pourrait se radicaliser.
À ce sujet, cette purge des grands réseaux et l’exode qui a suivi vers des espaces plus sombres du Web pourraient bien être l’occasion pour certains de radicaliser des internautes à la base plus modérés.
Crédits photo de une : John Cameron / Unsplash
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