Se tourner vers l’immigration, solution au problème de main-d’oeuvre?
Le taux de chômage s’avère historiquement bas. On atteint pratiquement le plein emploi. Voilà qui restreint le nombre de candidats susceptibles de combler les postes ouverts. De surcroît, le vieillissement de la population entraîne une réduction imminente du bassin de travailleurs actifs. Allons-nous tout droit vers une crise du recrutement?
30 janvier 2018
Beaucoup d’entreprises vont à l’international en mission de recrutement», confiait Mme Delphine Folliet – directrice générale d’Immigrant Québec en entrevue à Isarta Infos.
L’immigration constituerait-elle un remède miracle à la pénurie de main-d’oeuvre qui menace le Québec?
L’état de la situation
La Presse évoquait encore le 25 janvier dernier les problèmes considérables engendrés par le manque de ressources dans certains secteurs.
Nathaëlle Morissette traitait d’institutions qui ferment partiellement, faute de salariés, dans son article Hôtels cherchent employés. Les choses n’iront malheureusement pas en s’améliorant.
D’ici 2035, le Conference Board du Canada prévoit que 10,9 % des postes en hébergement au Québec ne seront pas pourvus», soulignait-elle.
Plus d’un demi-million d’emplois sont à pourvoir d’ici 2019 au Québec, un manque de main-d’œuvre alarmant qui force plusieurs villes et entreprises à rivaliser d’imagination pour attirer chez elles du personnel d’ici et même de l’étranger», lisait-on dans le Journal de Montréal le 18 novembre dernier.Â
Faire appel aux quatre coins de la planète
Le recrutement international représente-t-il LA solution à la pérennité du monde du travail québécois?
La directrice générale d’Immigrant Québec nous a donné son point de vue:
Je ne sais pas si l’immigration est LA meilleure solution, mais je sais que c’est UNE solution aux enjeux de relève du Québec. On voit ça comme un gagnant-gagnant: les gens sont attirés par le Québec, et les compagnies ont un taux de travailleurs plus élevé. Les immigrants sont gagnants, car ils réalisent un projet de vie. Le Québec, lui répond à une problématique.»
En l’occurrence, les intéressés ne seraient pas difficiles à recruter. Partout, tous les yeux sont tournés vers notre pays et il fait office d’eldorado, selon elle.
De ce fait, le Québec accueille en ce moment plus de 100 000 nouveaux arrivants par année:
- 50 000 ayant une résidence permanente
- 38Â 000 avec un statut de travailleur temporaire
- 18 000 étudiants internationaux
Mme Folliet ajoute:
La communauté internationale est encore davantage attirée par le Canada, plus particulièrement le Québec, car on ne cesse de parler de pénurie de main-d’oeuvre.»
Attention au message
Si le fait de faire appel à l’entièreté de la planète paie, il faut toutefois éviter de dépeindre une fausse réalité.
Pour Delphine Folliet, le discours sur le manque de travailleurs se veut trop régulièrement généralisé:
Chez Immigrant Québec, nous n’aimons pas relayer l’information qui parle de pénurie. Il faut regarder chaque situation dans un contexte plus précis. Je dis toujours aux gens: allez vérifier dans votre secteur d’emploi! regardez si vous faites partie d’un ordre professionnel. On parle souvent de rareté de la main-d’oeuvre comme d’un tout, mais ce sont de certains secteurs dont il s’agit, et il faut regarder où et à quel endroit: c’est là où le bât blesse.»
D’après ses propos, plusieurs personnes qualifiées de l’étranger entendent «recrutement» et se précipitent sans vérifier le secteur d’activité. Cela entraîne donc des inéquations entre les objectifs des nouveaux arrivants et les besoins de leur pays d’accueil.
Des dénouements heureux
Toutefois, lorsque les deux parties prennent la peine de se renseigner et de voir si leurs attentes se montrent compatibles, cela engendre souvent du positif.
Chaque année, le Salon de l’immigration et de l’intégration au Québec donne lieu à de belles histoires de matchs», soulignait la directrice générale d’Immigrant Québec, qui organise l’exposition.
En 2018, l’événement de réseautage qui en est à sa 7e édition se déroulera du 30 au 31 mai au Palais des congrès de Montréal. Une quinzaine de régions y participeront et leurs représentants feront valoir les avantages de leur territoire pour séduire la main-d’oeuvre. Chaque année, près de 10 000 visiteurs originaires de 100 pays viennent au Salon. Peut-être y rencontrerez-vous un futur membre de votre organisation.
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AINAF
Comme le dit Delphine Folliet, l’immigration pourrait être une solution aux problèmes d’emploi.
Malheureusement, la gestion de la main d’oeuvre immigrante est loin d’être optimisée et beaucoup de « nouveaux arrivants » ne savent pas où et comment chercher un emploi … pourtant disponible et à portée de main.
Il reste du travail avant que les entreprises et les nouveaux arrivants puissent se trouver et se parler afin d’arriver à la solution gagnant-gagnant dont parle Delphine …