Tendance média: le Web fait éclater les sources d’information
Par Christian Bolduc
Depuis 2006, dit un rapport publié le 3 avril dernier par Pew Research Center, les revenus ont baissé globalement de plus de 30% dans les médias d’information aux États-Unis. De 95$ milliards, ils sont passés à 64$ milliards en sept années seulement.
Plusieurs raisons expliquent cet effondrement des revenus dans les médias écrits, audiovisuels et, dans une moindre mesure, les plateformes médiatiques Web. La plus importante demeure la baisse des revenus publicitaires qui, et c’est un truisme que de l’écrire, suivent les lectorats là où ils se trouvent.
Chute des revenus publicitaires
En passant de 82% à 69% des revenus totaux, les recettes provenant de la publicité ont forcé les propriétaires de médias à se tourner davantage vers son loyal lectorat pour combler ce manque à gagner.
C’est surtout vrai pour la presse papier qui a eu à subir des baisses de revenus de l’ordre de 55% durant cette même période, précise l’étude. Mais peu d’observateurs médiatiques croient que les abonnements puissent compenser totalement pour ce manque à gagner.
Ces pertes financières récurrentes ont évidemment eu des répercussions sur les emplois dans les salles de rédaction traditionnelles. Entre 2006 et 2012, 17 000 journalistes ont été congédiés, dit un des auteurs du rapport, Jesse Holcomb.
Transfert vers le Web?
Une des conséquences directes de ces coupures dans les postes de journalistes est la prolifération de médias indépendants et microscopiques sur le Web. C’est ce que vient dire une seconde étude publiée le 10 avril par ce même Pew Research Center.
Si on fait exception de BuzzFeed, Huffington Post, Ezra Klein’s new Vox.com et quelques autres, l’enquête du Pew note que le paysage médiatique se façonne dorénavant davantage en mode virtuel.
Après avoir répertorié et analysé 438 sites Web dont l’existence ne dépasse pas plus de 4 à 6 ans, le Pew constate que 2000 emplois liés au traitement du contenu éditorial ont été créés sur les nouvelles plateformes, que la nouvelle locale est prédominante, qu’une majorité de ces petits médias (329) emploie trois personnes à temps plein ou moins et que le modèle d’affaires privilégié est l’organisme à but non-lucratif.
Au Québec, avec les plus récentes coupures annoncées par le gouvernement fédéral à CBC/Radio-Canada, le phénomène pourrait aussi prendre le même virage de masse. En effet, le service français de Radio-Canada devra couper 312 postes – sur les 657 employés remerciés – dans les deux prochaines années, dont 47 pour le seul service de l’information.
Des coupures totalisant 132$ millions, rapportait le site de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, qui s’ajoutent aux coupures déjà annoncées antérieurement.