La tentation du CV trafiqué
De plus en plus de chercheurs d’emploi cèdent à la tentation de trafiquer leur CV pour mieux paraître aux yeux des recruteurs, nous apprend un sondage de la firme OfficeTeam. Explications.
28 août 2017
Le phénomène n’est pas nouveau. Toutefois, on constate qu’il a fait un bond prodigieux dans les 6 dernières années. En 2011, OfficeTeam avait demandé à des travailleurs s’ils connaissaient quelqu’un qui avait déjà menti sur son CV; 21 % avaient répondu que oui. La firme de recrutement a refait le même sondage en 2017, pour découvrir que désormais 46 % des travailleurs connaissaient une personne qui avait menti sur son CV… Une augmentation de 25 %!
Le journaliste Jacob Passy du Market Watch a tenté de comprendre le phénomène. Un recruteur lui a répondu que les travailleurs faisaient cela en «désespoir de cause». Un autre a expliqué le phénomène par la volonté de mieux ressortir dans les moteurs de recherche:
Si une personne a un titre d’emploi compliqué, elle peut être tentée d’utiliser des termes plus simples dans le but d’optimiser la recherche de mots clés. Mais, si elle fait cela, elle doit être transparente et en discuter à l’entrevue», a dit Dana Leavy-Detrick, fondateur du Brooklyn Resume Studio.
Quant à la nature des exagérations qui parsèment le CV, elles se répartissent comme suit:
- 76 % auraient menti sur leur expérience de travail;
- 55 % sur leurs tâches réelles;
- 33 % sur leur formation;
- 26 % sur leurs dates d’embauche.
En manipulant ainsi leur CV, les chercheurs d’emploi jouent avec le feu, prévient Brandi Britton, responsable régionale chez OfficeTeam:
Ça peut être tentant d’étirer la vérité sur son CV pour se démarquer, mais même les plus petits détails qui faussent la représentation d’un candidat peuvent le disqualifier pour un poste.»
Le sondage révèle d’ailleurs que les recruteurs sont d’ores et déjà sur leurs gardes: en moyenne, ils croient se trouver en présence de fausses informations ou d’omissions 53 % du temps. Et confrontés à un CV inexact, ils n’hésitent pas à agir: 38 % des recruteurs avouent avoir déjà écarté un candidat du processus de sélection pour cause de CV trafiqué.
Peu de raison de mentir
Certes, les chercheurs d’emploi ont le devoir moral et éthique de fournir un CV conforme à la réalité. Il en va de leur réputation, après tout. Mais il y a plus.
En mentant sur leur CV, les chercheurs d’emploi les plus talentueux ne font que se tirer dans le pied. Nous en parlions récemment: une étude a démontré qu’un candidat de grande qualité faisant preuve de transparence sur ses failles et ses défauts en entrevue a 5 fois plus de chances d’être embauché qu’une personne tout aussi compétente, mais qui embellit son portrait et s’avère incapable d’autocritique.
Vive la transparence!