2024, une nouvelle ère pour la fonction RH ?
Par Kévin Deniau
Changement de tendance. Après avoir été confrontés à la pénurie de main d’oeuvre et au télétravail massif, les professionnels des ressources humaines ont dû s’adapter cette année au ralentissement économique et à une plus forte présence au bureau. Le tout, avec l’essor toujours aussi rapide de l’IA. Voyons 4 faits marquants qui ont ponctué 2024 pour les RH.
1. Un contexte renversant
Après des années à disserter en long en large et en travers sur la pénurie de main d’oeuvre, 2024 a indéniablement marqué un tournant. Le ralentissement économique et la hausse, relative, du taux de chômage ont rebattu les cartes sur le marché du recrutement. Sauf pour certains secteurs ou domaines de compétences, les candidats ne tiennent plus forcément le gros bout du bâton.
Pas de quoi pour autant remballer le tapis rouge quand on est employeur, comme nous l’expliquait le chasseur de têtes Xavier Thorens en septembre dernier.
Aujourd’hui, pendant que le marché n’est pas sous pression, c’est le moment de réfléchir à ses politiques de télétravail, de diversité et d’inclusion etc. Il faut se préparer à la relance dès maintenant. »
Lors de TruMontréal, la non-conférence sur le recrutement, qui s’est déroulé en novembre dernier, les professionnels de l’industrie ont en effet rappelé le besoin constant de se démarquer et de rivaliser d’ingéniosité pour attirer les meilleurs talents. Notamment en prêtant plus attention aux candidatures spontanées ou en ne négligeant pas des plateformes comme Glassdoor.
2- La mode des employés ambassadeurs
« Demain, tous influenceurs Linkedin pour son employeur » ? C’est la question que l’on posait en juin dernier à la suite de l’intervention de Jean-Luc Sanscartier dans le Social Show sur la notion d’employé ambassadeur.
La réponse est évidemment non. Tout le monde ne va pas franchir le pas et faire la promotion de son entreprise sur ses réseaux personnels. Malgré tout, cette tendance naissante a de quoi intéresser les employeurs et notamment leur département RH.
En reconnaissant le potentiel des employés en tant que micro-influenceurs au service de la marque employeur, les entreprises peuvent diffuser des contenus de plus en plus authentiques et alignés avec les attentes des candidats », affirmait ainsi la solution de signature courriels de collaborateurs Letsignit dans un article.
Ce « contenu généré par les employés » (en miroir aux contenus générés par les utilisateurs) nécessite toutefois une formation et un accompagnement, comme nous l’expliquait récemment Renaud Margairaz, stratège en marque personnelle et fondateur d’Eminence branding. Et requiert de rendre cette expérience ludique ! Une tâche assurément à ajouter à sa stratégie RH pour 2025…
3- L’intégration de l’IA dans la sphère professionnelle
Comme l’année dernière, l’IA a fait partie des expressions les plus répétées en 2024 dans le monde des RH, comme l’illustre les nombreuses conférences sur le sujet lors du Congrès RH. Avec, cette année, des cas plus tangibles et concrets (comme pour l’analyse ou la rédaction de CV par exemple)… et une véritable prime pour les salariés ayant des compétences dans le domaine selon une étude du cabinet PWC.
Selon l’Ordre des CRHA, une majorité d’entreprises du Québec (57 %) a déjà implanté ou compte implanter prochainement des technologies liées à l’IA dans leur organisation contre… 36 % en avril 2022.
« L’IA ne va pas remplacer les recruteurs, elle va les augmenter », rassure toutefois Jean-Baptiste Audrerie, co-fondateur du cabinet NEXA RH et spécialiste des technologies RH, notamment pour celles et ceux qui montrent de la réticence ou de la crainte face à cette nouvelle technologie. En rappelant toutefois que accord de l’entreprise ou pas… les salariés n’ont pas attendu pour s’approprier ces outils !
4- Télétravail : le retour du balancier ?
Avec la pandémie, le télétravail s’est imposé à une vitesse phénoménale. Quelques années plus tard, et, comme nous l’avons rappelé, dans un rapport de force moins favorable aux salariés, les employeurs semblent vouloir rééquilibrer les choses en demandant à leurs équipes de revenir plus fréquemment au bureau.
Mais les habitudes ont la vie dure et le bras de fer peut parfois mener à des situations radicales. Comme l’illustrent la grève chez Ubisoft ou la colère des employés de Amazon qui doivent revenir 5 cinq jours par semaine au bureau à partir de janvier.
Une voie de passage peut semble-t-il être trouvée malgré tout en repensant la raison d’être du bureau à l’aune de la notion de « productivité collective », évoquée dans cet article sur le nouveau siège de Cossette. De quoi donner matière à réflexion pour 2025 !
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