Que pensent les professionnels des RH de l’émergence de l’intelligence artificielle dans les organisations ?
Par Kévin Deniau
5 septembre 2024
Données fournies par l’Ordre des CRHA
L’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés vient de publier une étude très instructive sur l’utilisation de l’intelligence artificielle au sein de la fonction RH. En voici les 3 faits saillants.
Cet article fait partie du dossier > Recrutement : les nouvelles tendances |
1. L’adoption de l’IA est en marche
Une majorité d’entreprises du Québec (57 %) a déjà implanté ou compte implanter prochainement des technologies liées à l’IA dans leur organisation. Ce chiffre n’était que de 36 % en avril 2022, preuve que le changement de mentalité se produit de manière assez rapide.
Une organisation sur cinq (19 %) ne manifeste aucune intention à cet égard, une proportion qui a fondu de moitié comparativement à 2022. Parmi les raisons évoquées, notons surtout :
- le manque de ressources (48 %)
- les connaissances insuffisantes de l’IA et de ses avantages (47 %)
- ou encore le manque de temps (38 %)
Sachant l’incidence positive de l’IA sur la productivité et la compétitivité des entreprises lorsqu’elle est adéquatement implantée et les gens bien soutenus, l’accélération de son déploiement représente une bonne nouvelle. D’un autre côté, parmi les organisations n’ayant pas l’intention d’avoir recours à l’IA, plus du tiers n’ont même jamais eu de discussions à ce sujet. Il faut travailler à combler le manque de connaissances des organisations sur l’accessibilité et les avantages de ces technologies », commente Manon Poirier, CRHA, directrice générale de l’Ordre.
2. Une incidence assez importante sur les tâches peu importe le rôle hiérarchique
Même si très peu d’organisations (à peine 8 %) disent avoir entamé une évaluation des répercussions de l’IA sur leur équipe, elles estiment majoritairement que l’IA aura une incidence assez, voire importante sur les tâches réalisées (63 %).
Selon ce sondage, ce serait les professionnelles et professionnels (76 %), les gestionnaires (61 %), la haute direction (41 %), le personnel administratif (48 %) ainsi que les techniciennes et techniciens (42 %) qui utilisent principalement les technologies d’IA implantées par les entreprises.
Les entreprises auraient avantage à impliquer davantage le personnel de production. Laisser de côté cette catégorie de travailleuses et travailleurs dans l’implantation des technologies IA et dans la formation qui l’accompagne pourrait créer un écart de compétences qui n’est pas souhaitable quand on présume de l’effet que l’IA aura sur les tâches de nombreuses catégories de travailleuses et travailleurs au cours des prochaines années », commente Manon Poirier.
Parmi les avantages offerts par ces technologies, les répondants évoquent en majorité l’optimisation des processus et de la productivité ainsi que l’élimination de tâches répétitives.
Toutefois, ces bénéfices ne se répercuteront pas forcément sur le nombre d’emplois dans les organisations à en croire une majorité de répondants.
3. Des préoccupations éthiques et des angles morts encore présents
Parmi les enjeux posés par ces technologies liées à l’IA, citons d’une part la zone d’ombre constitué par l’angle mort de l’usage chez les employés. Très peu d’organisations (9 %) disent en effet avoir mesuré le degré d’utilisation individuelle par leur main-d’œuvre d’outils d’IA libres d’accès qui ne sont pas officiellement implantés par l’organisation (ex : ChatGPT).
De plus, seulement une organisation sur trois (32 %) a mis en place ou compte mettre en place des mesures d’encadrement de l’utilisation de l’IA en contexte de travail.
Alors que l’IA générative grand public a connu une croissance fulgurante depuis deux ans, nous suggérons aux employeurs d’évaluer si leur personnel utilise ces outils ou d’autres technologies d’IA et, dans un deuxième temps, de rappeler les bonnes pratiques notamment pour éviter que des données personnelles ou des renseignements corporatifs confidentiels soient compromis », précise Manon Poirier.
Enfin, la moitié des CRHA | CRIA (50 %) juge préoccupante, voire très préoccupante l’utilisation de l’IA en ressources humaines sur le plan des enjeux éthiques. Notamment pour des question de discriminations (via les biais des algorithmes) ou de confidentialité des données personnelles.
Notons à ce sujet le Guide réflexif sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la pratique RH, publié par l’Ordre l’an dernier. De quoi aider à se repérer dans ces nouveaux usages.
Méthodologie :
Réalisée auprès des CRHA et des CRIA par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, la collecte de données en ligne s’est déroulée du 6 au 14 août 2024 inclusivement. Au total, 340 membres de la profession œuvrant en entreprise y ont répondu. Notons que, puisqu’il s’agit d’un sondage Internet, le calcul d’une marge d’erreur ne s’applique pas.
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