La blogosphère québécoise s’enflamme pour Bluesky
9 décembre 2024
Lorsque l’on écarte les « effets de toges » liés à l’émergence de tout nouveau média social, on constate que beaucoup de professionnels du Web expriment un enthousiasme authentique pour Bluesky. Et ce, malgré les appels à la prudence pointant vers le cimetière des médias sociaux qui sont tombés dans l’oubli aussi vite qu’ils ont émergé (Vero, Mastodon, Clubhouse…). Voyons comment ils perçoivent le bébé de Jack Dorsey (qui, précisons, a quitté l’aventure en mai dernier), lancé en 2021, qui a connu un regain d’intérêt après l’élection de Trump. Â
« Cette fois, c’est différent »… La phrase a été prononcée par plusieurs adeptes des plateformes numériques. À commencer par le journaliste numérique Maxime Johnson, qui affirme que Bluesky « n’est pas une vague comme les autres ».
L’écœurantite est beaucoup plus grande par rapport à X qu’elle ne l’était l’année dernière, ce qui change un peu la donne, analyse-t-il dans son infolettre. Plusieurs blâmeront les élections américaines, mais c’est une erreur. Il suffit d’ouvrir par accident l’onglet For You (Pour Vous) pour tomber sans consentement dans les bas-fonds du web et se rendre compte de l’état lamentable de la plateforme. L’euphorie des premiers jours sur Bluesky (qui va s’estomper), met évidemment encore plus en évidence la toxicité actuelle de X. »
Pionnière de Bluesky, la journaliste voyage Marie-Julie Gagnon s’est inscrite alors que la plateforme n’était accessible que sur invitation. Elle a donc été aux premières loges de l’explosion récente de la plateforme.
L’arrivée massive de médias, journalistes et utilisateurs québécois allumés depuis une dizaine de jours me rappelle beaucoup l’envol de Twitter, quand on est passés des bruits de criquets aux gazouillis, vers 2008.»
Le Devoir et La Presse, avec chacun 15k abonnés, montrent que le public répond présent jusqu’à maintenant.
Dans l’ensemble, les adeptes de Bluesky expriment un mélange de reéconnaissance pour les fonctionnalités de modération de contenu.
J’apprécie de voir le contenu que JE choisis de voir, insiste Marie-Julie Gagnon. Au-delà du fait que l’atmosphère est devenue très désagréable sur X, Elon Musk nous force à voir ses propres publications! D’ailleurs, je n’ai pas accroché sur Threads, produit de Meta. Je déteste voir passer constamment des conversations qui ne m’intéressent simplement pas parce que quelqu’un que je suis y a pris part. J’ai aussi détesté Mastodon, tellement peu instinctif. Bref, pour l’instant, je suis dans une sorte de lune de miel avec BlueSky.»
Même son de cloche de la part de Christiane Campagna, qui a joint la plateforme plus récemment.
Je n’avais pas vu un tel enthousiasme depuis longtemps, a-t-elle commenté sous une publication des Pros du Web («Que pensez-vous de BlueSky ?»). C’est un peu comme retrouver le Twitter de 2010. Dans le fond, Threads n’arrivait pas à être une vraie alternative parce que Meta, c’est un algorithme imposé par Mark [Zuckergberg] et un contenu lié à l’actualité limitée. »
Christiane Campagna a créé un compte pour un organisme dont elle est responsable des communications, afin de profiter du momentum. Elle voit la plateforme plus proche d’un LinkedIn que d’un Facebook. En plaçant bien ses pions, elle est parvenue à intégrer l’organisme qu’elle représente dans le « kit de démarrage » de certaines personnalités publiques qui ont joint la plateforme.
Sous la même publication des Pros du Web, Michaël Fortin a rappelé les bases solides sur lesquels repose le site de microblogage aujourd’hui dirigé par la CEO Jay Graber.
C’est un réseau mature qui prend acte des erreurs des autres. Utilisés par des utilisateurs qui ont maintenant une très bonne connaissance des réseaux sociaux et qui savent quoi aller chercher et comment se construire un réseau. Contrairement à X ou Facebook à l’époque où nous étions tous des novices. Ce qui est intéressant, c’est le retour en force de la Netiquette qui donne le ton sur Bluesky avec des outils de modération puissants qui font barrage aux trolls pour l’instant. »
Au-delà de l’adoption du médium, qui demeure évidemment le critère de survie d’un média social, deux questions se posent : est-ce le fait de choisir son contenu débouchera sur un nouvel effet de « chambre d’échos » ? Ensuite, est-ce que la nature « corporative » de l’entreprise viendra éventuellement mettre de la pression sur la rentabilité de Bluesky ? L’avenir nous le dira.
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