L’économie du contenu au XXIe siècle: entre imposture et authenticité Reviewed by Olivier Lefebvre on . 2 décembre 2014 - Francis Gosselin, associé cofondateur de f. & co et fondateur du blogue cllbr, était de passage à l'Université du Québec à distance (TELUQ 2 décembre 2014 - Francis Gosselin, associé cofondateur de f. & co et fondateur du blogue cllbr, était de passage à l'Université du Québec à distance (TELUQ Rating: 0

L’économie du contenu au XXIe siècle: entre imposture et authenticité

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Francis Gosselin - L'économie du contenu2 décembre 2014 – Francis Gosselin, associé cofondateur de f. & co et fondateur du blogue cllbr, était de passage à l’Université du Québec à distance (TELUQ) mercredi dernier pour livrer un plaidoyer passionné sur L’économie du contenu au XXIe siècle. Présentée dans le cadre des soirées Les Grands Communicateursla conférence de cet économiste hors norme avait pour mandat de nous faire réfléchir à la qualité du contenu médiatique à l’ère du numérique.

La démocratisation du web a eu pour effet de déplacer la courbe d’offre, explique Francis Gosselin. Aujourd’hui, la majorité des contenus médiatiques est accessible gratuitement. «Si les gens refusent de payer pour accéder à du contenu, ils ne paieront pas», ajoute-t-il. Alors que le profit règne en maitre chez les géants médiatiques, c’est le contenu qui écope. «On perd, par exemple, l’essence du journalisme d’investigation puisqu’il coûte cher à produire», explicite-t-il.

Alors que les revenus se font plus rares, des médias traditionnels se tournent vers le marketing indigène. Il s’agit de commanditer du contenu en l’intégrant dans un texte journalistique. Un publi-reportage, mais sans la mention explicite qui doit normalement l’accompagner.

Une solution loin d’être envisageable pour Francis Gosselin, qui l’associe plutôt à de la propagande lorsqu’elle n’est pas entièrement assumée. «Faut-il vendre son âme pour sauver les médias? Je ne crois pas», ajoute-t-il. S’il y a tentative de camouflage de la publicité indigène par un média, c’est la crédibilité de l’ensemble des médias qui sera atteinte, selon lui.

L’innovation devenue incontrôlable

«L’innovation va tellement vite qu’elle finit par nous perdre», explique Francis Gosselin. Pour illustrer son propos, il prend Windows en exemple. Après avoir lancé le système d’exploitation Windows XP, la compagnie a continué d’innover, et ce, malgré le fait qu’elle avait quelque chose de fiable sous la main. Au même moment, Apple lui a chipé une importante part de marché grâce à la beauté de ses objets et des fonctionnalités plus sexy

Pour transférant cette logique aux médias, Francis Gosselin croit qu’on s’enfonce. L’économiste considère que l’application pour tablettes La Presse+ est une grave erreur.

Tenter de trouver un palliatif numérique au papier est une faute», lance-t-il en expliquant que cette plateforme Web qu’est La Presse+ s’adresse principalement aux baby-boomers. «Cette application nous enferme dans une boite alors qu’aujourd’hui, il faut être partout si on veut être lu», renchérit-il.

Ce n’est pas le format qui doit être adapté, selon lui, mais le contenu.

Les longs textes que l’on peut trouver dans La Presse+, c’est bon pour le dimanche matin, dit-il, mais en attendant l’autobus, c’est un contenu plus court auquel le lecteur veut avoir accès.»

Faire payer? Quelle absurdité!

Idéalement, d’autres sources de financement doivent être envisagées (créées) afin de maintenir séparée la ligne entre le journalisme et les intérêts corporatifs, réitère Francis Gosselin. «Il ne faut pas arrêter de faire ce pour quoi on existe simplement parce qu’on a de l’argent». Il cite en exemple le quotidien britannique The Guardian, qui finance son contenu de qualité avec d’autres médias à saveur people. Pratique qu’il compare à la sienne. 

Par ailleurs, la naissance de plusieurs OBNL à vocation d’information ont vu le jour ces dernières années aux États-Unis.

Si vous êtes en désaccord avec les médias d’aujourd’hui, les alternatives sont là», martèle-t-il. Il termine sa prestation en disant que la nouvelle économie des contenus  permettra l’émergence de nouveaux médias, lesquels prendront éventuellement la place des joueurs étiquetés traditionnels. «Il ne faut pas avoir peur de se péter la gueule, dit-il. C’est la capacité de raconter des histoires, et la qualité du contenu qui sauvera le journalisme.»

* Crédit photos: Tayaout Nicolas, photographe professionnel et photographe officiel de La Toile des communicateurs.

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