Économie de seconde main: les 4 raisons de la domination de Montréal
Cette semaine, nous tentons de démystifier pourquoi Montréal trône au sommet de l’économie de seconde main parmi les grandes villes canadiennes, alors que la province de Québec est dans le fond du baril.
27 février 2018
Le 20 février dernier, le site d’échange Kijiji publiait la 4e édition de son rapport sur l’Indice de l’économie de seconde main, et certaines données avaient de quoi surprendre.
On y apprend que le Québec, en tant que province, est bon dernier au chapitre de la participation (seulement 79 % des Québécois ont acquis, acheté ou donné un item en 2017 alors que, dans les provinces de l’Ouest, on frise le 100 %) et avant-dernier au chapitre de l’intensité (avec une médiane de seulement 12 échanges par personne).
Or, pendant ce temps, Montréal trône au sommet du palmarès des grandes villes canadiennes avec une médiane de 30 (c’est-à-dire que la moitié de la population échange 30 items ou plus) devant Vancouver (22), Toronto (17) et toutes les autres grandes villes canadiennes.
Le journaliste de La Presse Karim Benessaieh, qui rapportait ici la nouvelle, en était mystifié:
Cette spécificité montréalaise est un mystère. Est-ce lié à l’immigration? À des réseaux plus actifs? À des comportements plus répandus dans la métropole qu’ailleurs? Les paris sont ouverts.»
Allons-y de 4 hypothèses.
1. Parce qu’on est «cool»
Montréal est une ville créative, qui foisonne d’artistes, d’hipsters et de Yuccies (Young Urban Creative) à tous les coins de rue. Pour preuve, la ville compte le quartier le plus créatif au Canada, avec un taux de concentration d’artistes hallucinant sur le Plateau Mont-Royal.
Or, il n’y a rien de plus «cool» que de redonner une seconde vie à des objets vintages: meubles, vêtements, vélos, vinyles, etc. Les hipsters en redemandent, accrocs à l’économie de seconde main. Comme dans le célèbre vidéo Thrift Shop de Macklemore:
2. Parce qu’on est pauvre
D’accord, cette raison est moins glorieuse. Mais, si Montréal compte les quartiers les plus créatifs au Canada, elle a aussi les plus pauvres, malheureusement. C’est ce que nous rappelait en 2013 un rapport de Vision Mondiale, stipulant qu’un Montréalais sur 10 vivait de l’aide sociale.
Or, la première motivation de se tourner vers l’économie de seconde main (selon le rapport de Kijiji) est justement de faire des économies et d’en avoir plus pour son argent. L’étude souligne que le gain moyen est de 436 $ par personne au Québec.
C’est donc tout naturel que les Montréalais carburent au «seconde main».
3. Parce qu’on a le volume pour créer des marchés de niche
Avec ses 1 704 694 habitants, Montréal est la deuxième ville la plus populeuse au Canada (derrière Toronto qui compte 2 731 845 habitants). En additionnant le Grand Montréal, on grimpe à plus de 4 M d’habitants.
Ce qui veut dire que la ville a un volume suffisant d’items de seconde main pour créer des marchés de niche où s’échangent des produits spécialisés recherchés par les fins connaisseurs.
Prenons un exemple simple, celui du vélo. Un cycliste adepte du vélo de route peut trouver sur Kijiji des vélos haut de gamme en carbone, de toutes les tailles, ainsi que toutes les pièces spécialisées de rechange (cassette, manettes, dérailleur Tiagra, etc.).
4. Parce qu’on est sécuritaire (pour une grande ville)
Quand on désire utiliser une plateforme comme Kijiji ou LesPAC, on doit pouvoir le faire dans un cadre sécuritaire, car une grande partie des échanges se font en personne, de main à main.
C’est doublement important, lorsqu’on sait que les femmes y sont plus actives que les hommes, avec une moyenne de 84,5 items échangés contre 74,2 pour les hommes.
Eh bien, il s’avère que Montréal est la troisième ville la plus sécuritaire parmi les 15 plus grandes villes canadiennes, selon une étude de Mainstreet.
En conclusion
À bien y penser, c’est probablement une combinaison de plusieurs facteurs (dont les 4 mentionnés) qui font de Montréal le Royaume du seconde main. Les «paris» demeurent ouverts, donc. Bonne chasse!