Le mythe de la «raison d’être»
3 avril 2018
Les gurus du coaching font une obsession du «why» ou de la «raison d’être» professionnelle; ce serait, à les entendre, le carburant ultime qui nous pousse vers l’excellence. Mais est-ce la seule façon d’avancer?
L’apôtre le plus connu du «why» est probablement le populaire conférencier et motivateur Simon Sinek, dont la conférence TED «Great leaders inspire action» a été visionnée plus de 37 millions de fois. Pour lui, les grands leaders et les grandes organisations trouvent leur «raison d’être» avant d’entreprendre quoi que ce soit. C’est ainsi qu’ils peuvent inspirer les gens à progresser vers le «what» et le «how».
Le but n’est pas d’embaucher des gens qui ont besoin d’un emploi, mais d’embaucher des gens qui croient la même chose que vous. […] Si vous embauchez des gens qui croient ce que vous croyez, ils vont travailler pour vous en y mettant la sueur, le sang et les larmes.»
C’est beaucoup demander d’un employé…
Le coach de carrière Tony Robbins est dans cette veine:
Quelle est la différence entre une personne qui passe à l’action et une personne qui ne le fait pas? Un mot: la conviction. Quand tu es absolument convaincu que si tu fais ceci ou cela tu vas obtenir un résultat précis… et que ce résultat va absolument changer ta vie, tu vas le faire», explique-t-il dans ce vidéo motivationnel.
Trouver sa raison d’être en cours de route
L’auteur et homme d’affaires John Coleman apporte une autre vision de la raison d’être, dans un article du HBR – France. Il suggère qu’elle ne se trouve pas, mais elle se construit au fil des expériences.
Tout travail, ou presque, peut être porteur de sens. Les chauffeurs de bus scolaires portent une énorme responsabilité – prendre soin et assurer la sécurité de dizaines d’écoliers – et leur intervention est essentielle pour que nos enfants reçoivent l’éducation dont ils ont besoin et qu’ils méritent», donne-t-il en exemple.
On n’a donc pas à attendre de voir la lumière avant de se mettre en action, tenter des choses et faire progresser sa carrière professionnelle.
John Coleman souligne l’aspect multidimensionnel de la raison d’être:
La plupart d’entre nous puisons du sens à de multiples sources. Pour ma part, je trouve ma raison d’être dans mes enfants, dans mon couple, dans ma foi, dans mes écrits, dans mon travail et dans ma communauté. Rares sont les personnes à trouver le sens de leur vie dans une seule chose.»
Nous ne recherchons pas une raison d’être, poursuit-il, nous recherchons DES raisons d’être – ces multiples sources de sens qui nous aident à apprécier la valeur de notre travail et de notre vie.»
John Coleman rappelle finalement que la ou les raisons d’être qui nous motivent peuvent changer en cours de route, sans que cela ne constitue un drame. Cette évolution serait même «saine et naturelle»!