Rencontre Zoom : l’arrière plan virtuel… une fausse bonne idée ?
21 juillet 2020
Les rencontres Zoom ou Teams sont devenues monnaie courante pour bien des employés en télétravail. Si bien que, pour préserver leur intimité ou se simplifier la vie, certains choisissent d’activer la fonction de floutage ou optent pour un arrière-plan « virtuel ». Le geste paraît anodin. Pourtant, les avis sont loin d’être neutres sur la question.
Situons d’abord la question. La récente ruée aux vidéoconférences sur Zoom ou Teams s’inscrit dans un contexte de pandémie planétaire, où le télétravail a été imposé à une majorité de travailleurs, sans que ceux-ci aient le temps de s’y adapter et de préparer les lieux.
Certes, plusieurs travailleurs apprécient ce nouveau mode de fonctionnement. Toutefois, ça ne signifie pas pour autant que ces gens désirent donner un accès direct à leur logement (parfois, à la chambre à coucher, seul lieu de travail tranquille dans la maison…) à tous leurs interlocuteurs, que ce soit un collègue de travail ou un recruteur.
Je comprends que certaines personnes n’aient pas envie de partager une partie de leur intimité, explique Nicolas Demarthe, chasseur de têtes et directeur des opérations chez GO RH. Avoir le désir de faire une vraie coupure entre travail et la vie personnelle, ce n’est pas un manque d’authenticité, c’est juste de la pudeur selon moi. On appelle la personne pour elle, pas pour l’intérieur de son logement. Et dans le recrutement, ça pourrait être perçu comme de la discrimination, non ? Car on pourrait se faire une idée sur un critère qui n’entre pas dans le cadre du processus d’embauche. »
Le geste est assurément légitime, donc, entre autres pour la raison tout juste mentionnée.
Toutefois, malgré tout, il n’est pas neutre pour autant. Il a d’ailleurs le don de diviser les avis… parfois au sein d’un même couple: l’un adore, l’autre déteste.
J’en ai récemment parlé avec mon conjoint, raconte Myriam Plamondon, coach de carrière et fondatrice de TalentFou.com. Lui, ça l’agace, et moi j’aime beaucoup ! Il trouve que ça fait moins « professionnel ». Il n’aime pas les fonds d’écran spéciaux non plus, pour la même raison. Alors que moi, j’en abuse: en ce moment sur Zoom, mon fond d’écran est le village hivernal de Pré-au-Lard, dans Harry Potter. J’ai un plaisir fou à en rire avec tous mes clients! »
Une question de perception
En réalité, ce dont il faut surtout être conscient, c’est que l’arrière plan a un impact sur la perception que notre interlocuteur, qu’on le veuille ou non. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter une étude récente de la Harvard Business Review (HBR).
Dans cette étude, on a demandé à des utilisateurs de plateforme de vidéoconférence de dire s’ils portent attention à l’image générale que projetait leur interlocuteur, à travers le style vestimentaire, la couleur des vêtements et la composition de l’arrière-plan. Le dernier point est celui sur lequel les répondants avaient des «préférences» marquées.
Pour mieux comprendre ces fameuses «préférences», les sondeurs ont demandé aux participants de l’étude ce qu’ils préféraient parmi trois types d’arrière-plans (une pièce réelle, un mur blanc, un arrière-plan virtuel), selon l’impression que l’interlocuteur voulait transmettre à son auditoire (impression d’authenticité, d’être un expert, d’innovation ou de confiance).
On constate que les arrière-plans «virtuels» viennent bons derniers, et ce, dans tous les scénarios proposés!
La nécessité du « staging »
Charli Samson, qui est responsable RH chez Ubisoft, croit lui aussi à l’importance de se présenter devant un « vrai décor », pour établir sa crédibilité. Il faut toutefois prendre soin de l’aménager selon les circonstances de la rencontre.
Cela dépend tout simplement du type de réunion, explique-t-il. Pour tout projet entrepreneurial ou développement d’une communauté qu’elle soit funky ou sérieuse, je conseillerais aux gens de faire une staging minimum de leur environnement physique en fonction de l’auditoire plutôt que de mettre un flou, ou pire un faux background. »
Le responsable RH chez Ubisoft souligne que la crédibilité qu’un auditoire accorde à un interlocuteur se base beaucoup sur l’image globale qu’il projette, et non seulement pas sur le message.
Un excellent message lancé avec une crédibilité minée par un background d’arc-en-ciel et de coucher de soleil n’aura pas l’impact souhaité… Sauf si vous vous adressez à des adeptes d’arc-en-ciel! » illustre-t-il, avec une pointe d’ironie.
En fin de compte, chacun est libre de choisir son arrière-plan en toute connaissance de cause, en fonction de sa situation personnelle et de ses objectifs de carrière.
Bonne vidéoconférence !
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