Employeurs, si vous aimez vos employés… laissez-les partir!

10 mai 2023

À l’occasion d’une conversation intimiste avec Annie DeMelt, lors de C2 Montréal 2022, la présidente-directrice générale d’e180 Christine Renaud avait livré un plaidoyer pour instaurer une authentique culture d’apprentissage en entreprise… quitte à perdre quelques employés voulant voler de leurs propres ailes !

Pour Christine Renaud, le bien-être en entreprise doit provenir du travail en lui-même, et non de ses externalités.

Si on se concentre à offrir une heure de plus au gym, je crois qu’on manque le point, lance-t-elle d’emblée. Lorsqu’on parle du bien-être des employés, il faut se demander ce dont ils ont vraiment besoin. Et les deux ne sont pas nécessairement alignées. Des employés ont peut-être besoin de quitter une entreprise pour se développer et assumer de nouveaux rôles. »

Elle ajoute encore:

Si nous ne sommes pas attentifs [en tant qu’employeur] à assurer leur bien-être, de la façon qu’ils le définissent eux-mêmes, et que nous n’essayons pas de comprendre ce que leurs besoins sont réellement, nous ne rencontrons ni les besoins de l’organisation, ni les besoins de la personne.» 

L’entreprise e180 offre à ses employés un bénéfice professionnel à la fois unique, et complètement aligné sur sa mission d’entreprise (qui est de favoriser le codéveloppement professionnel avec sa plateforme Braindate). Chaque membre de son équipe peut choisir une «Quête d’apprentissage personnelle» à poursuivre. Les employés reçoivent un budget, un soutien personnel et une banque de 100 heures par année dédiées à cette quête.

Nous avons créé l’idée d’une quête, d’avoir une intention forte derrière l’apprentissage visé. Imaginons un projet de rêve, dont on n’a pas encore les compétences pour l’accomplir. Comment fait-on pour aider cette personne à accomplir ce projet ? La meilleure façon d’apprendre, c’est d’avoir un projet ambitieux auquel on veut s’attaquer. Avec cette quête, les employés peuvent eux-même faire la curation des cours ou des formations qui sont opportuns pour eux. »

Des quêtes variées

Et que ce passe-t-il si un employé choisit de développer des compétences qui n’ont aucun rapport avec la mission de l’entreprise?

Ce dont on s’est rendu compte, c’est que, comme employeur, même en donnant carte blanche, les gens veulent généralement apprendre des compétences qu’ils pourront utiliser au quotidien, dans leur emploi. »

Et que faire du risque qu’ils explorent une avenue qui les amène à quitter l’entreprise?

Nous avons pris le parti de voir ce qui se passait lorsqu’on développe une personne en étant prêt à la laisser partir, affirme Christine Renaud. Nous avons des employés qui sont devenus des entrepreneurs, et c’est un immense succès pour moi. Lorsqu’on les fait grandir, qu’elles nous font grandir, qu’elles ont un nouveau rêve, une nouvelle mission et qu’elles la poursuivent. »

Comment rationaliser cette stratégie, d’un point de vue organisationnel?

Je n’ai pas vu d’étude à ce jour qui explore la différence entre retenir à tout prix ses gens et leur permettre de croitre avec amour, bienveillance, et d’une manière délibérée. Dans tous les cas, la rétention ne fonctionne pas super bien, actuellement… Donc, c’est peut-être un modèle à explorer. »

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