Accessibilité des contenus Web : comment s’adapter aux personnes sourdes et malentendantes ?
20 septembre 2023
Les lois sur l’accessibilité des ressources en ligne existent depuis un certain temps déjà , aussi bien au Canada (2019) qu’aux États-Unis et en Europe. En 2021, l’Ontario a relevé ses exigences et on peut s’attendre à un mouvement vers une plus grande accessibilité des contenus Web dans les prochaines années. Entrevue sur le sujet avec Kim Auclair, consultante en communication Web.
Lorsqu’on n’est pas familier avec la réalité d’une personne en situation de handicap, on pourrait croire qu’Internet est un outil de choix – presque optimal, en un sens – pour obtenir de l’information. Après tout, une personne malentendante peut se concentrer sur les contenus « texte » et une personne non voyante, sur des contenus « audio ». Or, Kim Auclair rend compte d’une réalité beaucoup plus compliquée que cela.
Pour plusieurs personnes qui sont intégrées, comme moi, dans le monde entendant, c’est très difficile de suivre les cours en ligne, les webinaires, etc. Même les matières dans les classes régulières à l’école. Je connais des personnes qui se sont battues pour ajuster leurs horaires, avoir droit aux notes de cours, avancer à leur propre rythme. Pour ma part, plus jeune, je n’osais pas parler de ma surdité à l’école. Je devais souvent mettre deux fois plus d’effort que les autres. »
Depuis le début de la pandémie, les télétravailleurs « sans handicap » ont découvert le défi de se comprendre dans des conversations virtuelles. On peut facilement imaginer que le défi est double pour une personne sourde ou malentendante qui veut interagir en ligne ou aller consulter des contenus spécifiques.
Au quotidien, un des gros obstacles des personnes sourdes et malentendantes est l’accès à l’information, fait valoir Kim Auclair. Adapter ou rendre accessible le contenu en ligne pour elles, c’est réduire les chances qu’elles manquent des informations.»
Ne pas se limiter aux sous-titres
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une personne qui communique de l’information par le Web (à travers des vidéos, des Webinaires, des rencontres Zoom, des formations en lignes, des podcasts, etc.) a mille et une opportunités de faciliter la vie des personnes sourdes ou malentendantes. Et cela va au-delà du simple fait d’ajouter des sous-titres à une vidéo.
On parle de sous-titres, mais c’est aussi utiliser des mots simples et des images. Accepter de remettre des notes à la fin d’un événement en direct sur Zoom. S’assurer d’avoir un bon éclairage pour faciliter la lecture sur les lèvres. Envoyer un ordre du jour ou des sujets discutés avant une rencontre ou une présentation. Éliminer les distractions visuelles dans les vidéos, accepter de reformuler ce que vous venez de dire ou proposer d’expliquer les choses par écrit (dans le chat) si on le demande pour clarifier un message… »
Kim Auclair rappelle l’importance de garder le « focus du regard » sur le visage de la personne. Après une rencontre virtuelle, il est possible de poser une attention qui fera une grande différence, par exemple d’envoyer un résumé de l’échange par courriel. Dans le cas d’une vidéo ou d’un webinaire asynchrone, on peut faire retranscrire les fichiers audios avec une application.
Bien sûr, la consultante reconnait que déployer ces stratégies demande un investissement en temps et parfois, en argent. En même temps, des programmes d’aide financière existent pour couvrir les frais permettant de rendre des contenus accessibles.
En plus d’aider beaucoup plus de personnes que l’on ne pense, ces petites actions permettent à tout le monde de se sentir inclus, fait valoir Kim Auclair. Ça augmente aussi les chances de participer davantage aux discussions. »
En fin de compte, tout le monde en sort gagnant.
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