BeReal, l’« anti-Instagram » français en pleine ascension
3 mai 2022
Numéro 1 du App Store au Canada et numéro 3 aux États-Unis (selon le site Similarweb en date du 24 avril), l’application française BeReal, qui se définit comme un média social intimiste à l’opposé d’Instagram, connaît une vague de popularité en Amérique du Nord. De quoi s’agit-il? Quelle est la réception des utilisateurs? Quel est le potentiel pour les marques? Nos réponses.
Le principe de BeReal est le suivant : une fois par jour, à un moment aléatoire, les utilisateurs d’un même cercle d’amis reçoivent une notification et ceux-ci ont 2 minutes pour prendre une photo d’eux-mêmes (techniquement, il s’agit de deux photos : un égoportrait et une photo de l’environnement). Sans flafla ni mise en scène, pour ainsi partager leur « vraie vie » et non seulement des moments glamours, comme sur Instagram.
« Découvre ce que font vraiment tes amis dans leur quotidien », telle est la promesse des fondateurs du média français, lancé en 2020, et qui a connu une première vague de reconnaissance en 2021 à travers des articles en France (voir Le Parisien ou Konbini) et au Québec (Urbania).
C’est le seul média social que je pourrais utiliser sur une base régulière, en ayant seulement deux amis dessus, raconte Roxane Nadeau, qui l’utilise depuis l’automne passé et l’apprécie visiblement. C’est beaucoup moins intrusif que les autres réseaux sociaux. L’interférence sur ma vie n’est que d’une minute par jour pour publier et une minute pour commenter le contenu de mes contacts. L’utilisation équilibrée est instantanée. »
BeReal s’inscrit dans un courant qui cherche à rompre le cycle de dépendance avec les médias sociaux traditionnels. De la même manière que « 1 Second Everyday » offre de ne filmer qu’une seconde par jour, l’application française propose de prendre une seule photo par jour – à un moment aléatoire. Dans les deux cas, la formule vise à compartimenter l’utilisation du média social tout en croquant des bribes de vie que l’on partage avec des proches.
Je vois BeReal comme une occasion de se rapprocher de son cercle d’amis d’une façon touchante, mais peu demandante », explique Roxane Nadeau.
Vers une glorification… des temps morts?
BeReal compte déjà de nombreux fans en France, au Québec et maintenant dans le reste du Canada et aux États-Unis, où les médias en ont fait une couverture étendue (voir les articles de TechCrunch, du Time ou de NBC) à la suite de son ascension dans les classements des boutiques Apple et Android, dans la catégorie «réseaux sociaux».
Reconnaissant l’originalité du concept, le journaliste techno Jason Koebler, y a trouvé une limitation importante après quelques semaines d’utilisation dans un article publié sur Vice:
Si Instagram a le problème de donner l’impression que la vie des gens est artificiellement glamour, BeReal a le problème de donner l’impression que la vie des gens est extrêmement ennuyante. »
Le fil d’actualité de BeReal présente une suite de gens au lit, dans le divan, à l’ordinateur, dans les moments « morts » de la vie.
De manière inhérente, BeReal manque les moments les plus intéressants de la vie d’une personne, lesquels incluent des activités et des expériences beaucoup plus réelles que les moments « réels » où les utilisateurs sont à la maison, à ne rien faire, et qu’ils regardent leur téléphone et voient une notification BeReal. Plusieurs personnes font des choses vraiment cool au moins une fois de temps en temps; on présume que, ce faisant, ils ne sont pas en train de regarder leur téléphone, » écrit-il.
Aussi, en raison du caractère intimiste de la plateforme, qui n’est actuellement pas payante, la plupart des marketeurs avec qui nous avons parlé s’entendent pour dire que le positionnement de marque y est limité dans la formule actuelle.
L’engouement envers BeReal sera-t-il permanent ou éphémère? L’avenir nous le dira…
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