Bluesky, nouvel aspirant légitime pour remplacer X ?
20 novembre 2024
L’engouement récent pour la plateforme de microblogage Bluesky (ironiquement créée par l’ancien fondateur de Twitter, Jack Dorsey, qui a quitté l’aventure en mai passé) place ce média social comme un concurrent légitime de X. Après les résultats mitigés de Mastodon, Threads et autres plateformes « décentralisés », qui avaient les mêmes prétentions, il y a lieu de se demander s’il ne s’agit pas d’un autre feu de paille. Nous avons posé la question à Francis Jette, consultant en création de contenu numérique et formateur Isarta.
Isarta Infos : Bluesky a été lancé il y a 3 ans déjà , en 2021, par le fondateur de Twitter, Jack Dorsey. Depuis l’élection de Trump, la classe médiatique a effectué un mouvement de désertion de la plateforme X, appartenant à Elon Musk, vers Bluesky. Que penser de ce « nouveau » média social qui a aujourd’hui son heure de gloire?
Francis Jette : Ma première réaction, c’est la prudence. Par le passé, on a vu plein de réseaux sociaux qui ont eu des belles vagues de popularité, avant de s’essouffler rapidement. On a juste à penser à BeReal ou Threads, plus récemment, qui a vraiment été très populaire à son lancement, avec plein de nouveaux abonnés, mais qui, en fin de compte, a eu peu de rétention.
Quelle différence vois-tu avec Threads, qui est aussi un site de microblogage?
F. J. : L’arrivée des journalistes sur Bluesky, je crois que c’est la grosse différence avec Threads. Sur Threads, qui appartient à Meta, le message était clair : on ne veut pas de journalistes. On veut des créateurs de contenu.
Il faudra maintenant voir ce que font les gens influents, les créateurs de contenu, mais aussi les personnalités publiques : est-ce que tout ce petit monde va adopter Bluesky ou demeurer sur Twitter ou finalement se diriger vers Threads? On ne le sait pas encore.
Bluesky a la prétention d’offrir un espace de dialogue plus respectueux et moins toxique que Twitter. Peux-tu nous parler de cet aspect?
F. J. : Bluesky est une plateforme décentralisée, ce qui fait qu’on a un peu plus de contrôle sur la propriété de notre compte et de notre identité numérique.
On a aussi accès à des options de modération ultra-avancée – pour gérer les mots-clés qu’on veut voir, qu’on ne veut pas voir. C’est super intéressant. Or, le problème, c’est que la population en général avait déjà de la misère à comprendre Twitter, qui était relativement simple. Concrètement, je ne sais pas dans quelle mesure ces fonctionnalités seront adoptées par les utilisateurs.
Aux États-Unis, les médias sociaux sont actuellement politisés – Facebook et YouTube sont perçus à gauche, et X, à droite. Où se situe Bluesky? Est-ce le nouveau lieu de rassemblement de la gauche?
F. J. : Pendant les élections, on a dit que Threads relayait beaucoup de désinformations de la gauche, alors que Twitter, lui, la désinformation de la droite. Donc, il va être intéressant de voir si Bluesky parviendra à trouver un équilibre entre la gauche et la droite, ou s’il deviendra une nouvelle chambre d’écho de la gauche.
À quoi ressemble l’adoption des marques sur Bluesky?
F. J. : Lors du lancement de Threads, il y avait quand même beaucoup de marques qui avaient adopté la nouvelle plateforme, sans doute parce qu’elle était rattachée à la crédibilité d’Instagram et de Meta. Pour l’instant, on n’a pas vu beaucoup de marques s’approprier Bluesky.
Bien sûr, on comprend que les grandes marques, généralement, sont plus frileuses à modifier ou changer leur stratégie de médias sociaux. Il faut donc leur laisser le temps de voir comment elles peuvent s’approprier le médium. L’évolution de Bluesky sera très intéressante à suivre.