Carrière, famille, amour, passions : une course qui mène droit dans le mur ?
18 novembre 2019
Motivateurs LinkedIn et coachs de carrière en tout genre veulent nous convaincre qu’il est toujours possible d’en faire plus – suffit de trouver son « pourquoi » (Simon Sinek), de transformer ses « faudrait » en « je dois » (Tony Robbins) puis de s’atteler à la tâche avec une concentration de chirurgien… (Elon Musk) Foutaise, répond l’humoriste Léa Stréliski, dans un livre intitulé La vie n’est pas une course.
Le parcours de Léa Stréliski ressemble à celui de bien des femmes milléniales qui ont décidé d’embrasser toutes les facettes de l’expérience humaine, en visant d’avoir un « métier-passion », une famille nombreuse et un amoureux… amoureux. Mais qui, bien vite, s’épuisent à nager à contre-courant dans une société qui n’est pas conçue pour répondre à de telles ambitions.
En plus de devoir nous adapter à des mondes qui ont été conçus sans nous, la période de vie pendant laquelle on est la plus fertile tombe pendant les années les plus propices à se bâtir une carrière. Cauchemar. Les deux sont pile en même temps », écrit-elle.
Le second problème, c’est la société de performance dans laquelle nous vivons :
Je n’en peux plus de cette culture, de ces sociétés qui ont été fondées par des ego masculins et qui font se sentir inadéquat, anormal ou malade, quiconque ne s’y mesure pas. C’est lassant. Cette mentalité du « mesure-toi ou dégage». La vie est plus intéressante et plus riche que ça. Nous ne valorisons plus les bonnes choses. »
Et le dernier problème, c’est la culture de la distraction dans laquelle nous plongent les médias sociaux et l’omniprésence des écrans.
Voilà ce qui a mené Léa Stréliski à l’épuisement professionnel, à l’érosion de son couple et à la perte de confiance en ses propres moyens. Or, plutôt qu’abandonner la partie et renoncer à ses rêves, elle a décidé de recentrer sa vie sur des bases plus solides.
La solution : ralentir
Tout l’intérêt du livre est là : explorer les alternatives au modèle «carrière-famille» dominant.
Personnellement, j’étais nulle à chier en hygiène mentale. J’ai pris du temps à m’en rendre compte. Je me suis réveillée après dix ans de maternité complètement éreintée et ayant accumulé une quantité astronomique de pensées négatives et destructrices envers moi-même.”
La première piste est donc de ralentir et de prendre soin de son « hygiène mentale ». Cela signifie « bien dormir, bien manger, ne pas passer 8 heures à scroller comme un zombie sur les médias sociaux et surtout aimer. »
La seconde piste est un constat par rapport au temps :
On est rendu nul avec le temps. Il y a une trop grande différence entre le temps dans le virtuel et le temps dans le réel. Les deux ne vont pas bien ensemble. »
Dans le monde virtuel, ça fonctionne du premier coup, comme pour les vedettes que l’on voit à la télé. Or, dans le monde réel, ça peut prendre un peu plus de temps :
T’as beau vouloir décider de toutes tes forces de l’inverse, il y a un rythme aux choses que l’on ne contrôle pas. »
Rien ne sert, comme on dit, de « tirer » sur les fleurs pour les faire pousser. Mais aussi, développer une expertise, un art ou une compétence demande de remettre l’ouvrage cent fois sur le métier, avant d’obtenir quelque chose de potable.
Plus personne ne sait persévérer. C’est ça le problème », conclut-elle en citant son père.
Léa Stréliski livre un témoignage authentique, qui éclaire notre époque à bien des égards. À mettre entre les mains de toute personne qui cherche une alternative à la surenchère actuelle, sans vouloir pour autant sacrifier ses rêves et ses ambitions.
RÉFÉRENCE :
- La vie n’est pas une course, Léa Stréliski, Québec Amérique, 120 pages.
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