Ce parent dans notre tête qui nous empêche d’avancer
Comme professionnel, nous sommes parfois guidés par des motivations inconscientes qui remontent aussi loin qu’à notre enfance. Comment faire pour éviter qu’elles interfèrent avec nos objectifs de carrière?
17 octobre 2017
Nous sommes tous blessés par nos parents, avance le coach professionnel Jerry Colonna dans un entretien avec l’entrepreneur Derek Flanzraich. Et je le dis en étant moi-même un parent, précise-t-il. Une partie du processus est de guérir. L’autre partie du processus de séparation et de maturation en une personnalité qui nous est propre est d’apprendre à intégrer et à faire des choix à propos des messages que nous recevons.»
Les «messages» en question, c’est le discours interne, la petite voix dans notre tête, qui nous suggère de faire ceci, de faire cela.
Jerry Colonna est un ange investisseur qui s’est reconverti dans le coaching exécutif. Il est aussi le créateur du podcast Reboot, une émission dans laquelle il reçoit des entrepreneurs à la manière d’un psychologue qui reçoit un patient sur son divan.
L’entrepreneur invité expose un problème, et Jerry Colonna tente de remonter à sa source. Une fois sur deux, il parvient à relier le dilemme de l’entrepreneur avec un événement marquant ou non résolu de son enfance. Un père qui cultive le dégoût de l’argent, une mère surprotectrice, des parents propriétaires qui n’ont pas de temps pour leur progéniture, etc.
Quand le fondateur du site Greatist, Derek Flanzraich, parle de la relation ambigüe qu’il entretient avec l’argent, de quoi parle-t-il vraiment?
On parle de la relation que tu entretiens avec tes parents, répond le coach professionnel. Tes parents pris individuellement. Mais aussi les parents qui vivent dans ta tête et dans ton esprit.»
C’est que, par la force des choses, en nous élevant au meilleur de leur connaissance, nos parents imprègnent en nous non seulement leurs valeurs et leur vision du monde, mais aussi leurs angoisses et leurs préjugés.
Notre seule liberté, c’est de faire des choix en fonction des voix que l’on entend, dit Jerry Colonna à son invité. Parce que ton père ne changera pas. Et que ta mère ne changera pas non plus. Et en un sens, on n’est pas complètement sûr qu’on veut qu’ils soient différents, parce qu’ils ont tous les deux de belles qualités.»
Ce qu’il nous reste à faire, donc, pour ne pas être à la merci des «voix» qui nous guident inconsciemment, c’est justement d’en «prendre conscience», pour ensuite mesurer l’impact qu’ont eu sur nous les valeurs, l’éducation et surtout les actions de nos parents pendant notre enfance. C’est ainsi que l’on peut faire des choix professionnels éclairés.
Jerry Colonna offre cette piste d’action:
Une chose que tu peux faire est de surveiller quand tu te compares non seulement à ton père ou à ta mère, mais aussi aux attentes qu’ils t’ont transmises, intentionnellement ou non. Parce que la vérité, c’est que tu vas toujours échouer en te comparant à ces images.»
Pour devenir un bon leader, Jerry Colonna croit qu’il faut d’abord apprendre à se connaître soi-même:
Notre travail est de prendre ce qui nous est arrivé, et de le transformer à notre image. La question n’est pas de savoir si on sera comme notre père ou comme notre mère. La question est de découvrir qui on est. Comment arrive-t-on à être soi-même?»