Comment envisage-t-on l’avenir chez Spotify ?
Par François Nadeau
Même si les revenus provenant de la musique diffusée en streaming connaissent des hausses impressionnantes, les sites qui la diffusent ont peine à trouver un modèle d’affaires rentable, comme nous l’évoquions dans un précédent article.
Un des plus gros joueurs de l’industrie, Spotify, accumule les pertes malgré un bassin d’abonnés en forte croissance et une évaluation qui pourrait bientôt atteindre 8,4 milliards de dollars.
Jonathan Forster, vice-président des ventes de l’entreprise, a confié au magazine Marketing Week comment il entrevoyait l’avenir du site. Voici un résumé de ses propos.
De la publicité plus ciblée, la solution à court terme
Spotify, dont les revenus publicitaires ont grandement augmenté au premier trimestre, permettra sous peu à ses annonceurs de cibler des segments d’utilisateurs selon leurs préférences musicales.
L’exemple donné dans l’article de Marketing Week est celui-ci : la publicité d’une entreprise de BBQ pourrait apparaître à un usager qui écoute une liste de lecture dont le thème est lié à l’été et aux vacances (Summertime playlist). Je comprends qu’il s’agit simplement d’un exemple, mais ai-je vraiment besoin d’un BBQ parce que j’écoute la chanson Miami de Will Smith ? Je doute de la valeur ajoutée de jumeler préférences musicales et publicité ciblée.
En contrepartie, Spotify permettra le ciblage basé sur des variables comme l’âge, le sexe et l’emplacement géographique, ce qui pourrait amener des résultats plus intéressants
Ces changements ne touchent pas les utilisateurs payants, qui bénéficient d’un service exempt de publicité. Un autre bel exemple de l’adage «Si c’est gratuit, vous êtes le produit».
Davantage de solutions à long terme
À long terme, Forster juge réaliste l’atteinte d’un milliard d’abonnés. Pour ce faire, l’entreprise compte grandir grâce à différents moyens, dont des partenariats.
Sa récente association avec Sony et la Playstation 4 ont d’ailleurs amené deux millions de nouveaux abonnés au site. Il n’est pas non plus impossible que l’entreprise puisse se diversifier et mettre en marché ses propres produits d’écoute.
Les campagnes de publicité à grande échelle ne sont pas écartées, mais de l’aveu du vice-président, l’entreprise n’a pas le budget marketing approprié.
Et même si Forster n’a pas abordé le point en entrevue, rappelons que selon plusieurs sources,  Spotify devrait annoncer à la fin mai son arrivée dans le marché déjà très concurrentiel du streaming vidéo.
Toutefois, au final, le nœud du problème reste intact. Aux yeux de plusieurs artistes, Spotify verse trop peu de dividendes pour le nombre d’écoutes d’une pièce. En contrepartie, la part des dividendes versés par Spotify (70 % de ses revenus) reste encore trop importante pour que son modèle d’affaires puisse la rapprocher de la rentabilité.