« Conscious unbossing » : Comment comprendre cette tendance du refus de devenir gestionnaire ? Reviewed by Kévin Deniau on . 16 octobre 2025 Qui veut encore devenir gestionnaire ? Autrefois rêvée, cette carrière semble aujourd'hui sur le déclin, notamment auprès des jeunes générations 16 octobre 2025 Qui veut encore devenir gestionnaire ? Autrefois rêvée, cette carrière semble aujourd'hui sur le déclin, notamment auprès des jeunes générations Rating: 0

« Conscious unbossing » : Comment comprendre cette tendance du refus de devenir gestionnaire ?

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16 octobre 2025

Qui veut encore devenir gestionnaire ? Autrefois rêvée, cette carrière semble aujourd’hui sur le déclin, notamment auprès des jeunes générations, à en croire de récentes études. Une expression -anglo-saxonne comme toujours- a même émergé : « Conscious unbossing » ou la volonté consciente de ne pas prendre de poste de gestionnaire. Explications.

La fonction de gestionnaire est-elle en voie de disparition ? Assurément non, même si son statut s’effrite auprès des nouvelles générations. D’après une étude menée l’an passé par le cabinet Robert Walters, la moitié (52 %) des professionnels de la génération Z, les personnes nées entre le milieu des années 1990 et le début des années 2010, indique ne pas vouloir être gestionnaire.

Mieux : 72 % des répondants préfèrent opter pour une voie de contribution individuelle dans leur progression de carrière plutôt qu’avoir à gérer une équipe. Autrefois marqueurs de réussite, les rôles de gestion pâlissent aujourd’hui face aux aspirations d’autonomie et de flexibilité des nouvelles générations.

Le poste de gestionnaire est davantage perçu comme source de contraintes que comme une fonction valorisante », explique Valérie Pinardon, responsable chez Robert Walters.

À regarder les raisons de cette désaffection de plus près, il s’avère en effet que le jeu n’en vaut plus la chandelle pour beaucoup. 69 % estiment que la gestion intermédiaire génère trop de stress pour finalement peu de récompense (rémunération, reconnaissance).

Une autre étude internationale, menée par l’organisme de formation Cegos, dresse un constat similaire : 67 % des nouveaux gestionnaires constatent une augmentation de leur temps de travail.

Les professionnels plus expérimentés ont généralement consacré des années à une seule entreprise, gravissant progressivement les échelons traditionnels du management, et ont ainsi développé un plus grand respect pour les cadres intermédiaires. Les jeunes professionnels, ayant intégré le marché du travail dans un contexte de télétravail ou hybride avec une forte orientation vers les compétences numériques, sont moins enclins à une loyauté totale envers l’entreprise, » indique Lucy Bisset, directrice de Robert Walters North.

Vouloir n’est pas preuve de qualité

Il existe toutefois un paradoxe : la grande majorité des employeurs (89%) continuent à penser que les gestionnaires intermédiaires jouent un rôle crucial dans l’organisation. Ce qui peut amener à un problème de recrutement à terme si ces rôles restent vacants.

D’autant que les personnes qui restent motivées pour la fonction… ne sont pas celles qui font les meilleures gestionnaires ! C’est en tout cas ce que révèle une étude récente de l’Institute for Fiscal Studies au Royaume-Uni, dénichée par le professeur en gestion Olivier Sibony.

L’expérience ? 555 gestionnaires ont été assignés à quatre équipes différentes de manière aléatoire. La performance de ces dernières a alors été mesurée. Les enseignements sont probants. D’une part, ils confirment que le ou la gestionnaire a une forte contribution sur les résultats de son équipe. Mais, plus surprenant, ils indiquent que les personnes qui aspirent ouvertement à devenir gestionnaire se révèlent moins bonnes que les autres !

Une nouvelle conception du rôle de gestionnaire ?

Compte tenu de ces faits, la solution ne viendrait-elle pas d’un renouvellement de la conception même du métier de gestionnaire, afin de mieux répondre aux aspirations des nouveaux professionnels ? C’est en tout cas ce croit Valérie Pinardon.

Pour répondre à ces nouvelles attentes, il faut redéfinir le rôle du gestionnaire qui doit devenir un facilitateur, un coach. L’heure est à la personnalisation des parcours. L’entreprise doit mieux accompagner la transition vers le poste de gestionnaire en y allant étape par étape : confier des tâches supplémentaires au fur et à mesure, identifier des axes d’amélioration, éventuellement proposer des formations ».

Et si le rejet du poste de gestionnaire ne révélait pas plus l’évolution profonde de la société plutôt que le désintérêt pour la fonction en soi ? Une question qui va faire partie des enjeux à venir pour les recruteurs… et les gestionnaires !




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