Conseil de mi-carrière : « Il faut préférer la constance à l’intensité »
9 mars 2020
Quand on est jeune et fringant, on a de l’énergie à revendre: on peut mettre un nombre astronomique d’heures pour boucler un projet, sans même sourciller. En vieillissant, et à mesure que les responsabilités familiales et professionnelles s’accumulent, on n’a plus la même marge de manœuvre… Faut-il pour autant abandonner ses projets les plus ambitieux ? Trois voix proposent de revoir la méthode.
Ce texte part d’un enjeu personnel. Je tente d’avancer des projets de fiction (romans ou nouvelles) tout en étant journaliste pigiste et père de famille. Et ce n’est pas toujours simple.
Quand j’avais 20 ou même 30 ans, mes projets de fiction avançaient très rapidement, car j’avais beaucoup de temps à ma disposition et peu de responsabilités. Je pouvais m’enfermer dans une pièce pendant 7 jours consécutifs pour mettre la touche finale à un roman, genre. À 40 ans et 3 enfants, le temps finit par manquer.
C’est pour cette raison que, aujourd’hui, je suis réceptif aux conseils se rapportant à la productivité et à la gestion du temps. Dans la dernière année, j’ai entendu trois intervenants dire une même chose qui m’a beaucoup plu : pour arriver à ses fins, il est préférable de choisir la constance sur l’intensité. Je vous résume leurs propos.
1. S’entraîner tous les jours
Firas Zahabi est l’entraîneur de George St-Pierre, ancien champion UFC. Et il a la ferme conviction qu’une personne – athlète ou non-athlète – devrait pouvoir s’entraîner chaque jour sans avoir les muscles endoloris.
Si je choisis la bonne charge d’exercice dans une journée, ça me donne un effet tonifiant, a expliqué l’entraîneur, au micro du podcast de Joe Rogan. Je me sens énergisé. Quand tu atteins ce momentum, tu dois arrêter. Ne va pas dans la phase où tu pousses ton corps au-delà de ses limites, ne va pas dans le rouge.»
Pour expliquer son raisonnement, Firas Zahabi se réfère au concept de « flow » de Mihaly Csikszentmihalyi, qui est une zone de travail où l’on demeure motivé et confortable, sans s’ennuyer :
Si le défi est trop grand, on fait de l’anxiété. Si le défi est trop petit, on tombe dans l’ennui. Dans ma salle d’entraînement, j’essaie de créer un flow. J’ai du plaisir. Les entraînements devraient être addictifs. (…) Si tu ne tires aucun plaisir, tu ne voudras pas en faire souvent, et si tu n’en fais pas souvent, tu n’atteindras jamais l’excellence. (…) J’ai la ferme conviction qu’il faut privilégier la constance au profit de l’intensité. L’intensité, c’est juste une fois de temps en temps. Personne ne peut sprinter tous les jours. L’intensité implique que tu dois récupérer par la suite. »
2. La constance VS l’intensité
Micheal Hyatt est coach d’affaires et auteur du podcast Lead to win. Et il tient le même discours que Firas Zahabi, mais dans la sphère du développement professionnel :
Les leaders sont motivés à accomplir de grandes choses. Le problème est qu’une motivation trop intense peut se retourner contre nous. Nous fixons parfois des objectifs ou des livrables irréalistes, lesquels sont impossibles à rencontrer. Et malgré tout, on se tue à l’ouvrage pour les atteindre! » explique-t-il sur son site Web.
Dans l’épisode Tired of Making No Progress on Goals? Try This, le coach d’affaires explique qu’il est personnellement passé d’un mode de production reposant sur l’intensité à un mode favorisant la constance :
Ce que je découvre de plus en plus, c’est que la constance est plus importante que l’intensité. En d’autres mots, si je peux me concentrer à faire des progrès incrémentiels envers un but et que je me concentre sur des comportements à adopter plutôt que des résultats à atteindre… [ça fonctionne beaucoup mieux] Je ne dis pas qu’il faille se débarrasser complètement d’objectifs axés sur les résultats, mais je dis que généralement un objectif de comportement est plus efficace pour mener à bien un projet qu’y parvenir par l’intensité. »
3. Choisir un SYSTÈME plutôt que des BUTS
Scott Adams est le bédéiste derrière Dilbert. Lui, il va un pas plus loin que Micheal Hyatt. Il suggère, dans un livre intitulé : How to Fail at Almost Everything and Still Win Big, de carrément se débarrasser des objectifs de résultats et de se consacrer uniquement sur des objectifs de comportement.
Pour reprendre ses mots, il propose de se doter d’un «système» générant des résultats satisfaisants plutôt que de se fixer des « buts ». Voici comment il distingue les deux :
Un but est un objectif spécifique que tu atteins ou non à un moment dans le futur. Un système est quelque chose que l’on fait sur une base régulière qui augmente nos chances de bonheur à long terme. »
Les gens orientés vers un « but » existent au mieux dans un état perpétuel de présuccès, ou en état de faillite constante si rien n’aboutit. Les gens qui ont un système réussissent chaque fois qu’ils appliquent leur système; en un sens, ils font ce qu’ils avaient l’intention de faire. Les gens orientés vers un but combattent le sentiment d’échec à chaque moment. Les gens qui ont un système se sentent bien chaque fois qu’ils appliquent leur système. C’est une grosse différence quand on veut maintenir son niveau d’énergie personnel dans la bonne direction. »
Voici une petite vidéo résumant cette approche :
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