Coronavirus : quel impact sur le recrutement et quels outils pour continuer à recruter?
2 avril 2020
Pendant que le Québec est sur « pause » en raison du coronavirus, des recruteurs continuent de faire de la prospection de talents pour répondre à la demande d’entreprises liées aux services essentiels, ou alors pour préparer l’après-crise. Nous avons parlé à des recruteurs et des gestionnaires RH pour savoir comment ça se déroulait sur le terrain.
Lydia Bélanger, qui est recruteuse chez Aleanza Recrutement Durable, n’a pas ralenti depuis le début de la crise, puisque tous ses mandats ont été maintenus. Sauf qu’elle constate beaucoup de fébrilité chez les candidats. Une situation compréhensible dans un contexte où plusieurs travailleurs ont perdu leur emploi dans la foulée des mises à pied massives.
Le nombre de CV à traiter augmente tous les jours. Les connexions Indeed sont plus nombreuses. Les gens sur LinkedIn répondent plus rapidement que jamais. J’ai l’impression que certains candidats voient cette crise comme la petite motivation qu’il leur manquait pour faire enfin le changement qu’ils souhaitaient, » témoigne-t-elle.
La recruteuse remarque toutefois que les travailleurs qui ont conservé leur emploi sont désormais plus difficiles à approcher; sans doute préfèrent-ils opter pour la stabilité, en cette période d’incertitude pour une majorité d’entreprises québécoises.
D’un point de vue professionnel, Lydia Bélanger poursuit ses activités comme auparavant, mais à distance :
Tous les processus reliés au recrutement continuent, et ce, jusqu’à la rencontre entre candidat et employeur. La chose qui diffère est que nous incitons les employeurs à compléter l’embauche avec une offre signée, en indiquant une date d’entrée en fonction à déterminer. »
À l’interne, l’agence de recrutement s’est rapidement adaptée à la réalité du télétravail :
Nous avons la chance d’avoir un métier qui peut se faire à distance : appels téléphoniques, entrevues en vidéoconférence. Ici, nous privilégions les plateformes Zoom et Whereby. Vive la technologie, comme on dit ! Le défi, c’est de rester motivé tous les jours. Heureusement, nous avons une équipe de travail qui est là pour s’entraider et se motiver, même à distance. Ça aide énormément. Nous organisons des 4 à 5 les jeudis, par vidéoconférence. Nous nous envoyons des chansons motivantes, etc. »
Faire pivoter un navire
Chez SSQ Assurance, le recrutement est plus nécessaire que jamais, en raison du statut de services essentiels de l’organisation. Sauf que le département RH a dû revoir tout son processus de recrutement et d’accueil aux nouveaux salariés afin de l’adapter à la réalité du confinement.
Martin Robert, qui est vice-président talent et culture chez SSQ Assurance, explique les changements qui ont dû être apportés :
Nous effectuons les entrevues sur Teams ou sur Skype. Nous faisons maintenant passer des tests de français en ligne, alors que nous le faisions auparavant en version papier. Nous avons revu toutes nos pratiques d’accueil des nouveaux employés, incluant la formation, le volet administration et la coordination avec le département TI, pour s’assurer que les employés peuvent travailler avec leur ordinateur personnel.»
Beaucoup de pains sur la planche, donc.
Nous avons dû repousser les dates d’entrée en postes de quelques candidats; toutefois, on sent maintenant que les choses se mettent en place. »
Avec la crise, Martin Robert croit que certains paradigmes vont changer.
J’ai l’impression que certaines pratiques vont perdurer après la crise. Probablement que les premières entrevues se feront dorénavant par vidéoconférence plutôt qu’en personne. Les tests de français en ligne vont certainement rester. »
Des idées préconçues sur le télétravail seront également remises en question.
On a parfois l’idée que, pour opérer une compagnie d’assurances de façon efficace, ça nous prend des gens qui sont dans nos bureaux… Or, la situation actuelle nous démontre un peu le contraire. De ce fait, on vient probablement d’élargir de façon conséquente la provenance géographique de nos bassins de talent. Après la crise, je crois que nous allons sérieusement considérer un candidat de talent qui n’est pas basé dans la même ville. Et ça, je trouve que c’est une chose plutôt encourageante! »
Renversement de situation
Un mot, pour finir, sur les recruteurs qui ont perdu des mandats. C’est inévitable, dans les circonstances actuelles; plusieurs entreprises ont entièrement cessé leurs activités. La recruteuse Mireille Sirois Gagné , qui traverse une accalmie, y voit tout de même une occasion de regarnir sa banque de candidats :
C’est un moment idéal pour élargir notre réseau ! Les gens répondent plus rapidement et sont ouverts à discuter. Les gens sont motivés à finalement faire les changements d’emplois qu’ils hésitent à faire depuis longtemps…. On reçoit beaucoup de CV avec de belles lettres de présentation ! »
Elle observe cependant que le rapport de force entre candidats et employeurs est désormais inversé, à la faveur de ces derniers.
Bon recrutement!
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