Faut-il craindre le « biais de proximité » ?
18 janvier 2021
Selon un sondage d’ADP Canada, plus de six travailleurs sur dix (63%) ont l’impression que la présence au bureau confère de meilleures chances « d’avancement » que le fait de rester à la maison en télétravail. La question vaut la peine d’être approfondie, dans un contexte où plus de la moitié des travailleurs sondés (55%) s’attendent à avoir la liberté de choisir leur lieu de travail. Les employeurs sont-ils en train de donner aux travailleurs une corde au bout de laquelle se pendre?
Voyons d’abord les résultats de l’enquête d’ADP Canada réalisée par Maru/Blue auprès de 3021 Canadiens :
- 53% croient que les travailleurs en présentiel bénéficieront de plus de rencontres sociales;
- Pour 48%, ils auront plus de chances d’entretenir des relations positives avec leurs gestionnaires.
- Et donc, par conséquent, 63% des travailleurs pensent qu’un employé qui se présente au bureau pour faire ses tâches augmente ses chances de faire progresser sa carrière, et 36% vont jusqu’à dire que cette présence au bureau pourrait déboucher sur une promotion.
Les auteurs du rapport appellent cette perception positive envers la présence au bureau le « biais de proximité ». Ils font d’ailleurs une mise en garde aux gestionnaires qui y succombent, peut-être sans s’en rendre compte.
Il est important pour les employeurs de reconnaître le biais de proximité et de mieux comprendre les besoins d’une main-d’œuvre dispersée », a expliqué Heather Haslam, vice-présidente marketing d’ADP Canada, dans le communiqué accompagnant le sondage.
La vice-présidente d’ADP Canada invite les gestionnaires à outiller leurs équipes avec du matériel informatique et des plateformes collaboratives adéquates, « qui favorisent l’engagement », afin de tenir des réunions virtuelles hybrides qui puissent accommoder tout le monde.
Le monde du travail est en constante évolution, par conséquent, reconnaître que le lieu de travail a changé et mettre en œuvre des politiques de travail équitables permettront à tous les employés de s’épanouir professionnellement, quel que soit leur mode de travail préféré. »
Reconnaître la productivité à distance
Précisons que le sondage rapporte la perception des travailleurs (et non celles des gestionnaires ou des employeurs). Ceux-ci ont l’impression de perdre de la valeur en choisissant d’opérer de la maison… Pourtant, dans le même sondage, 56% de ces mêmes travailleurs affirment que le télétravail a influencé « positivement » leur relation avec leur gestionnaire (47% disent que le télétravail a instauré une meilleure relation de confiance avec celui-ci).
Actuellement, il est vrai de dire qu’une majorité d’employeurs et de gestionnaires ont un penchant pour la présence au bureau (voir le sondage de l’Ordre des CRHA de l’été dernier). Toutefois, les sondages rapportent avec constance une productivité égale sinon plus élevée en télétravail, dans les secteurs d’activités où ce mode de travail s’applique.
Ce constat a été reconfirmé encore récemment, par un sondage de la firme PwC publié en novembre 2021.
Ce n’est donc peut-être qu’une question de temps avant que les gestionnaires et les employeurs reconnaissent pleinement la valeur intrinsèque du télétravail. Après tout, les postes qui bénéficient d’une grande autonomie d’action peuvent se faire de la maison, sans nuire aux opérations de l’entreprise.
D’ailleurs, on sent déjà une plus grande ouverture à embaucher des talents délocalisés, basé dans une autre ville ou carrément à l’étranger.
Il sera donc intéressant de voir comment la perception des travailleurs, ainsi que celle des employeurs continuera d’évoluer dans l’année à venir.
Sur le même thème
Télétravail