Faut-il se battre pour un titre de poste?
22 octobre 2021
Traditionnellement, la hiérarchie des postes nous fait passer de coordonnateur/trice à conseiller/ère à gestionnaire à directeur/trice. Les chemins peuvent varier d’un individu à l’autre; et toutes les entreprises n’appliquent pas la nomenclature des postes de la même façon. Aussi, le titre d’un employé ne suit pas toujours l’évolution de ses tâches… La question se pose alors : vaut-il la peine de se battre – ou du moins demander et insister – pour obtenir tel ou tel titre dans une entreprise?
Dans une publication récente du groupe des Professionnel.les des médias sociaux et du web du Québec, une coordonnatrice marketing « senior » oeuvrant seule dans son département se questionnait sur son lien hiérarchique avec un nouveau spécialiste en marketing numérique «junior», tout juste embauché. Le titre de « spécialiste » lui apparaissait plus « élevé », alors qu’elle devait malgré tout être « sa chef d’équipe ». Il en a résulté une conversation des plus intéressantes sur la pertinence des titres de poste dans une entreprise.
Le titre ne veut rien dire, a répondu Nicolas Rabouille, cofondateur de l’agence numérique Rablab. Surtout quand vous êtes deux dans l’équipe! Assure-toi d’être traité à ta juste valeur et d’avoir un salaire décent par rapport à la capacité de payer de ton boss, a-t-il ajouté. Tant que le respect de la hiérarchie est là – tu es la boss du nouveau – , le titre ne vaut pas grand-chose. »
Mae Drolet-Giroux, directrice de création et enseignante, avait un point de vue différent sur la question :
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ceux qui soutiennent que le titre n’a pas d’importance. Selon moi, c’est important pour deux raisons : 1 – clarifier le rôle d’un employé auprès des partenaires ou des fournisseurs externes 2- pour la suite d’une carrière; la crédibilité d’un professionnel sera bien différente s’il décide de changer d’emploi; avec l’expérience acquise, il lui sera plus facile de soumettre une candidature à un poste de direction. »
Marcos Gutierrez Costa, cofondateur de la start-up MangoLab, ne partage pas ce souci de perception externe.
Pour ma part, je ne m’inquiéterais pas trop de l’étiquette qu’une personne porte en dehors de l’équipe ou l’entreprise. Je mettrais surtout l’accent sur ce que le rôle apporte et représente au sein de l’entreprise. »
MangoLab n’a pas de « directeur/trice » ou de « gestionnaire » dans son organisation, mais plutôt des « leaders » ou des « mentors ». Voici comment Marcos Gutierrez Costa explique son approche de gestion :
Nous ne croyons pas dans une hiérarchie classique avec des rôles et des positions de pouvoir pour gérer les gens qui opèrent. Nous avons une organisation beaucoup plus organique, qui part de nos valeurs et de notre vision d’entreprise. Les rôles de leader et de mentor sont définis entre l’employé et l’employeur. À différents niveaux de la compagnie, nous avons déterminé comment un coéquipier peut être leader ou mentor dans son rôle. »
Un titre pour dominer l’autre
Anissa Kadi, conseillère en communication numérique, remet elle aussi en question la pertinence de « hiérarchiser » des rapports entre collègues de travail.
Je ne pense pas que cela soit un climat sain de travailler avec une personne qui cherche à savoir qui commande à qui. Les deux personnes sont employées au sein d’une compagnie qui n’est pas la leur, ils vont devoir collaborer ensemble sans forcément chercher à se dominer l’un l’autre. De nos jours beaucoup d’entreprises ne prêtent pas vraiment attention au titre. Si le poste et le salaire conviennent, je ne vois pas le problème. »
Des chiffres sur l’importance du titre d’emploi
En 2019, le site d’emploi My Perfect Resume a mené un sondage très intéressant auprès de 1 700 répondants – incluant des recruteurs et des travailleurs – afin de mieux comprendre l’importance que pouvait avoir le titre de poste dans une entreprise.
Voici les faits saillants de ce sondage :
- 7 personnes sur 10 croient à l’importance du titre du poste;
Et ce n’est pas juste une affaire de grandes entreprises :
- 49.3% des employés de petites entreprises (9 employés et moins) y accordent de l’importance.
Aussi, le titre peut devenir un levier de négociation salariale:
- 1 personne sur 4 a déjà essayé de négocier son titre de poste;
- De ce nombre, 45% disent avoir réussi à l’obtenir, pour un gain salarial de 3 477$ en moyenne;
- 35% des travailleurs seraient prêt à changer d’emploi pour obtenir un meilleur titre de poste.
Et pendant la recherche d’emploi:
- 12,7% des candidats ont déjà menti sur le libellé d’un titre de poste dans leur CV;
- De ce nombre, 38 % se sont fait prendre (!)
Bonne réflexion sur votre titre de poste!
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