Femmes de l’industrie: Maria Constantinescu, présidente de l’IABC/Montréal
Chaque mois, Isarta Infos vous propose l’entrevue d’une femme travaillant dans le marketing et la communication au Québec. Nous demandons à chacune d’elle de nous parler de son parcours, de sa vision du métier et de sa façon de concilier une vie professionnelle souvent très prenante avec une vie de famille bien remplie. Toutes ont pris de leur temps pour nous raconter un peu d’elles-mêmes, et c’est avec un grand plaisir que nous publions ces portraits de femmes de l’industrie.
Rencontre avec…
Maria Constantinescu, qui ne mène pas une mais deux carrières de front: conseillère principale en relations publiques à la Banque de Développement du Canada, elle est également la nouvelle présidente de l’IABC/Montréal. Celle qui est «tombée dans le bénévolat comme Astérix dans la potion magique» nous explique ce qui l’anime dans ce quotidien bien chargé. Rencontre avec une femme à l’énergie communicative.
Depuis juin dernier, vous êtes la présidente de la section montrealaise de l’International Association of Business Communicators (IABC): pouvez-vous nous raconter comment vous avez intégré cette association?
Maria Constantinescu: il y a trois ans, un ami m’a informée que l’IABC/Montréal était à la recherche d’un directeur des relations académiques. Je n’avais jamais fait de bénévolat, pas une seule seconde de ma vie, mais cette année-là, j’avais envie de dire plus souvent «oui» aux opportunités de développement de carrière qui s’offriraient à moi. Alors j’ai appliqué pour le poste, et ma candidature a été retenue: c’était le début de l’aventure! Mon mandat consistait à poursuivre la stratégie menée jusqu’alors par l’IABC dans ses relations avec les universités montréalaises. J’ai ensuite reçu la proposition d’occuper le poste de vice-présidente de l’association. Avec Alain Legault, qui était alors président, nous avons posé les bases d’un nouveau départ stratégique qui a porté ses fruits, car nous jouissons aujourd’hui d’excellentes relations avec nos partenaires des communautés d’affaires et de communications. Maintenant que je suis présidente, je vais continuer sur cette lancée, et je suis très enthousiaste à l’idée de mener à bien notre objectif pour la saison 2015-2016, qui est d’inviter nos membres et la communauté de communicateurs montréalais à explorer avec nous la frontière où le monde des communications rencontre celui des affaires. C’est un voyage qui nous emmènera ailleurs.
Votre position à l’IABC/Montréal vous prend certainement beaucoup de temps, en plus de votre profession. Comment arrivez-vous à gérer ces deux carrières?
Maria Constantinescu: le secret c’est de ne pas faire tout toute seule. J’ai la chance d’avoir une formidable équipe en place à l’IABC, composée de bénévoles motivés à beaucoup donner. C’est d’ailleurs ce qui permet à l’association d’agir efficacement bien qu’elle se trouve dans une situation singulière: le chapitre montréalais est administré à 100% par des bénévoles, il n’y a pas de personnel permanent. Mais ces bénévoles aiment leur profession et veulent un avenir pour elle: c’est ce qui nous permet de rester à l’affût des tendances, de proposer des événements de qualité chaque mois, le tout financé sainement. L’autre point, pour ce qui est de la vie bénévole, c’est d’avoir le courage d’agir en premier et d’avoir la certitude que l’on peut se voir pousser des ailes lorsque l’on en a vraiment besoin: à l’IABC, lorsque l’on accepte d’être vice-président, on accepte en réalité un mandat de six ans, car on passe ensuite président puis past-président. Si j’avais pensé à tout ça avant de dire oui, j’aurais peut-être eu peur. Mais j’ai surtout vu la passion des bénévoles, les résultats que l’on a réussi à obtenir tous ensemble, et je n’ai tout simplement pas pu dire non.
«Les femmes peuvent siéger au conseil d’administration de leur association professionnelle: c’est une opportunité particulièrement intéressante pour elles»
Pensez-vous qu’il soit d’autant plus important pour les femmes de faire partie d’associations professionnelles telles que l’IABC/Montréal?
Maria Constantinescu: dans cet univers dominé par l’immédiateté et la technologie, où des compétences variées sont nécessaires pour réussir, il ne suffit plus d’être un bon communicateur. Il faut aussi comprendre les réalités économiques et sociales, penser aux implications juridiques et éthiques. Nous vivons dans un monde de plus en plus complexe et les femmes comme les hommes ont tout intérêt à intégrer une association professionnelle pour affiner leurs compétences. Par contre, ce qui constitue une opportunité particulièrement intéressante pour les femmes, c’est qu’elles peuvent siéger dans les conseils d’administration des associations. On le sait, en règle générale, elles sont mal représentées dans les CA. Quelle meilleure occasion de s’essayer à la chose en bénévolat? Car les enjeux d’une association sont les mêmes que ceux d’une entreprise, il faut gérer des équipes, établir des priorités et des objectifs d’affaires, être profitable, bien gérer la croissance, bâtir sa marque, la faire rayonner, nouer des partenariats, etc. Le processus est le même, et l’apprentissage est riche, tout en étant sécuritaire.
La gestion du planning est un souci récurrent pour les femmes qui travaillent, d’autant plus lorsqu’elles ont une vie de famille. Si l’on y ajoute le bénévolat, comment se dégager suffisamment de temps pour tout faire?
Maria Constantinescu: je n’ai pas la recette miracle mais en ce qui me concerne, je suis tellement passionnée par ce que je fais que tout se déroule de façon naturelle et organique. Ce sont les débuts qui sont difficiles: avant de faire du bénévolat, je n’imaginais pas pouvoir faire autant de choses. Mais j’ai réalisé que lorsqu’on a besoin de temps, on le trouve. J’ai appris à me lever tôt et à me coucher tard, à être très disciplinée. Mais je le fais avec plaisir, et c’est ce qui est le plus important. Les gens n’hésitent pas à investir dans un outil techno, une voiture, un voyage, une maison. Moi, ce que j’aimerais, c’est qu’ils fassent le choix d’investir dans…eux-mêmes! Oui, je vous lance un défi: sous la forme d’un chèque en blanc, investissez dans une plage de 10 heures sur un mois, pour participer à une formation stratégique, qui compte pour vous et votre carrière. Donnez le reste du temps à un projet qui vous passionne. À la fin du mois, prenez du recul, évaluez, mesurez, et voyez si ça ne vous donne pas le goût de continuer. Pour moi, le choix était très clair.
«En étant bénévole dans une association professionnelle, on est constamment bien entouré, on est dans un univers qui respire la communication!»
Votre carrière initiale se trouve-t-elle nourrie de votre bénévolat à l’IABC Montréal ?
Maria Constantinescu: mille fois oui! Il existe un lien très fort entre mon travail à la BDC et celui à l’IABC, je ne peux pas l’ignorer. L’IABC m’a apporté, et continue de m’apporter, des satisfactions extraordinaires, la qualité de mon travail au quotidien est meilleure, de même que ma pensée stratégique. Notre profession de communicateur évolue tellement vite, entre la technologie et les nouveaux modèles d’affaires, la donne change presque tous les 6 mois! Si on veut raffiner ses compétences professionnelles et développer sa carrière, c’est difficile de faire ça tout seul. Au moins, en étant bénévole dans une association professionnelle, on est constamment bien entouré, on est toujours au courant des dernières tendances, on est dans un univers qui respire la communication! Ca ne peut qu’être bénéfique pour le développement d’une carrière.
Qu’est-ce qu’une carrière réussie, selon vous?
Maria Constantinescu: c’est une question difficile! Je pense que c’est d’être dans un processus de changement perpétuel, entouré de gens également en mouvement. Je suis comme les supporters de l’équipe football du Liverpool Football Club, je ne marche jamais seule! Tout simplement parce que c’est toute une aventure et la vivre au bon endroit, entourée des bonnes personnes, c’est une de mes plus grandes satisfactions.