Grande Démission : Quels profils d’employés ont le plus de chance de quitter leur emploi ?
Par Kévin Deniau
16 mai 2022
La firme de sondage, de recherche marketing et analytique Léger vient de dévoiler son rapport complet sur la Réalité Humaine : repenser les RH pendant la grande démission. Un document pertinent aussi bien pour les recruteurs que les candidats, dont voici les faits saillants.
« La Grande Démission », cette expression inventée par le professeur américain Anthony Klotz, lorsque des vagues d’employés ont commencé à quitter leur emploi lors de la pandémie de COVID-19, est la crainte de tous les gestionnaires et recruteurs en ce moment, surtout en cette période de pénurie historique de compétences sur le marché des talents. Dans sa première partie, l’étude de Léger revient sur quelques préjugés autour de cette notion.
Les jeunes ne veulent plus travailler !
Il existe beaucoup de stéréotypes négatifs sur les jeunes travailleurs. Mais sont-ils vraiment paresseux, comme certains le laisseraient entendre ou plutôt malavisés voire incompris?
Premier élément de réponse découvert par Léger : les 18-34 ans (en rouge dans le visuel ci-dessous) sont en effet beaucoup plus enclins à quitter leur emploi actuel que leurs aînés. Plus de la moitié de la population active âgée de 18 à 34 ans est ainsi susceptible de chercher un nouveau débouché pour sa carrière au cours des deux prochaines années, quelle que soit sa qualité de vie : 57 % de ces personnes se disent insatisfaites et 55 % se disent satisfaites.
La raison ? Pas vraiment une question de fainéantise mais plutôt de difficulté à trouver sa place et du sens dans leur travail.
Même si les jeunes travailleurs gagnent moins, un meilleur salaire ne représente pas la principale raison pour laquelle ils souhaitent changer d’emploi dans les deux prochaines années (comme c’était le cas pour les 35 ans et plus), indique le rapport. Les répondants âgés de 18 à 34 ans souhaitent plutôt travailler dans le domaine où ils ont étudié et se voir offrir des occasions de croissance et d’avancement, ce qui représente la pièce manquante de notre casse-tête. C’est là que se trouve le défi : formuler ce qu’ils veulent exactement. »
Les jeunes entre 18 et 34 ans sont ainsi beaucoup moins susceptibles de déclarer avoir une motivation et un sens à leur vie. Près de la moitié affirment qu’ils ne savent pas encore ce qu’ils attendent de la vie. En bref, la jeune génération veut réussir, mais elle a du mal à comprendre ce que cela signifie exactement pour elle.
Quele type d’employé êtes-vous ?
En tenant compte de l’ensemble de ces résultats, les équipes de Léger ont effectué une analyse par segmentation pour comprendre ce qui distingue et motive les différents employés sur le lieu de travail. Le résultat est particulièrement intéressant et peut même être amusant si vous souhaitez connaître votre profil : cinq segments d’employés sont en effet apparus.
Attention, l’amusement a des limites : le classement de ces 5 profils se fait… par ordre croissant de probabilité de chercher un nouvel emploi ! Les voici :
- Le pilier : stable mais stressé (16% de la main-d’oeuvre)
Comme son nom l’indique, ce persona a un risque faible de quitter son poste pendant la Grande Démission. Il est loyal, parce qu’il ne peut pas se permettre de s’inquiéter d’une perte d’emploi éventuelle, en raison d’un stress financier, et veut travailler dans un environnement « attentionné », « compréhensif » et « favorable ».
Il a le défaut de sa qualité : a un bon esprit d’équipe… mais fait passer ses propres besoins au second plan, au détriment de sa santé mentale ! Selon Léger, ce profil comprend plus de femmes (54 % contre 48 % de l’ensemble des répondants) et de personnes plus âgées.
Il est important d’aider le pilier à répondre à ses propres besoins, car ce segment est plus susceptible de se sentir négligé et d’avoir l’impression que ses besoins ne sont pas satisfaits. Aidez-le à identifier ce qu’il recherche dans sa carrière », conseille le rapport.
- Le loup solitaire : autonome et satisfait (18 % de la main d’oeuvre)
Risque faible aussi de son côté de quitter son poste pendant la Grande Démission pour ce loup solitaire qui a pour caractéristique d’être assez individualiste, autonome, à l’aise avec lui-même et il sait ce qu’il veut (plutôt un environnement de travail idéal « flexible » et « modulable » voire à distance).
Les employeurs ne devraient pas trop s’inquiéter pour ce segment, tant qu’il fournit un rendement adéquat et qu’il est en mesure de gérer sa charge de travail. Ne réparez pas ce qui n’est pas brisé! Le loup solitaire est satisfait du statu quo et n’a pas besoin d’une intervention, recommande Leger.
- Le fonceur : confiant et dynamique (41% de la main-d’oeuvre)
Ici, le risque de quitter son poste pendant la Grande Démission est faible. Ces personnes sont ambitieuses, confiantes, extraverties et compatissantes : elles trouvent de la valeur dans leur travail et se montrent plus fidèles à leur employeur que les autres segments.
Ceux qui valorisent les interactions interpersonnelles et la collaboration… mais qui sont aussi plus susceptibles de partir pour des raisons de croissance ou d’avancement professionnel.
- Le flâneur : malheureux et peu sûr de lui (15% de la main d’oeuvre)
Attention, risque élevé de quitter son poste pendant la Grande Démission pour ce segment ! Profondément malheureux, le flâneur ne trouve pas de but ni de sens à sa vie. Le travail n’est « qu’un emploi », pas une carrière, et il a plus de mal à décrire son lieu de travail idéal. Ce segment comprend plus d’hommes et un pourcentage plus élevé de jeunes (43% ont entre 18 et 34ans).
Selon le rapport :
Le flâneur a besoin d’un sens et d’un but à sa vie. Plus que de répondre à ses besoins financiers, il a besoin de sentir qu’il fait quelque chose d’utile, qui lui permet d’user de ses compétences. »
- Le rêveur : ambitieux mais perdu (9 % de la main-d’oeuvre)
Ce dernier profil présente un risque très élevé de quitter son poste pendant la Grande Démission : la réussite financière et le succès dans sa carrière sont très importants pour cet ambitieux. Il peut être facilement attiré par un salaire plus élevé et des promesses de quelque chose de « mieux », même s’il ne sait pas ce qui le rendra heureux en fin de compte.
Puisqu’il est axé sur sa carrière, ce segment présente beaucoup de potentiel s’il est en mesure de comprendre ce qu’il peut tirer de l’emploi et si les employeurs peuvent lui donner ce dont il a besoin.
Alors, dans quel segment vous situez-vous ?
Méthodologie :
Du 15 novembre au 1er décembre 2021, Léger a mené un sondage en ligne auprès de plus de 3 000 Canadiens qui sont actuellement employés, ou qui vont bientôt entrer sur le marché du travail ou le réintégrer. Les données ont été pondérées pour être représentatives de la population canadienne par âge, par genre et par région. À des fins de comparaison, un échantillon probabiliste de cette taille donnerait une marge d’erreur qui ne dépasserait pas ±1,8 % (19 fois sur 20).
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