« JOMO » au travail : quand déconnecter devient une source de joie
Par Kévin Deniau

2 avril 2025
Dans un monde professionnel où l’hyperconnexion est devenue la norme, une nouvelle tendance fait son apparition : le JOMO ou « Joy Of Missing Out » (la joie de passer à côté de certains événements). Un concept qui s’oppose directement au bien connu FOMO (« Fear Of Missing Out« ), cette peur constante de manquer quelque chose d’important. Décryptage.
On connaissait le FOMO voire le FOBO (Fear of Being Obsolete, la peur d’être dépassé) ou le FOPO (Fear of other people’s opinions, la peur de l’opinion des autres)… Apprenons désormais à découvrir le « JOMO », une sensation de plaisir à se déconnecter.
Il y a une grande valeur à se recentrer sur ce qui est important, à se mettre sur les lignes de côté pour se concentrer sur nos tâches, nos projets, nos responsabilités pour ensuite revenir vers les autres», explique ainsi à ce sujet dans la revue Gestion Alexandre Rousseau, avocat, chargé de cours au Département de management de HEC Montréal et consultant en affaires.
L’expression est loin d’être nouvelle. Ce néologisme vient de l’entrepreneur américain Anil Dash. Dans un article de blogue publié en 2012, il explique qu’alors qu’il vient d’être père, il s’est rendu compte que non seulement il ne regrette pas d’avoir mis de côté son cellulaire… mais qu’il en retire en réalité une vraie satisfaction ! Comme une joie de ne pas vivre certains événements qui se déroulent en parallèle.
Une dizaine d’années plus tard, l’expression est encore reprise, notamment sur Tik Tok où des internautes revendiquent ouvertement leur déconnexion – paradoxalement sur un réseau social !
Les bénéfices du JOMO en milieu professionnel
Adopter le JOMO dans sa vie professionnelle présente plusieurs avantages. Selon la Cleveland Clinic, cela permet ainsi :
- d’accroître sa productivité et sa concentration
- d’augmenter l’engagement dans ses relations
- d’améliorer son bien-être émotionnel et physique
Le JOMO consiste à se concentrer davantage sur la qualité de ce que vous faites plutôt que sur la quantité. Au lieu de chercher à assister à tout, il s’agit de vraiment se focaliser sur les activités ou les relations qui ont une grande importance pour vous, » explique la psychologue Susan Albers dans cette même publication.
Comment pratiquer le JOMO au bureau ?
Intégrer le JOMO dans sa routine professionnelle peut prendre différentes formes :
- Désactiver les notifications pendant certaines plages horaires
- Instaurer des périodes de déconnection de ses appareils électroniques professionnels pendant les pauses voire en dehors du travauil
- Définir clairement des moments de non-disponibilité auprès de ses collègues
Ce mouvement s’inscrit clairement dans une quête d’équilibre. L’idée n’étant pas de rejeter radicalement la technologie, mais plutôt d’opter pour une utilisation plus consciente et maîtrisée. Autrement dit, de reprendre le contrôle de sa relation au numérique plutôt que de la subir.
Le JOMO, c’est être capable de vivre dans le moment présent. Être capable d’apprécier ce que vous faites maintenant sans regarder à gauche et à droite et être jaloux ou anxieux de manquer quelque chose, » précise Tali Gazit, professeur agrégé de sciences de l’information à l’Université Bar-Ilan d’Israël, auprès du quotidien américain The Washington Post.
Pour que le JOMO puisse véritablement s’implanter dans les environnements professionnels, un changement de culture d’entreprise est souvent nécessaire. Les organisations doivent ainsi reconnaître le droit à la déconnexion et valoriser la qualité du travail plutôt que la disponibilité permanente ou le présentéisme.
Pour autant, attention à ne pas tomber d’un extrême à l’autre !
S’il y a un inconvénient au JOMO, c’est que la FOMO peut souvent être une motivation pour sortir de sa zone de confort et explorer de nouvelles choses. Le fait de voir ce que font les autres peut vous donner de nouvelles idées auxquelles vous n’auriez pas pensé », relativise ainsi Susan Albers.
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RH