La faiblesse du dollar représente-t-elle une opportunité pour le commerce en ligne au Québec?
Par François Nadeau
À la mi-janvier, le dollar canadien est passé sous la barre des 70 cents US, un creux jamais vu en 13 ans. Selon certains économistes, notre monnaie pourrait perdre encore davantage de valeur au cours des prochains mois.
C’est bien connu, lorsque notre monnaie se déprécie, cela a un effet bénéfique pour les exportateurs canadiens: leurs prix deviennent alors plus alléchants pour des acheteurs dont la monnaie a une valeur plus élevée.
À l’inverse, le phénomène décourage les consommateurs canadiens voulant acheter à l’étranger, notamment sur le Web.
Au Québec, on a souvent parlé de retard dans le développement du commerce électronique. Dans le contexte actuel, le dollar faible représente-t-il une opportunité pour les entreprises québécoises désirant développer leur offre d’achat en ligne?
Tirer rapidement profit du contexte actuel
Pour Stéphane Ricoul, PDG et fondateur de l’Académie du Numérique ainsi que de eComMTL, le contexte économique actuel représente bel et bien une opportunité. Mais encore faut-il vendre en ligne!
Pour les entreprises québécoises qui ne pratiquent pas encore le commerce électronique (88% en 2015 selon le CEFRIO), il suggère d’utiliser les vitrines déjà existantes et bien connues, dont Amazon ou Google Merchant Center.
Autrement, celles qui voudraient développer leurs propres outils risquent de voir le vent tourner avant d’avoir effectué leur première vente.
Et qu’en est-il des entreprises qui vendent déjà en ligne? Chez Frank & Oak, dont environ 70% de la clientèle est basée aux États-Unis, on mentionne que jusqu’à présent l’impact de la faiblesse du dollar est plutôt positif.
Même son de cloche chez Cartouches certifiées, qui vend par l’entremise de son site web, mais aussi  de différentes plateformes dont Amazon.
«La faiblesse du dollar nous est profitable, car nous avons un bon volume de ventes aux États-Unis», explique Matthieu Laroche, président de l’entreprise.
Celui-ci amène ensuite un bémol intéressant:
Puisqu’une grande partie des marchandises et pièces que nous achetons est importée des États-Unis, le taux de change augmente notre coût d’acquisition, et par conséquent le prix de nos produits lorsque ceux-ci sont vendus à notre clientèle canadienne.»
Des gains potentiels énormes
Selon une étude menée par l’Institut du Québec, pour 1 $ dépensé en ligne par les Québécois, à peine 0,25 $ reviendrait dans les poches des détaillants d’ici.
Selon cette même étude, une augmentation de 2 G$ par année du chiffre d’affaires des détaillants québécois réalisé au moyen du commerce électronique pourrait:
- générer une hausse du PIB du Québec de l’ordre de 550 M$,
- créer plus de 8 000 emplois à temps plein,
- ajouter 193 M$ de recettes gouvernementales supplémentaires.
Alors que l’économie est au ralenti, que la vente au détail connaît des difficultés à bien des égards et que le commerce électronique est en plein essor, espérons que le Québec saura vite rattraper  son retard.