La santé mentale des Canadiens serait (légèrement) moins affectée par une perte d’emploi que par une baisse de salaire
Par La Rédaction
2 juin 2020
Le deuxième rapport mensuel sur l’Indice de santé mentaleMC de Morneau Shepell, principal fournisseur de services de mieux-être globale, de santé mentale et de santé mentale numérique au pays, vient de paraître ce 2 juin. Il indique une hausse du sentiment d’isolement depuis le mois précédent, alors que la santé mentale de ceux qui ont perdu leur emploi est légèrement meilleure que ceux qui ont subi une baisse de salaire.
L’Indice révèle que, malgré un ralentissement de la propagation de l’épidémie et la réouverture progressive de la plupart des provinces, la COVID-19 continue d’avoir un impact négatif sur la santé mentale des Canadiens.
Pour le mois de mai, l’Indice indique toujours (de façon concomitante au mois d’avril) une baisse de 12 points par rapport au score de référence de 75 antérieur à la COVID-19. Au cours du mois précédent, les principaux facteurs qui ont entraîné l’affaiblissement de la santé mentale sont
- l’anxiété (-14 points),
- suivi de la dépression (-13,9),
- de la productivité au travail (-13,5),
- de l’optimisme (-12,3)
- et de l’isolement (-11,9)
Bien qu’il y ait une légère diminution de l’anxiété par rapport au mois précédent, il y a une augmentation plus importante du sentiment d’isolement. Malgré tout, l’autoévaluation de la santé psychologique générale a relativement peu changé (-1,2);
Par ailleurs, le score financier est supérieur de 1,1 point au score de référence, ce qui constitue une amélioration par rapport à avril. Cela laisse entendre que les Canadiens ont probablement commencé à prendre la pleine mesure de leur épargne en raison de cette crise. Cela dit, les personnes qui n’ont pas de fonds d’urgence obtiennent un score plus faible pour la santé mentale (-24,3) que l’ensemble du groupe.
Et selon les provinces ?
L’Indice de santé mentaleMC continue de reculer au Québec aussi, venant se nicher à -12,3 au mois de mai comparativement au score de référence, alors qu’il se situait à -12,2 en avril.
À travers le pays, les indices de santé mentaleMC du Manitoba et de l’Alberta sont en légère amélioration par rapport au mois précédent, mais demeurent les plus faibles, avec respectivement -13,4 et -13,2 pour le mois de mai.
Les scores de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et du Québec ont enregistré un nouveau recul en mai, consécutivement à avril.
Alors que nous entamons le troisième mois depuis que l’OMS a déclaré que la COVID-19 est une pandémie mondiale, il subsiste de nombreuses questions entourant la reprise de l’économie et ce que signifie la levée des interdictions pour les Canadiens, explique Stephen Liptrap, président et chef de la direction. La mise en péril continue de la santé mentale et du mieux-être des Canadians nous montre qu’il y a encore beaucoup d’efforts à déployer pour atténuer la dimension critique de cette crise de santé publique. Alors que nous commençons à voir la fin des mesures de confinement strictes, nous devons demeurer vigilants quant au soutien en santé mentale et ne pas perdre de vue cet enjeu.»
Pa ailleurs, la plus grande augmentation du stress d’un mois à l’autre est constatée chez les résidents de la Colombie-Britannique (71,0), suivi de l’Alberta (68,8), des Maritimes (68,5) et du Québec (68,4). Les répondants qui habitent dans les provinces où le stress mental est plus faible ont également connu des augmentations significatives. Il s’agit notamment de l’Ontario (67,7), suivi de Terre-Neuve-et-Labrador (66,7), du Manitoba (65,3) et de la Saskatchewan (65,2).
Des disparités selon la population
La tendance relevée en avril est demeurée la même : les femmes sont plus susceptibles de signaler une incidence négative de la pandémie sur leur santé mentale, avec un score moyen de -13,9 points (par rapport à -9,2 points observés chez les hommes). De plus, plus le groupe d’âge est jeune, plus le score à l’Indice de santé mentale est faible.
Dans les ménages comptant un enfant, le score à l’Indice de santé mentale est de -13,7 points, et de -9,2 points dans les ménages comptant trois enfants ou plus. En comparaison, les ménages ne comptant aucun enfant ont obtenu un résultat de -10,7 points.
Quant aux personnes qui ont accès à un programme d’aide aux employés, soit directement ou par l’entremise de leur partenaire, les répondants ont rapporté une meilleure santé mentale (-10,7 points) par rapport à celles qui ne bénéficiaient pas de ce service (-12,4).
L’impact du maintien de l’emploi ou de la diminution de salaire sur la santé mentale
61 % des Canadiens ont déclaré dans l’étude avoir conservé leur emploi au même salaire, tandis que 28 % ont indiqué avoir subi une réduction des heures travaillées ou de salaire et 12 % sont sans emploi.
Ceux dont le salaire est resté le même ont obtenu le meilleur score en santé mentale (-9,4 points). Chez les personnes qui ont gardé leur emploi mais ont connu une baisse de salaire, le résultat est lui de -15,4 points. Étonnement, celles n’ayant plus d’emploi est très légèrement meilleur (-15,2 points).
Du point de vue des secteurs d’activité, le personnel des soins de santé s’en tire un peu mieux que la population en général sur le plan de la santé mentale (respectivement -11 points par rapport à -12). Bien que la présence d’agents stressants dans ce secteur soit incontestable, le soutien et la reconnaissance manifestés par le grand public peuvent exercer un effet bénéfique sur les travailleurs du domaine de la santé.
Les personnes employées dans les secteurs des services publics, des arts, spectacles et loisirs et du transport/entreposage ont connu un déclin de leur santé mentale depuis le mois dernier, alors que les personnes dans les secteurs du commerce de gros, de la finance et des assurances ont constaté la plus grande amélioration.
Notre Indice de santé mentale montre que les Canadiens ont du mal à s’adapter aux changements qui concernent leur façon de socialiser, de travailler et de maintenir leur santé et leur mieux-être globaux, souligne Paula Allen, première vice-présidente, Recherche, analytique et innovation. Nous voyons également que certains facteurs ont une incidence notable : la perte de salaire même en conservant un emploi, le soutien et la reconnaissance liés au travail et les risques auxquels on doit faire face, et si l’organisation possède un PAE. Nous devons continuer à suivre de près l’évolution de cette situation. En portant une plus grande attention à la santé mentale et en offrant plus de soutien, nous espérons voir une amélioration de cet état général alarmant. »
Pour près d’un tiers des Canadiens, les perturbations ne vont disparaître qu’en 2021
Une grande majorité des participants (73 %) indique que la pandémie de COVID-19 a une incidence négative sur leur santé mentale. Près de la moitié des participants (46 %) déclare que, même s’ils en ressentent les répercussions, ils s’estiment capables de tenir le coup;
Tandis que 27 % signalent qu’ils sont plus inquiets et 12 % indiquent que la pandémie a une incidence très négative ou qu’ils sont en crise.
La quasi-totalité (95 %) des participants indiquent avoir vécu certaines perturbations dans leur vie personnelle en raison de la pandémie de COVID-19. La plus grande proportion de répondants (28 %) croit que les perturbations qu’ils ont connues disparaîtront en 2021, ce qui constitue un changement par rapport au mois précédent, où la majorité indiquait ressentir que les perturbations disparaîtraient en juin.
Les personnes croyant que les perturbations causées par la pandémie dans leur vie personnelle se prolongeront sont plus susceptibles de voir leur santé mentale décliner en raison de la pandémie.
Méthodologie :
Cette enquête mensuelle de Morneau Shepell a été menée au moyen d’un sondage en ligne en anglais et en français du 30 avril au 11 mai 2020, auprès de 3 000 répondants au Canada. Tous les répondants résident au Canada et étaient employés au cours des six mois précédents. Les données ont été pondérées statistiquement pour assurer que la composition régionale et hommes-femmes de l’échantillon est représentative de cette population. La marge d’erreur de cette enquête est de plus ou moins 3,2 %, 19 fois sur 20. L’Indice de santé mentaleMC est publié une fois par mois depuis le mois d’avril 2020, et compare les scores obtenus aux données de référence recueillies en 2017, 2018 et 2019.
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