La théorie des «3 C» : une porte d’entrée pour adopter l’IA en entreprise

11 décembre 2025
Il n’est pas toujours évident de savoir comment intégrer concrètement l’IA générative dans son flux de travail. Dès janvier prochain, le consultant numérique Mathieu Hétu propose une série de conférences pour mieux comprendre comment elle peut amplifier notre performance au travail. Il nous explique son approche des « 3C ».
L’IA générative offre beaucoup de possibilités, mais, face à une page blanche, plusieurs professionnels ne savent pas par où commencer… Quelle est votre approche pour lancer la réflexion ?
Mathieu Hétu : Dans mes formations, j’aime dire aux participants qu’ils ont une armée de « 3C » à leur service, qui correspond à trois modes de collaboration avec l’IA.
Le premier est celui de «Commis». On peut utiliser l’IA pour tout le travail administratif laborieux à faire : corriger les photos d’un texte, mettre des données en graphique, classifier des informations, etc.
Ensuite, il y a tout le travail que l’on demanderait à un «Collègue» : peux-tu me traduire ou synthétiser ce texte ? Peux-tu me donner ton avis ? Peux-tu me dire si le style est constant ? etc.
Et le troisième est le mode « Coach », qui est selon moi le moins utilisé.
Peux-tu nous parler davantage de cette dernière modalité?
M. H. : Les modèles LLM ont été entraînés sur des milliards de textes. Et contrairement à ce que les gens pensent, ils n’ont pas appris par cœur le texte qu’ils ont lu. Ils ont analysé les structures, la stylistique, l’arrangement des mots, les liens entre les termes, les concepts.
Il y a un genre de sagesse qui est mélangée, structurée ou sauvegardée, dans ces applications. Lorsqu’on veut obtenir un point de vue extérieur, ou lorsqu’on aimerait poser une question à un expert, il ne faut pas hésiter à l’utiliser. Si on lui donne suffisamment de contexte, il va nous ouvrir des portes.
L’approche est intéressante pour comprendre « comment » collaborer avec l’IA. Mais comment savoir à quoi l’IA générative est « bonne » ? Quelles sont ses forces et ses faiblesses ?
M. H. : Pour savoir où utiliser l’IA, j’aime aborder cette question en termes de compétences. Plutôt que d’enseigner les fonctionnalités d’un logiciel spécifique, je préfère montrer aux entreprises comment intégrer l’IA dans leur profil de compétences. Lorsqu’on cartographie les 7-8 compétences où l’IA peut venir aider, on comprend le rôle qu’elle peut jouer pour nous. L’IA peut faire de la recherche, de la rédaction créative, etc.
Aussi, avant d’automatiser un flux de travail à l’IA, je conseille aux entreprises de l’utiliser manuellement pour comprendre où elle répond bien et où ses résultats sont moins fiables. À l’usage, on comprend où positionner les cerveaux de notre entreprise, pour exercer leur jugement critique et leur créativité.
Les outils d’IA générative sont-ils à prendre tel quel, ou est-ce possible de les entraîner ou de les personnaliser?
M. H. : Quand les employés ont franchi les premières étapes d’adoption – ils comprennent les biais, les enjeux, ils ont développé un esprit critique, ils ont un bon niveau de collaboration – l’étape suivante est de configurer ses systèmes.
Car ça peut être fatiguant de toujours téléverser des fichiers de référence ou de réexpliquer à l’IA quels sont les paramètres d’analyse. Une entreprise peut alors commencer à insérer de l’intelligence organisationnelle, c’est-à-dire, toutes les informations qui lui sont propres.
Au chapitre des tendances RH, certaines personnes annoncent qu’il faut déjà commencer à développer des compétences de « gestion » des agents d’IA – comme s’il s’agissait de vrais employés. Pour toi, est-ce de la fiction?
M. H. : C’est déjà commencé! À un certain niveau de maturité, des entreprises commencent à intégrer des collègues numériques dans leur flot de travail. Ce sont des IA que l’on a configurées avec une personnalité.
Les salariés vont collaborer comme s’ils travaillaient avec des gens. Dans le domaine de la construction, l’entreprise québécoise Nexa Staff a créé une collègue numérique qui est utilisée pour contacter par téléphone les responsables de chantier afin de mettre à jour l’avancement des travaux !
Découvrez les formations IA de Mathieu Hétu :
Sur le même thème
formations • IA
