Le genre influence-t-il le type de créativité ? Reviewed by Philippe Jean Poirier on . « Un » grand artiste, «un» grand écrivain, «un» grand chef cuisinier… Dans la société occidentale, il semble avoir longtemps plané le préjugé que les « Un » grand artiste, «un» grand écrivain, «un» grand chef cuisinier… Dans la société occidentale, il semble avoir longtemps plané le préjugé que les Rating: 0

Le genre influence-t-il le type de créativité ?

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« Un » grand artiste, «un» grand écrivain, «un» grand chef cuisinier… Dans la société occidentale, il semble avoir longtemps plané le préjugé que les hommes seraient plus « créatifs » que les femmes. En se référant, pour supporter cette thèse, aux grands artistes d’époque passés… durant lesquelles les femmes avaient peu ou pas de droit d’expression. Or, les études récentes montrent que si la créativité a un genre, il n’est pas nécessairement masculin !

Dans les dernières années, la société a semblé prendre un virage vers une organisation moins genrée. Or, paradoxalement, de nouvelles études continuent à être produites pour comprendre les différences de genre dans la créativité. En 2021, une équipe de recherche basée au Brésil a analysé 133 publications sur le genre en créativité paru de 1975 à 2020 pour conclure que :

  • 45,2 % des études rapportent des différences de genre, à l’avantage des femmes ;
  • 23,28 %, rapportent des différences de genre, à l’avantage des hommes ;
  • 31,5 % rapportent des avantages à l’un et l’autre des genres, selon ce qui est évalué.

Les auteurs concluent qu’ils n’existent pas de « consensus » sur le fait qu’un genre serait « plus » créatif que l’autre. Première mise au point.

Une autre étude, cette fois publiée en 2024, a fait une revue de la littérature portant sur les différences de genre dans le domaine de « la pensée divergente » (213 études) et « la variabilité » de la créativité dans une population démographique (187 études). Les résultats ? Globalement, les femmes sont « légèrement » plus créatives que les hommes, sauf que ceux-ci ont une courbe de créativité plus large, avec plus d’hommes très peu créatifs ou extrêmement créatifs dans les extrêmes.

Exemple d’une répartition avec une plus grande variabilité (Source : Wikipedia)

Créatifs, mais pas de la même manière

Cette dernière étude supporte la « Greater Male Variability Hypothesis (GMVH) », une thèse utilisée pour justifier que l’on trouverait plus de « génies » créatifs masculins dans les livres d’histoire. Toutefois, avant de conclure trop rapidement de la dominance créative d’un genre ou l’autre, il y a lieu de se demander si toutes les formes de créativité ont toujours été valorisées par le passé.

Car tout un autre rayon d’études sur la créativité cherche davantage à savoir si les genres ont des forces ou des traits de créativité différentes. Cette année encore, une équipe de recherche a montré, à travers une revue de la littérature portant sur 753 études et 265 762 participants, que les femmes avaient une tendance à privilégier la créativité « collective » (« communal pathways ») alors que les hommes avaient tendance a préféré des projets créatifs individuelles et autonomes (« agentic »).

Vers un déclin des différences

Une étude de 2021 vient remettre tout le débat en perspective, notant une décroissance des différences de genre « au fil du temps », et selon le contexte culturel.

Un examen des modérateurs contextuels révèle que l’écart de genre en matière de créativité dépend de plusieurs facteurs sociaux et culturels. Nous observons une diminution de l’écart de créativité entre les genres lorsque la culture nationale de l’échantillon est communautaire [privilégie la création « collective »], et une augmentation lorsqu’elle est agentique [privilégie la créativité « individuelle »]. Les résultats montrent également que l’écart de genre tend à diminuer au fil du temps, mais la composition par sexe de l’industrie n’a pas influencé cet écart. »

Finalement, prenons soin de rappeler que la créativité est « humaine », avant toute chose.

La créativité devrait être valorisée dans différents contextes et encouragée chez tous les individus, indépendamment du genre, de l’âge ou d’autres caractéristiques sociodémographiques, rappellent les auteurs de l’étude brésilienne. C’est seulement de cette manière qu’elle peut être explorée : comme un potentiel présent en chacun, afin de favoriser l’épanouissement personnel et professionnel. »




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