Le zèbre : nouveau modèle entrepreneurial des Milléniaux ?
13 mai 2019
Des statistiques suggèrent que les Milléniaux n’ont pas la fibre entrepreneuriale. Et si c’était plutôt qu’ils avaient une conception différente de l’entrepreneuriat?
On dénotait, jusqu’à récemment, un fort engouement des Milléniaux pour l’entrepreneuriat : de 2009 à 2016, le taux de Milléniaux ayant « l’intention » de se lancer en affaires est passé de 11% à 42,2%.
Or, voilà que la tendance s’est inversée en 2017 (39,5%) pour retomber à 36,9% en 2018. Plus inquiétant encore : peu d’intention se traduise en démarche concrète aboutissant à un projet entrepreneuriale. Au Québec, le taux de Milléniaux propriétaires a bougé d’un maigre de 0,1% en 10 ans, pour atteindre 3,9 % en 2018. Aux États-Unis, ce taux plafonne à 2% en 2016, révélait une étude de Small Business.
Que s’est-il donc passé pour qu’une génération éprise de liberté investisse si peu d’effort pour voler de ses propres ailes et se lancer à son compte ? La réponse réside peut-être dans les modèles d’affaires mis de l’avant dans les médias.
La PME opposée à la jeune pousse « licorne »
Dans le monde entrepreneurial, on a l’habitude de distinguer deux types d’entreprises. On a d’un côté l’entreprise familiale, la PME (ou le life-style business en anglais), qui compte sur de modestes revenus récurrents pour faire vivre un petit groupe d’employés.
De l’autre, on a la start-up, souvent sans revenu immédiat, mais portée par une idée révolutionnaire, qui carbure au capital de risque dans le but hypothétique de générer des revenus qui multiplieront par 10 la mise de départ. Au point, pour certaines, de devenir des licornes dans la Silicon Valley.
Or, dans les faits, ces deux approches ne semblent pas convenir aux Milléniaux. C’est du moins la théorie d’un groupe d’entrepreneures américaines de la nouvelle génération, qui a décidé de proposer une troisième voie : celle du « zèbre ».
Faites place au zèbre, l’entreprise à vocation sociale
Si tu tentes de construire une entreprise dans le secteur des services, dans le but de résoudre un problème pour une communauté en particulier, l’accent n’est pas dans la croissance, les gens ne sont pas à la recherche d’une stratégie de sortie », a expliqué à The Pitch Jennifer Brandel, signataire du manifeste des Zèbres.
Ces gens désirent résoudre un problème pour une communauté, tout en gagnant un salaire décent. Ils ne sont pas une entreprise familiale, car ils ont un rêve et une vision, mais le but n’est pas non plus d’enrichir un investisseur avec un retour de 10 fois la mise. Ils cherchent à régler un problème dans la société, et il n’y a pas de financement pour cela. »
C’est pour cette raison que les entrepreneures ont décidé de faire la promotion de ce nouveau modèle d’affaires hybride, se situant entre l’organisme à but non lucratif et la start-up en croissance. Ainsi est née l’analogie du zèbre.
Un zèbre est un animal blanc et noir : pour le profit et pour la mission. Et aussi, c’est un animal dont l’avantage compétitif est dans la coopération. »
Pour que ce modèle demeure viable, le fondateur de ce type d’entreprise doit réorienter ses priorités :
On doit se concentrer sur les revenus, d’abord et avant tout. On ne peut pas uniquement se fier à notre vision, et attendre le jour où on aura cent mille utilisateurs pour activer la marche à faire de l’argent avec du placement publicitaire. [NDLD : comme la fait Facebook, en attendant d’avoir des millions d’utilisateurs avant de monétiser sa plateforme] (…) Peut-on créer rapidement un produit qui répond à un besoin et pour lequel une personne acceptera de payer ? »
L’accent est ainsi mis sur les revenus plutôt que le nombre d’utilisateurs. Et l’entreprise doit trouver le moyen de faire de l’argent à partir du premier client. Mais elle est aussi motivée par sa mission sociale, qui est une notion importante pour la génération montante.
Un modèle taillé pour les Milléniaux québécois
Le modèle d’affaires de l’entreprise « zèbre » semble en tout point taillé pour le marché québécois, où les chances de voir sa start-up croître de manière exponentielle sont plutôt rares.
On peut même imaginer qu’il s’agisse en fait déjà du modèle dominant de la nouvelle génération. Surtout lorsqu’il s’agit d’entreprises qui œuvrent sur le Web. D’ailleurs, les jeunes entreprises du « fintech » que nous avions couvert l’an passé combinaient toutes plus ou moins une mission sociale avec un objectif de profitabilité (Hardbacon veut éduquer les investisseurs et Mylo veut aider les Milléniaux à économiser pour la retraite).
Ne reste plus qu’à faire une promotion plus franche et plus ouverte de ce modèle hybride, pour mieux soutenir les Milléniaux qui se lancent en affaires !
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