Les RH sont-ils plutôt du côté des employeurs que des employés?
8 octobre 2024
Un sondage provenant des États-Unis dresse un portrait peu flatteur du département RH, trop souvent vu comme étant «au service du patron» plutôt que des employés. Avons-nous ce même problème de ce côté-ci de la frontière? Analyse.
Selon ce sondage mené auprès de 1 000 participants par le site MyPerfectResume.com, 85% des travailleurs américains ont « peur » de leur représentant RH. Et 86% ne se sentent pas à l’aise d’apporter un problème au RH.
Près de 9 sur 10, ce qui est à la fois astronomique et inquiétant, lorsque l’on considère que les conseillers RH sont là, sur le papier, pour veiller au bien-être des employés. Selon un article du Guardian, des employés se sentant lésés iraient même jusqu’à embaucher leur propre représentant RH, pour poursuivre leur employeur dans des situations de harcèlement.
Qu’en est-il au Québec ? Doit-on craindre un tel ressac contre le département RH? Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des CRHA, nous pointe vers les résultats d’un sondage de l’Ordre mené au début de l’année 2024, à propos de la confiance envers son organisation pour prendre une plainte pour harcèlement au sérieux.
Avec 70 % de confiance, le résultat n’est pas si mal, tout compte fait.
Dans un monde utopique, on aimerait bien sûr que ce nombre soit 100%, dit Manon Poirier. Toutefois, pour une mesure de confiance, 70% est un score positif. Ce qui est intéressant de voir, c’est que les répondants qui avaient au sein de leur organisation un professionnel spécialisé en ressources humaines étaient plus nombreux mentionner qu’ils avaient confiance (85 %) », détaille-t-elle.
Du conseil plus que des décisions ?
Est-ce à dire que tout est parfait ? Sans doute que non. Yvonne Sesonga CRHA, consultante en diversité, équité et inclusion, fait le constat suivant :
En discutant avec les professionnels RH de mon réseau, je sens que la confiance envers le département RH a été érodée ces dernières années. Souvent, le sens de conformité est transféré aux gestionnaires, et les RH se cachent sous un rôle de conseil et non de décisionnaires », analyse-t-elle.
Dans l’article du Guardian («‘HR is not your friend’: why frustrated workers are hiring reps of their own»), Peter Cappelli, chercheur à la Wharton School of Management, soutient que « les RH travaillent pour l’entreprise et l’employeur. Ils n’ont aucune obligation envers les employés. » Or, Manon Poirier conteste cette idée.
Il existe certainement des gens qui pensent, encore aujourd’hui, que les RH sont au service de l’employeur, reconnaît la DG de l’Ordre. Toutefois, je crois que l’époque où on opposait employeurs et employés est révolue. Les pratiques RH ont beaucoup évolué. Dans plusieurs organisations, le rôle des ressources humaines est d’influencer, de convaincre et soutenir l’application des meilleurs pratiques RH. »
De plus, Manon Poirier rappelle que, dans la déontologie des CRHA, les conseillers ont l’obligation d’adopter «une posture neutre et indépendante» pour faire des recommandations visant «l’intérêt général».
L’article du Guardien attribue une part de la grogne à un manque de sensibilité sur les questions de diversité. Encore une fois, la DG de l’Ordre conteste la thèse, en soulignant, d’une part, qu’il n’y a jamais eu autant de nomination de responsable en EDI dans les organisation, puis en rappelant que les CRHA ont porté le message de l’inclusion et de la diversité bien avant que la question prenne l’avant-scène de l’actualité.
Ça fait très longtemps que les gens de RH veulent aller plus loin dans le dossier de l’EDI. Il y a quelque chose qui s’est passé au niveau de la société. Il y a un élan et un intérêt de la haute direction à regarder ces pratiques. C’est une très belle nouvelle. »
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