Prédiction 2019 : Et si le respect de la vie privée en ligne devenait un argument marketing ?
11 janvier 2019
George Orwell – l’auteur de 1984 – avait tout faux. Ce n’est pas le gouvernement qui nous épie, ce sont les géants du Web. Sans trop d’effort, d’ailleurs! Nous avons jusqu’à maintenant foncé tête baissée dans tout ce que le Web et le numérique avaient à nous offrir… Un retour du balancier s’impose, à la faveur de la vie privée.
À bien des égards, l’année 2018 ressemble à un interminable lendemain de veille carabiné, où nous prenons conscience de tous les travers du Web. Google, Apple, Amazon et Netflix qui s’enrichissent sans payer leur juste part d’impôt. Facebook qui devient un outil pour déstabiliser les démocraties. Et quoi encore.
Les gouvernements ont commencé à réagir. En Europe surtout, où les politiques ont passé une législation somme toute assez contraignante (le Règlement général sur la protection des données ou RGPD), qui oblige entre autres les compagnies numériques à activer la confidentialité comme « mode par défaut », sur les applications qu’elles développent.
Et devinez quoi ? Facebook, Google, Amazon, Netflix et tous les autres titans de la Silicon Valley s’y sont conformés, alors que depuis toujours on nous dit que le Web est « indomptable »!
C’est maintenant à nous, en tant qu’Internautes, consommateurs et utilisateurs de téléphones intelligents de prendre le relais, en adoptant des comportements plus conséquents face à notre désir de vie privée (après tout, 57 % des Canadiens se disaient préoccupés ou très préoccupés au sujet de la protection de leur vie privée en 2016).
La « virginité numérique » comme cadeau
Pour certains, la prise de conscience est déjà engagée. Prenons l’exemple de ces parents qui remettent en question la vie numérique qu’ils « imposent » à leurs enfants – en publiant leur album de famille sur Facebook ou Instagram, sans se donner la peine d’activer les paramètres de confidentialité.
J’ai passé un bon mois à nettoyer ce que je pouvais sur Facebook – sachant que ça ne serait pas nécessairement « supprimé », mais que, au moins, ça ne sera plus en circulation, raconte la stratège numérique Rachelle Houde Simard, qui a décidé de « protéger le lègue numérique » de ses enfants.
On peut voir ce geste comme un cadeau, pour le jour où ses enfants seront grands : sans doute apprécieront-ils le fait qu’aucune photo d’eux ne circule librement sur le Web, et que les entreprises n’ont pas un profil de consommateur déjà détaillé pour eux.
Je n’ai pas toujours été aussi fervente, mais, depuis quelques années, j’utilise même très peu leurs noms sur le Web. »
La stratège ne prétend pas être parfaite :
Je dois avouer que j’ai partagé quelques photos de mes filles sur Facebook à Noël… mais c’était sur un compte réservé aux amis, et je n’ai pas utilisé leur nom! » se défend-elle en riant.
Répondre à la demande
L’année 2019 sera l’occasion de voir comment les compagnies de la Silicon Valley s’adapteront au nouveau paysage législatif du RGPD, mais aussi comment elles se réinventeront pour répondre au besoin de vie privée des Internautes et des consommateurs. De nouveaux joueurs profiteront-ils des scandales répétés de Facebook pour s’imposer ? Nous le découvrirons bien assez tôt!
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