Prêt pour un cours de biologie RH?
Les chercheurs puisent régulièrement leur inspiration dans la nature pour comprendre les comportements humains. Nous vous présentons deux études qui utilisent le parallèle du règne animal et de la biologie pour jeter un nouvel éclairage sur les relations humaines et les relations de travail.
23 mars 2018
Le premier exemple vient d’Europe.
Le biologiste et auteur Pablo Servigne remet en question l’idée que la compétition serait la seule «loi» qui régit le règne animal. Il a coécrit un livre dont le titre annonce assez bien la thèse défendue: L’Entraide. L’autre loi de la jungle.
Le chercheur résume son propos au Nouvel Observateur:
Il ne s’agit pas de nier qu’il y a de la compétition, de l’agression, de l’égoïsme, mais c’est stressant. La compétition, c’est bien, sur un temps limité. Mais c’est risqué et dangereux. Et les animaux l’ont bien compris, puisqu’ils ne rentrent en compétition que très rarement.»
Il s’agirait donc d’une idée reçue (une idée implantée très tôt à l’école, puis renforcée à l’université et en entreprise) que la compétition est ce qui nous tire vers le haut et que l’égoïsme est ce qui nous définit comme humains.
Pablo Servigne plaide l’exact contraire. Tous les êtres vivants participent à des relations d’entraide et c’est ce qui rend leur survie possible.
Les bactéries s’associent pour faire des biofilms pour survivre en milieu hostile. […] Les arbres s’associent, s’échangent des nutriments via les racines, entre espèces différentes, des plus forts aux plus faibles.»
Ce n’est pas nécessairement les groupes les plus forts qui survivent, insiste le biologiste, mais les plus coopératifs. […] Comprendre que la nature n’est pas seulement régie par l’unique loi de la jungle, de la compétition, mais par la compétition ET la coopération a des implications politiques et économiques majeures, et permet d’entrevoir la possibilité de redessiner, de reconcevoir des institutions radicalement différentes. Et ça change tout.»
Inspirant!
Quand la parité ne suffit pas
L’autre exemple de parallèle avec la biologie provient de la firme Global Management Consulting (GMC), qui s’est penchée sur la notion de diversité en biologie pour alimenter sa réflexion sur la diversité en entreprise.
Les chercheurs de GMC sont partis du principe suivant:
La diversité est cruciale dans le fonctionnement et la survie de n’importe quel organisme ou système complexe autoadaptatif, incluant une organisation.»
La diversité est le pilier fondateur permettant aux organismes et aux organisations de faire preuve de «résilience» et de capacité «d’adaptation», observent les chercheurs.
Mais, comment implanter la diversité dans un monde corporatif qui en manque cruellement? GMC soutient que fixer des objectifs de parité ne suffit pas en soi:
Plusieurs programmes de diversité incluent des cibles compositionnelles, telles que s’assurer que le personnel reflète la composition démographique de la population environnante. Cette approche est entièrement défensive comme manière d’éliminer les biais, qui sont par ailleurs injustes et contreproductifs. Mais rien ne garantit que le résultat corresponde aux ressources nécessaires pour relever un défi en particulier.»
Les chercheurs s’inspirent ainsi de la biologie pour ajouter deux mesures organisationnelles visant à libérer le «pouvoir de la diversité». Il s’agit des notions de sélection et d’amplification.
Pour qu’une organisation puisse se diversifier, il serait préférable d’accorder une plus grande autonomie aux différents secteurs de l’organisation pour ensuite «sélectionner» et «amplifier» les initiatives qui débouchent sur l’innovation et la productivité.
Les géants du Web l’ont compris mieux que quiconque, en créant un équilibre entre leurs départements de production et de recherche. Ils ne sont jamais à court d’idées quand le marché prend une nouvelle tangente ou un virage abrupt!