Que pensent les pros du Web québécois des annonces de Mark Zuckerberg sur les changements de politique de modération de Meta ? Reviewed by Philippe Jean Poirier on . Source : vidéo sur Facebook de Mark Zuckerberg 15 janvier 2025 En réaction aux élections de Donald Trump en novembre dernier, une nouvelle secousse sismique vie Source : vidéo sur Facebook de Mark Zuckerberg 15 janvier 2025 En réaction aux élections de Donald Trump en novembre dernier, une nouvelle secousse sismique vie Rating: 0

Que pensent les pros du Web québécois des annonces de Mark Zuckerberg sur les changements de politique de modération de Meta ?

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Source : vidéo sur Facebook de Mark Zuckerberg

15 janvier 2025

En réaction aux élections de Donald Trump en novembre dernier, une nouvelle secousse sismique vient de survenir dans le monde des médias sociaux, avec l’annonce de Mark Zuckerberg de revenir « aux racines » de Facebook en termes de modération de contenu. Le PDG aux boucles d’or en a profité pour mettre la faute au mouvement « Woke », qui serait allé « trop loin pour faire taire leurs adversaires, particulièrement aux États-Unis». Analyse et réactions au Québec.

La séquence vidéo de 5 minutes vaut la peine d’être écoutée. Publiée le 7 janvier dernier, Mark Zuckerberg y apparaît dans sa version bling-bling, chevelure bouclée et chaîne aux coups, pour faire le constat que les « systèmes complexes » de modération de contenu mis en place ces dernières années sur Facebook étaient un échec.

Le problème des systèmes complexes, c’est qu’ils font des erreurs. Même si on ne censurait accidentellement que 1% des publications, cela signifie des millions de publications. Nous avons atteint un point où il y a juste trop d’erreurs et de censures. De plus, les plus récentes élections semblent être un point de bascule culturel, pour à nouveau prioriser la parole. Donc, nous retournons à nos racines, en nous concentrant sur la réduction des erreurs, la simplification de nos politiques, et la restauration de la liberté d’expression sur nos plateformes. »

Il pointe vers une série d’actions à venir, notamment :

  • remplacer les vérificateurs de faits par des notes de communauté «similaires à X»,
  • réintégrer le contenu politique dans le fil d’actualité,
  • lever des restrictions sur les thèmes de l’immigration et l’identité de genre,
  • déplacer les modérateurs américains de Meta au Texas (pays d’accueil de Joe Rogan) parce que les modérateurs californiens étaient trop biaisés (!)

Ce qui a commencé comme un mouvement pour être plus inclusif est devenu un outil pour faire taire les opinions et les gens qui ont des idées différentes. Et c’est allé trop loin. Je veux m’assurer que les gens peuvent partager leurs convictions et leurs expériences sur notre plateforme, » poursuit l’entrepreneur.

Facebook et X… même combat!

Sur le groupe Facebook des Pros du Web, les réactions ne se sont pas faites attendre. Plusieurs y voient un virage à 180 degrés qui transformera Facebook en copie de X, avec les mêmes valeurs et les mêmes contenus.

C’est un pas vers une déresponsabilisation totale de la plateforme, annonce Samuel Lavoie, consultant numérique. Il suffit de regarder ce qu’est devenu Twitter/X. Haine, xénophobie, désinformation, arnaques et pornographie sans vergogne. »

Bien sûr, Mark Zuckerberg se drape dans une cause noble : la liberté d’expression. Bianka Bernier, consultante en communication, fait remarquer que tous ne partagent pas cette vision « réductrice » de la liberté d’expression.

La liberté d’expression, ce n’est pas une absence d’entraves à pouvoir dire impunément un tas de conneries. Dans une démocratie, la liberté d’expression est censée être équilibrée par des limites qui visent à protéger les individus et la collectivité contre la désinformation, la haine ou l’exploitation. »

Auto-censure avec le risque de réputation ?

D’autres professionnels du Web se sont montrés plus ouverts à un changement d’approche. Capucine Gaudry, créatrice de sites Web et stratège numérique, adhère à la vertu de transparence apportée par les community notes.

Le fact-checking fait en sorte que la publication jugée comme « mésinformation » est carrément censurée, ce qui est bien différent d’une community notes, où tout le monde peut voir la publication ET la controverse liée (ou information plus complète). En plus, si tu partages de la vraie mésinformation, et que tes publications sont souvent community-noted, ça devient gênant plus qu’autre chose (réputation) ce qui a un poids non négligeable (self censoring). »

En désactivant les filtres automatiques de censure, il est aussi permis de se demander si les gestionnaires de médias sociaux n’auront pas la vie plus facile, car il ne se passe pas une semaine sans qu’une marque voit une de ses publications bloquées pour des raisons obscures, que personne ne peut expliquer.

Réagissant à chaud, plusieurs Internautes ont signifié leur intention d’abandonner Meta. Or, au Québec, il sera sans doute plus difficile de convaincre les marques de renoncer à ce véhicule publicitaire que ce le fut dans le cas de X, peu exploité par les marques. Voyons les impacts réels de cette annonce, dans les mois à venir.


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