Quitter Facebook rendrait moins déprimé… mais moins informé !
Par Kévin Deniau
10 décembre 2019
C’est en tout cas les conclusions d’une étude de chercheurs de l’université des Amériques (Équateur) et de celle A&M du Texas, parue en septembre dernier. Regardons cela de plus près.
L’heure des bonnes résolutions s’en vient. Et si, cette année, vous envisagiez de faire une pause numérique ? Voire d’aller encore plus loin : de quitter Facebook ! Pour avoir un aperçu de ce à quoi votre vie pourrait ressembler, voici des éléments de réponse, issus de cette étude intitulée sobrement « Les effets économiques de Facebook« .
Cette dernière se base sur une expérience menée auprès de 1 769 étudiants texans de l’Université A&M, constitués en deux groupe. L’un a été privé du réseau social aux 2,45 milliards d’utilisateurs actifs par mois pendant une semaine. Tandis que l’autre ne disposait d’aucune contrainte particulière.
Résultats ?
Globalement, les effets que l’étude a montré sur la consommation de nouvelles, le niveau d’information, le sentiment de dépression et les activités quotidiennes montrent que Facebook a des impacts considérables sur des aspects de notre vie qui ne sont pas directement liés à la construction et à l’entretien de nos réseaux sociaux », concluent les chercheurs.
Regardons cela plus en détails. Déjà, les participants de l’étude déclaraient passer en moyenne 1,9 heure par jour sur Facebook. Ce qui est déjà bien au-delà de l’estimation moyenne chez les adultes aux États-Unis qui, selon eMarketer, serait plutôt de 38 minutes par jour.
Sur ces près de deux heures sur le réseau social, près d’un quart du temps (entre 15 et 30 min) était passé à consulter des nouvelles. Première surprise : le groupe privé de Facebook n’a pas remplacé ce temps « gagné » par la consultation de médias traditionnels. Ce qui n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour ces derniers.
En moyenne, les participants ont réduit leur consommation de nouvelles, et ce, quels que soient leurs types (météo, sports, politique etc.), » indiquent les chercheurs.
Un constat qui va dans le sens de cet article du Nieman Lab, ou encore de celui-ci qui expliquait que la fermeture de Google Actualités en Espagne avait provoqué une diminution de la lecture d’articles. De quoi complexifier encore plus le débat sur le rôle des géants des numériques dans la crise actuelle des médias.
Le paradoxe de l’addiction à Facebook
Autre impact perçu dans l’étude, plus positif cette fois : sans accès à Facebook, le groupe a estimé qu’il avait des comportements plus sains : meilleure alimentation, moins d’achats impulsifs, meilleure utilisation du temps… Des résultats sensiblement similaires à ceux obtenus par cette enquête de Stanford.
Nos résultats montrent également qu’utiliser Facebook induit des sentiments de dépression. »
Paradoxalement, ces effets positifs ne semblent pas motiver les étudiants à quitter Facebook définitivement. Au contraire ! Le groupe privé de Facebook lui donnerait une valeur d’usage plus élevée qu’avant l’expérimentation… et souhaiterait y retourner.
Ceci est cohérent avec les effets de retrait d’un bien addictif. Si le fait d’être sur Facebook crée une addiction, la semaine de restriction augmente ainsi le désir d’y revenir. Même s’il faut aussi dire que notre étude n’a pas capturé toutes les dimensions de Facebook qui affectent notre quotidien, comme par exemple le service de messagerie, » précisent les chercheurs.
De mauvaise augure donc pour tenir votre (possible) prochaine bonne résolution !
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