Femmes de l’industrie : rencontre avec Annie Aubert, présidente de l’agence kbs+ Montréal Reviewed by Aurore Le Bourdon on . Isarta Infos vous propose depuis quelques mois une série de portraits de femmes travaillant dans le marketing et la communication au Québec. Elles ont accepté d Isarta Infos vous propose depuis quelques mois une série de portraits de femmes travaillant dans le marketing et la communication au Québec. Elles ont accepté d Rating: 0

Femmes de l’industrie : rencontre avec Annie Aubert, présidente de l’agence kbs+ Montréal

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Isarta Infos vous propose depuis quelques mois une série de portraits de femmes travaillant dans le marketing et la communication au Québec. Elles ont accepté de nous parler de leurs parcours, de leurs visions du métier et de leur façon de concilier une vie professionnelle souvent très prenante avec une vie de famille bien remplie. C’est avec un grand plaisir que nous publions ces entrevues, pour lesquelles chacune a pris de son temps pour nous raconter un peu d’elle-même.

Rencontre avec… 

Annie AubertAnnie Aubert, présidente de kbs+ Montréal. Tout au long de ses 21 ans de carrière, cette mordue de publicité a travaillé fort pour gravir chaque échelon. Très dynamique, accessible et positive, c’est un plaisir de présenter aujourd’hui le parcours de cette femme passionnée par son métier comme au premier jour.

Racontez-nous un peu les grandes lignes de votre parcours…

Annie Aubert: cela fait 21 ans que je travaille en communication-marketing, et j’ai fait la moitié de ma carrière en entreprise, l’autre en agence. Ce qui a vraiment lancé les choses, c’est le fait que j’ai gagné, avec mon équipe de camarades à l’université, le concours de la relève publicitaire, organisé à l’époque par le Publicité Club de Montréal. C’est réellement ce qui m’a ouvert la voie pour un premier travail car j’ai eu l’opportunité d’intégrer soit une agence, soit une entreprise, ce que j’ai choisi. J’ai travaillé un an chez Desjardins en tant que chef de produit puis j’ai quitté pour faire une maîtrise à l’Université de Sherbrooke : je voulais peaufiner encore certaines notions, aller plus en profondeur, dans le côté analytique. Après une année de labeur intense – maîtrise et mémoire inclus! – j’ai réintégré Desjardins et j’ai poursuivi ma carrière du côté clients pendant quelques années. Et puis j’ai eu mon fils : c’est en rentrant de congé de maternité que j’ai eu envie d’essayer autre chose. J’ai donc déniché un poste de directrice service-conseil dans l’une des plus grandes agences au Québec. Au fil de mon parcours en agences, j’ai gravi les échelons un à un, avant d’arriver chez kbs+ en 2012 et d’en devenir présidente six mois après. Finalement j’ai fait l’inverse de ce que fait la plupart des gens : j’ai commencé par l’entreprise, et une fois que j’ai été maman, je me suis tournée vers le monde des agences.

Quelles qualités faut-il, selon vous, pour être à la tête d’une agence de publicité ?

Annie Aubert: mon style de gestion, c’est vraiment de travailler en équipe, d’être accessible et de communiquer ma passion du métier. La publicité est un processus qui implique de nombreux intervenants, il faut avoir la volonté de travailler tous ensemble mais aussi de reconnaître les expertises. Chacun peut apporter son propre bagage, c’est cela qui donne de la valeur ajoutée aux campagnes et aux projets que l’on développe : celui qui veut faire tout, tout seul, enfermé dans son bureau, n’a rien compris ! J’aime la philosophie «portes ouvertes» : je suis toujours disponible pour mes clients comme pour mes employés. Le lien de proximité est important lorsque l’on est président. Et il faut aussi être dévoué, passionné et prêt à investir beaucoup de temps dans l’agence. Je dirais aussi qu’il faut être très rigoureux et attentif aux moindres détails, car ce sont eux qui font toute la différence. Il faut ensuite savoir être de bons vulgarisateurs, être capables de se challenger, de donner de la rétroaction et d’être transparent tout en étant respectueux : si l’on ne dit pas les vraies choses, on ne risque pas d’emmener les idées plus loin.

«Finalement j’ai fait l’inverse de ce que fait la plupart des gens : j’ai commencé par l’entreprise, et une fois que j’ai été maman, je me suis tournée vers le monde des agences.»

On comprend bien à quel point vous êtes investie dans votre vie professionnelle. Comment arrivez-vous à la gérer, en parallèle de votre vie de famille ?

Annie Aubert: ma recette à moi, et qui est, je pense, valable dans tout environnement de travail, c’est d’avoir un véritable partenariat avec son conjoint (rires) ! C’est ce qui a fonctionné pour moi, pour nous : nous nous sommes divisé les responsabilités afin que chacun puisse mener de front sa carrière tout en étant présent pour notre fils. C’est une entraide au quotidien, un sens de l’organisation, une gestion des priorités. Mais bien sûr, cela peut demander parfois de faire ce que j’appelle un troisième shift : après le shift de la journée au bureau, celui où l’on doit s’occuper des enfants, arrive celui où l’on rouvre son ordinateur vers 21h… Ce n’est pas tout le monde qui doit faire ça, mais dans mon cas, cela m’offrait une certaine latitude pour terminer ou avancer quelques dossiers. Je pense tout de même que les employeurs, aujourd’hui, sont de plus en plus ouverts à cet égard-là. Ils comprennent que les gens ont des enfants, qu’ils doivent adapter leurs horaires sans que cela n’entache les carrières ni des femmes, ni des hommes.

Est-ce que vous avez toujours eu envie d’être à un poste à fortes responsabilités tel que le vôtre ?

Annie Aubert: honnêtement non, je n’ai jamais eu l’ambition de devenir présidente. Par contre oui, j’ai toujours travaillé fort, comme il se doit, et je n’ai jamais reçu de promotion ou d’autre cadeau du ciel (rires) ! J’ai monté les marches une par une, et je pense que c’est une bonne chose car cela m’a permis de comprendre les rouages du métier et aujourd’hui, de bien cerner ce que font mes employés. Mon expérience côté annonceur m’a aussi donné les fondements nécessaires pour bien comprendre les enjeux d’affaires et opérationnels de mes clients. Je pense qu’il ne sert à rien de vouloir aller trop vite: en passant étape par étape, on ajoute des cordes à son arc et on remplit son bagage de compétences.

«J’ai monté les marches une par une, et je pense que c’est une bonne chose car cela m’a permis de comprendre les rouages du métier et aujourd’hui, de bien cerner ce que font mes employés.»

Avez-vous eu le sentiment d’éprouver des difficultés dans votre carrière du fait d’être une femme ?

Annie Aubert: pas du tout, je pense que pour gagner en responsabilités, c’est surtout une question de compétences. Malgré tout, il est vrai que le milieu des affaires est encore majoritairement dirigé par des hommes. Mais les femmes sont mieux représentées que par le passé, et j’espère que c’est une tendance qui se maintiendra car je pense que les organisations bénéficient vraiment de la mixité, qui amène un meilleur équilibre, un autre regard, de nouvelles options. Les femmes sont de plus en plus éduquées, on voit qu’elles sont de plus en plus nombreuses dans les filières universitaires administratives par exemple, donc on devrait logiquement en voir de plus en plus dans les comités de direction et à la tête d’entreprises dans les années à venir.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus, dans votre métier ?

Annie Aubert: je trouve que travailler en agence est super palpitant, c’est le meilleur des deux mondes. Cela me permet donc de concilier mon côté affaires très orienté sur les résultats avec mon intérêt pour la créativité. La créativité au bénéfice des résultats, quoi ! Également, j’aime le fait de travailler sur plusieurs marques à la fois, d’apprendre à connaître des industries différentes et de pouvoir mettre à profit mon expérience pour plus d’un client.

«En agence, le statu quo n’est tout simplement pas une option.»

Que pensez-vous du milieu de la publicité au Québec ?

Annie Aubert: je dirais pour commencer qu’une agence, au-delà du name dropping c’est avant tout une équipe, des gens. Ce sont les personnes et leurs compétences qui font une réelle différence. Et honnêtement, le Québec est rempli de gens extrêmement compétents et talentueux. Après il est vrai que l’industrie est en mutation: rien n’est acquis ni gagné d’avance. Il faut aussi être constamment à l’affût des tendances et des innovations, qui sont autant d’opportunités de communication. C’est inspirant et cela demande de toujours se réinventer car si l’on arrête d’avancer, on recule. Donc il faut ouvrir grand les yeux et les oreilles, se nourrir de tout ce qui se fait ailleurs, sortir de sa bulle, s’intéresser. Cela demande un certain investissement, bien sûr, notamment en temps, mais le statu quo n’est tout simplement pas une option.

Si vous deviez décrire votre carrière en deux mots, quels seraient-ils ?

Annie Aubert: polyvalence et engagement !

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