Santé mentale ou salaire ? Les employés canadiens ont fait leur choix
Par La Rédaction
9 mars 2020
Une enquête récente de la firme en RH torontoise Morneau Shepell révèle que les organisations qui n’investissent pas dans la santé mentale des employés courent le risque de voir la collaboration faiblir et leur roulement de personnel augmenter. Compte-rendu.
Un chiffre tout d’abord surprend à la lecture de cette enquête mondiale, réalisée en français et en anglais par Morneau Shepell auprès de 8 000 répondants en août et en septembre 2019, au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni : plus des trois quarts (77 %) des employés canadiens envisageraient de changer d’emploi pour le même salaire, si leur nouveau milieu de travail offrait un meilleur soutien en matière de bien-être.
Et même une majorité (60 %) serait encore prêt à le faire… pour un salaire inférieur ! Cette tendance a été observée même parmi ceux qui déclarent ressentir un stress financier élevé (51 %).
Cette enquête, pour la première fois étendue aux États-Unis et au Royaume-Uni, révèle également que, quel que soit le pays, les employés placent la santé mentale au sommet des facteurs qui composent leur bien-être global, avant la santé physique et la santé personnelle.
Les employés ont également indiqué que le soutien de leur employeur en matière de santé mentale influence considérablement leur opinion de leur milieu de travail; dans chaque pays, près des trois quarts des employés (76 % au Canada, 71 % aux États-Unis et 69 % au Royaume-Uni) affirment que les efforts déployés par leur organisation pour favoriser la santé mentale sont un facteur déterminant dans leur volonté à rester en poste.
Les Canadiens nous disent que c’est le soutien en matière de santé mentale qui compte le plus pour eux, mais de nombreuses organisations privilégient la rémunération dans leur stratégie de recrutement et de fidélisation, et offrent d’abord du soutien en matière de santé physique, souligne Stephen Liptrap, président et chef de la direction de Morneau Shepell. Ce qui fonctionnait auparavant n’est plus gage de succès. La santé mentale n’est plus un sujet aussi tabou qu’avant, et les employés accordent non seulement la priorité à celle-ci, mais ils s’attendent à ce quel leur employeur en fasse autant. »
Une croissance du stress au travail
La nécessité d’un soutien en matière de santé mentale est principalement dictée par le stress constant et croissant que les Canadiens vivent dans leur vie personnelle et professionnelle. En premier lieu le stress lié au travail ou au milieu de travail (22 %) ou au bien-être financier (21 %).
Près de la moitié (45 %) des employés ont indiqué en effet que les exigences psychologiques associées à leur emploi actuel ont augmenté au cours des 18 à 24 derniers mois (on parle ici de la concentration, la résolution de problème mais aussi le besoin de créativité et d’adaptation au changement). Seulement 4 % ont indiqué que leurs exigences psychologiques s’étaient atténuées pendant la même période.
Et quand il s’agit des types de soutien abordés, plus de la moitié (53 %) des répondant citent la thérapie par la parole. 43 % des employés auraient également recours à un programme numérique de pleine conscience ou de méditation et 38 % de développement des habiletés ou de thérapie cognitivo-comportementale. En comparaison, un employé sur trois (39 %) a indiqué qu’il serait prêt à prendre des médicaments sur ordonnance.
La question du bien-être financier
La gestion du bien-être financier joue également un rôle important dans la santé mentale des employés canadiens. Plus de quatre employés sur dix (42 %) ont indiqué qu’ils croient avoir davantage de difficultés financières que d’autres personnes ayant le même revenu.
L’enquête montre d’ailleurs que les problèmes financiers des employés canadiens ont des répercussions négatives sur la productivité (36 %) et l’assiduité (24 %) au travail.
Quand on parle de stress financier, on se rend compte que ce problème affecte les personnes de tous les niveaux de revenu, affirme Paula Allen, première vice-présidente, Recherche, analytique et innovation de Morneau Shepell. En outre, le fait que les Canadiens ressentent une pression financière extrême, mais sont quand même prêts à accepter un salaire moindre s’ils bénéficient d’un bon soutien en santé mentale, en dit très long. Le soutien en santé mentale doit tenir compte de la situation dans son ensemble et être suffisant pour aider les Canadiens à composer avec les difficultés dans tous les aspects de leur bien-être, que ce soit physique, financier, social ou mental. »
Quid du sentiment d’appartenance ?
L’enquête indique que, parmi tous les employés, un sur quatre (25 %) n’a actuellement aucun sentiment d’appartenance à son milieu de travail. Il y a donc du travail à faire pour de nombreuses organisations… sous peine de voir son taux de roulement grimper en flèche.
Ne pas se sentir à sa place dans l’organisation, ou avoir de la difficulté à s’en faire une, peut en effet avoir une incidence importante sur le sentiment d’isolement des employés. Parmi les répondants qui se disent en excellente santé mentale, seul un petit nombre (11 %) ont signalé un sentiment d’isolement au travail.
Pour les employés se disant en très mauvaise ou extrêmement mauvaise santé mentale, près de la moitié (47 %) ont déclaré se sentir très isolés au travail.
Il est très important de soutenir la culture et le comportement des employés afin de s’assurer qu’ils vivent tous une expérience positive et se présentent au travail chaque matin, physiquement et mentalement, poursuit madame Allen. Il incombe aux organisations de fournir de la formation qui encourage la collaboration et inspire les employés à se traiter l’un l’autre avec gentillesse et respect. Promouvoir le soutien par les pairs est l’un des investissements les plus importants qu’une organisation puisse consentir et, au-delà du fait que cela améliore le quotidien des employés, c’est une excellente stratégie pour obtenir de meilleurs résultats financiers. »
Le rôle de la diversité en entreprise
Enfin, notons que la majorité (82 %) des employés indiquent que la diversité et l’inclusion ont une influence positive sur leur bien-être personnel.
Au Canada, l’enquête montre que les employeurs se débrouillent bien sur le plan des groupes d’âge, du genre, de la race et de l’ethnicité, mais ont encore du chemin à faire en ce qui concerne la religion, l’orientation sexuelle, les capacités et les incapacités.
Bien qu’il n’y ait pas d’approche universelle pour le soutien en santé mentale, nous espérons que l’enquête aidera les organisations à comprendre l’importance du bien-être au travail, conclut madame Allen. Le soutien en matière de bien-être financier, de relations avec les collègues, de diversité et d’inclusion n’est qu’une étape dans une stratégie en santé mentale à grande échelle. En étant à l’écoute des besoins des employés, les organisations peuvent éliminer le sentiment d’isolement et faire progresser l’organisation d’une manière qui profite à tous. »
Voir l’étude complète ici.
Note méthodologique :
L’enquête a été réalisée en français et en anglais par Morneau Shepell auprès de 8 000 répondants en août et en septembre 2019, au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Les données ont été pondérées statistiquement pour assurer que la composition régionale et hommes- femmes de l’échantillon est représentative de cette population. La marge d’erreur de cette enquête est de plus ou moins 3,2 %, 19 fois sur 20.
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