Travail : Sommes-nous moins sociables depuis la pandémie ?
Par Kévin Deniau
21 mars 2022
C’est que ce laisserait à penser cette nouvelle étude de LifeWorks qui indique que 66% des Canadiens qui sont à l’aise d’avoir moins d’interactions sociales obtiennent un score de santé mentale supérieur à la moyenne nationale. Voyons cela de plus près.
Tout d’abord, commençons par rappeler l’indice de santé mentale au pays. En effet, depuis la padémie, LifeWorks, anciennement Morneau-Shepell, le cabinet en solutions mieux-être sonde les Canadiens sur cet aspect.
Après une petite dégradation le mois dernier (-11,3) , ce score se redresse légèrement. Il reste malgré tout en deça de 10,6 points par rapport au niveau d’avant pandémie.
Les autres indicateurs secondaires (optimisme, santé psychologique générale) sont en berne également. Toutefois, bonne nouvelle : en février 2022, le score secondaire relatif au risque financier des Canadiens (qui mesure le niveau du fonds d’urgence des participants) a gagné 1,8 point pour atteindre 5,5, score le plus élevé depuis le lancement de l’indice en avril 2020. Plus de cinq points au-dessus du score de référence antérieur à 2020.
A noter que le Québec reste, pour le deuxième mois consécutif, la province à l’indice de santé mentale le plus élevé (-6,3), un niveau, là encore, jamais vu depuis avril 2020. L’Alberta fermant la marche avec un score de -12,5.
La pandémie a toujours des répercussions sur les carrières
LifeWorks s’est aussi intéressé à d’autres aspects de la vie en entreprise ce mois-ci. Notamment les changements professionnels. L’occasion d’apprendre que près d’un tiers (30%) des Canadiens ont déclaré avoir modifié leurs objectifs professionnels en raison de la pandémie. Précisons que ce groupe a le score de santé mentale le plus faible (-18,5), soit 8 points sous la moyenne canadienne (-10,6).
Les gestionnaires sont 40 % plus susceptibles de dire que leurs objectifs professionnels ont changé à cause de la pandémie, comparativement aux non-gestionnaires. Et les participants âgés de 40 ans et moins sont 60 % plus susceptibles de signaler que leurs objectifs professionnels ont changé.
Par ailleurs, 11% des Canadiens prévoient de changer de carrière en raison de la COVID 19. Ce groupe obtient un score de santé mentale de -21,3 points, soit plus de 10 points sous la moyenne nationale.
Essayons de creuser un peu. Qu’entendent les répondants derrière ce changement de carrière ?
- Pour près d’un tiers (30%), il s’agit de suivre une formation pour occuper un autre type d’emploi,
- alors que 24 % envisagent tout simplement de démissionner et de chercher un autre emploi
- Enfin, un répondant sur cinq (21 %) a l’intention de prendre sa retraite… et ce groupe obtient le score de santé mentale le plus élevé !
Pour finir sur ce sujets, notons que les gestionnaires sont 55 % plus susceptibles que les non-gestionnaires de signaler une intention de changement de carrière.
En raison de la pandémie, les Canadiens continuent de faire face à de nombreuses difficultés, tant dans leur vie professionnelle que personnelle, dans tous les aspects du mieux-être, soit sur les plans physique, mental, financier et social. Leurs prises de décision s’expliquent en grande partie par la recherche de nouvelles possibilités visant à améliorer leur mieux-être global. Pour que les organisations partout au Canada puissent composer avec cette réalité complexe, il faut absolument qu’elles accordent la priorité au mieux-être des employés afin de les fidéliser et de connaître du succès à plus long terme », commente Stephen Liptrap, président et chef de la direction de LifeWorks.
Moins d’interactions sociales… plus de bonheur ?
Enseignement surprenant également de l’étude : deux tiers des Canadiens (66%) indiquent être à l’aise d’avoir moins d’interactions sociales qu’avant la pandémie (16 % seulement disent l’inverse). Et ce premier groupe obtient l’indice de santé mentale le plus élevé (-8,6). Faut-il y voir un signe ?
De toute évidence, les gens semblent à l’aise d’avoir moins d’interactions sociales, et même si nous nous y sommes habitués, cela ne veut pas dire que c’est la meilleure chose à long terme, répond Paula Allen, directrice mondiale et première vice-présidente, Recherche et mieux-être global de LifeWorks. Avant la pandémie, on observait une tendance générale à s’isoler davantage, un phénomène qui a désormais pris de l’ampleur. Il s’agit là d’un autre facteur de risque pour la santé mentale qui devrait préoccuper les employés et les employeurs. Cela peut prendre du temps, mais nous devons commencer à tisser des liens avec les autres plus que nous le faisons actuellement. »
Autrement dit, des mauvaises habitudes ont été prises… mais il faut se forcer à ne pas toujours prioriser Netflix face à une soirée entre amis !
Méthodologie :
L’enquête mensuelle de LifeWorks a été menée au moyen d’un sondage en ligne en anglais et en français du 1er au 8 février 2022, auprès de 3 000 répondants au Canada. Tous les répondants résident au Canada et étaient employés au cours des six mois précédents. Les données ont été pondérées statistiquement pour assurer que la composition régionale et hommes-femmes de l’échantillon est représentative de cette population.
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