Témoignage d’une nomade numérique: « L’équilibre travail-voyage est surtout une question d’organisation et de dosage »
20 février 2020
Nous apprenions récemment, à travers une étude de la Harvard Business School (HBS), que le travail sans frontière avait l’avantage d’augmenter la productivité et le bien-être, lorsqu’on le compare au télétravail traditionnel effectué de la maison.
Nous avons voulu vérifier ces vertus en questionnant une vraie de vraie nomade numérique: Marie-France Bujold, une journaliste pigiste qui a choisi d’effectuer ses mandats de pige au gré de ses voyages à travers le monde. Elle nous confirme que le jeu en vaut la chandelle… à partir du moment où l’on sait doser et s’organiser. Entrevue.
Dans l’étude de la HBS, les employés ayant choisi l’option du «travail sans frontière» ont vu leur productivité augmenter de 4,4 %… As-tu l’impression que le fait de travailler en voyageant t’a rendue plus productive?
Marie-France Bujold : Je n’ai pas vu de grosse différence sur ma productivité. Mais j’ai l’impression que ça améliore peut-être ma concentration. Quand je suis à l’étranger, je travaille généralement dans des cafés et je n’ai pas de distractions pendant que je travaille, mis à part le paysage magnifique qui m’entoure!
Quand je suis à la maison, il n’est pas rare que je fasse autre chose en même temps. Globalement, ma productivité est similaire.
Le second avantage du travail sans frontière évoqué était le «bien-être psychique». As-tu l’impression de mieux te sentir en voyage ?
M-F. B. : Assurément! Il y a peu de choses qui me rendent aussi heureuse que de voyager, donc je me sens effectivement très bien. C’est un rythme de vie qui me convient.
Je vis aussi moins de stress en voyage. Et comme le coût de la vie est moindre en Asie (car je retourne toujours en Asie), je peux me permettre de travailler moins et de profiter plus!
Bénéficier d’un coût de la vie moindre était justement le troisième avantage noté dans l’étude…
M-F. B. : Pour ma part, je n’ai pas l’impression de devoir travailler 10 heures par jour pour couvrir les dépenses de mon voyage. Je ne gagne pas un gros salaire, mais je vis modestement, sans me priver. J’aime m’installer quelques semaines au même endroit pour découvrir les lieux, ce qui m’aide à réduire mes dépenses.
Pour moi, l’équilibre travail-voyage est surtout une question d’organisation et de dosage.
Peux-tu nous donner une idée de ce à quoi ressemble ta vie de globe-trotter pigiste au jour le jour ?
M-F. B. : Pour le prochain voyage en Asie, j’ai réussi à me faire un horaire de travail qui fait en sorte que je profite vraiment du voyage tout en ayant un revenu. Presque tous les matins, je pars avec mon ordi vers un café, je travaille quelques heures (2 à 3 heures), selon les contrats que j’ai. Le reste de la journée, je profite des lieux et je visite.
Mon prochain voyage, je vais commencer par 5 jours à Bangkok, où je vais conserver mon horaire matinal de travail et essayer de terminer la majorité de mes contrats en cours. Je pars ensuite faire de la moto dans la campagne laotienne avec une amie. Je vais essayer de ne pas travailler (ou de moins travailler) pendant ce périple de quelques jours pour en profiter au maximum.
Ça fait rêver! Est-ce qu’il y a des inconvénients à ce mode de vie?
M-F. B. : Certains nomades numériques que j’ai rencontrés disaient avoir du mal à s’installer pour travailler, car ils avaient envie de visiter. Personnellement, cela ne m’a jamais posé un problème, car je suis consciente que je peux voyager pendant de longs mois parce que je travaille à distance. Et aussi, mon travail me plait.
Je ne vois pas vraiment d’inconvénients. Bien sûr, il faut être prêt à travailler dans des conditions parfois rustiques et il faut vraiment être prêt à s’adapter. Mais assurément, je ne changerais pas mon mode de vie!
Est-ce qu’il y a des avantages insoupçonnés?
M-F. B. : Je rencontre des gens de partout dans le monde, ce qui alimente souvent mes réflexions de travail.
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