Témoignages de « Climate quitters », ces salariés qui démissionnent pour des raisons environnementales Reviewed by Philippe Jean Poirier on . 23 avril 2024 Nouvelle tendance à ajouter à la lexicologie du « quitting », les « climate quitters » appartiennent à la catégorie des travailleurs qui décident 23 avril 2024 Nouvelle tendance à ajouter à la lexicologie du « quitting », les « climate quitters » appartiennent à la catégorie des travailleurs qui décident Rating: 0

Témoignages de « Climate quitters », ces salariés qui démissionnent pour des raisons environnementales

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23 avril 2024

Nouvelle tendance à ajouter à la lexicologie du « quitting », les « climate quitters » appartiennent à la catégorie des travailleurs qui décident de quitter un emploi pour des raisons environnementales. Témoignages.

D’une certaine manière, la « démission environnementale » est une sous-branche de la «démission consciente», le fait de quitter son entreprise si ses valeurs ne sont pas ou plus alignées avec celles du salarié, en ce sens qu’elle attribue la démission spécifiquement à un facteur environnemental. Dans le Net Positive Employee Barometer 2023, tels étaient les facteurs considérés pour accepter ou non un emploi:

  • Salaire et avantages sociaux : 93%;
  • Approche envers le bien-être et l’équilibre vie pro et perso : 93%;
  • Valeurs : 88%;
  • Engagement envers l’égalité économique : 79%;
  • Engagement envers l’égalité sociale : 75%;
  • Engagement envers l’environnement : 73%.

À la lumière de ces résultats, on comprend que la raison environnementale ne vient pas en tête de liste, loin de là. Même si ce souci fait son chemin dans la tête des travailleurs.

Un cocktail de raisons

Il faut reconnaître qu’il est parfois difficile de définir clairement les raisons qui poussent à quitter un emploi. Le cas de Véronique, une professionnelle en ressources humaines, pose un bel exemple. Il y a quelques années, elle a démissionné d’un emploi dans la grande région montréalaise, parce qu’il était trop loin de son domicile.

J’avais accepté un emploi assez payant, qui m’amenait à faire un gros pas en avant dans ma carrière, sans considérer le fait que je devrais faire plus de 35 kilomètres dans le trafic, matin et soir, » indique-t-elle.

Soit 70 kilomètres par jour. L’empreinte carbone n’est donc pas négligeable. Toutefois, c’est surtout l’impact sur sa qualité de vie, qui a pesé dans la balance de démissionner.

Après 11 mois, je me suis rendue compte que ce n’était pas réaliste du tout, raconte-t-elle. Les transports en commun prenaient beaucoup trop de temps. Et j’en étais rendue à devoir, pour avoir moins de trafic, partir de chez moi à 6h et rentrer à 19h. »

La professionnelle RH a trouvé un emploi plus près de sa maison, pour un salaire et des responsabilités moindres.

J’ai continué à bien évoluer dans ma carrière, malgré tout, assure-t-elle. Ça a été un pas de retour pour mieux me propulser ensuite. »

Quand ton employeur pollue

Au-delà de l’engagement environnemental, il y a aussi la nature même de l’activité de l’entreprise, qui peut peser sur le choix de poursuivre un emploi ou non. En tant qu’ingénieurs, acceptera-t-on de travailler pour une pétrolière, une minière ou dans d’autres secteurs qui ont une lourde empreinte carbone? Professionnel du génie industriel, Éric (nom fictif) a été confronté au fait de travailler pour un fabricant de pièces de caoutchouc, incluant des pneus, des courroies de transport et de transmission.

Ça posait pour moi des questions environnementales, sans compter l’enjeu des conditions de travail lors de l’extraction des matières premières. Ces matériaux ne sont pas recyclables ou intégrables dans une économie circulaire. Il y a bien une conscience de la nature dommageable et polluante des activités de ce secteur, mais les quelques géants du secteur ne sont pas prêts à faire grand-chose, sinon tenter de se donner une meilleure image, » regrette-t-il.

En 2021, il a décidé d’ouvrir ses horizons et de migrer vers un autre emploi.

Je suis toujours dans un secteur lié au génie industriel, mécanosoudé, mais sans caoutchouc impliqué. Je me suis aussi redirigé davantage vers la gestion des systèmes d’information et la cybersécurité, qui sont pour moi un intérêt de longue date, » précise-t-il.

Pour Éric, la démission environnementale a un potentiel explosif :

Si l’on se posait des questions et que l’on quittait pour des raisons environnementales, je crois qu’il y aurait plusieurs industries qui seraient en chute libre ! »

Nous n’y sommes pas encore. Mais la tendance est à suivre, assurément.


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