Tendances Web et réseaux sociaux 2025 : place à une authenticité… «irrévérencieuse»
7 janvier 2025
Qui l’eut cru? En fin de compte, ce sont les élections américaines qui ont scellé le débat sur le ton à adopter sur les médias sociaux. Finis les discours lisses et le politiquement correct, il est temps de s’accepter (et de se montrer) tel qu’on est vraiment, avec ses qualités mais aussi et surtout ses défauts, ses imperfections, comme Donald Trump sait si bien le faire. Place à une authenticité qui s’exprime sous le signe de l’irrévérence.
1. L’authenticité sur les « stéroïdes »
Au début du mois de novembre, une vidéo virale publiée sur TikTok par un entrepreneur québécois encapsule à lui seul tous les codes de cette nouvelle culture de « l’anti-influence » – comme le nommait Rachel Houde Simard, dans notre bilan 2024.
Le tonitruant propriétaire d’Armoires PMM, Jean-Noël Lacroix, a piqué une colère contre Postes Canada, en grève depuis plusieurs semaines, qui l’empêchent de livrer ses cuisines.
Et ce n’est pas une faute de parcours: toutes les publications de ce compte à haute intensité sont ponctuées de jurons.
C’est un excellent exemple de User Generated Content, reconnaît Francis Jette, consultant en création de contenu et formateur Isarta. Le propriétaire de l’entreprise s’est créé un personnage aligné sur sa personnalité. Malgré l’allure déjantée, les vidéos correspondent aux bonnes pratiques actuelles: le message est court, punché, et il est axé sur le produit, en donnant une vue sur les coulisses de l’entreprise. »
Dans le rapport Think Forward 2025, la firme We are social qualifie cette tendance de « renaissance primale » :
Après des années de lissage culturel et de répression émotionnelle, 2024 a marqué le retour au brut, au gore, à la vulgarité et à l’hédonisme ; le paysage social media réadopte le désordre. »
La tendance, bien sûr, a toutes les chances de se poursuivre en 2025.
2. Domination du court
Il y a également des éléments structurels qui valorisent cette approche « in your face » adoptée par plusieurs marques sur les médias sociaux: l’omniprésence des vidéos courtes, sur toutes les plateformes. Un phénomène que certains appellent la «tiktokisation» des contenus.
Dans l’année qui s’en vient, on peut s’attendre à la continuité de la domination du contenu vidéo vertical courte durée, à la Reals ou TikTok, annonce Francis Jette. La concurrence des contenus est plus dure que jamais; ce n’est plus suffisant de créer du contenu informatif, il faut créer du contenu divertissant, court, punché, ou hautement authentique qui met de l’avant nos ambassadeurs, nos employés et notre vrai monde. »
3. L’importance du « SEO social »
Outre la domination de la vidéo, l’autre grand changement structurel des plateformes se situe au niveau de l’algorithme. Par le passé, Facebook privilégiait les contenus publiés par notre cercle de contact. Dorénavant, il pousse des contenus en lien avec nos intérêts. Encore une fois, un peu à la manière de TikTok.
Avec l’introduction de l’intelligence artificielle, les médias sociaux se transforment de plus en plus en plateformes de recommandation, continue Francis Jette. C’est pourquoi il est de plus en plus important de porter attention au SEO social, ce qui englobe tous les mots présents dans les contenus publiés sur les médias sociaux. »
4. Recherche de connexion humaine
À leur manière, les grands médias sociaux semblent vouloir retourner au modèle passif de «diffuseurs-spectateurs» qui avait cours à l’ère télévisuelle. Or, il n’est pas sûr que les Internautes adhèrent à cette vision.
Dans un monde de plus en plus divisé, les audiences aspirent à la convivialité et militent pour un nouvel Inter qui nous rapproche à nouveau », annonce le site We are social.
Au Québec, la consultante numérique Diane Bédard fait un constat similaire :
Une bonne partie de la population réalise à quel point les médias dits sociaux sont dorénavant « antisociaux » et mettent dangereusement la démocratie en péril partout dans le monde, analyse-t-elle. Je vois du décrochage [de ces plateformes] et du désintérêt partout… À ce rythme, je vois la fin prochaine de cette ère. »
Qu’aimerait-elle voir à la place ?
Il faudra un réseau 100% humain, dépourvu de toutes formes d’IA et d’interventions automatisées… Outre une modération avec des règles claires et comprises par tous, une intolérance totale aux trolls qui ne s’identifient pas clairement. Donc, un système d’identification reconnu et éprouvé pour éviter de parler avec des pseudos humains ou des avatars sans âme qui se cachent derrière l’anonymat impunément en détruisant le volet positif des médias sociaux », répond-elle.
Diane Bédard revendique le droit de « rêver ». Tout indique que la noble quête de trouver un média social qui nous fait du bien se poursuivra en 2025 !
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