Travail hybride : le bras de fer du retour au bureau Reviewed by Kévin Deniau on . 16 mai 2024 Les habitudes ont la vie dure. En 2020, alors que la pandémie de COVID-19 se propageait sur la planète, une bonne partie des employés sont passés au 16 mai 2024 Les habitudes ont la vie dure. En 2020, alors que la pandémie de COVID-19 se propageait sur la planète, une bonne partie des employés sont passés au Rating: 0

Travail hybride : le bras de fer du retour au bureau

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16 mai 2024

Les habitudes ont la vie dure. En 2020, alors que la pandémie de COVID-19 se propageait sur la planète, une bonne partie des employés sont passés au télétravail quasiment du jour au lendemain. Quatre ans plus tard, le retour progressif au bureau se heurte à de nombreuses réticences et les entreprises cherchent encore ce qui sera la nouvelle norme.

À l’image des fonctionnaires fédéraux, mécontents de la mesure récente du Conseil du Trésor qui les obligent à travailler du bureau trois jours par semaine. Ou des employés du New York Times en octobre dernier.

Pourtant, la tendance d’une prédominance du travail au bureau par rapport au télétravail semble bien enclenchée. Depuis l’an passé, les géants de la Tech, à l’instar d’Amazon, Apple, Meta ou encore Google, demandent à leurs salariés de revenir plus régulièrement à leur poste. Ce qui peut s’avérer bien paradoxal : ces entreprises qui se montrent aujourd’hui les plus rétives à laisser leur personnel travailler entièrement à distance sont précisément celles qui ont créé les outils nécessaires pour rendre la chose possible dans tous les secteurs, indique le magazine Quartz.

Selon un sondage mené la fin de l’année dernière par Léger auprès d’un échantillon de plus de 1 000 dirigeants et employés d’entreprises situées sur l’île de Montréal, 87 % des travailleurs sont de retour au bureau au moins une fois par semaine. Ce chiffre atteignait 29 % en juin 2021 et n’a cessé d’augmenter depuis (69 % en mars 2022 et 82% en septembre 2022).

Source : Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM)

Jusqu’où ce ratio va-t-il monter ? Et quel sera l’équilibre trouvé par la majorité des organisations ?

« Le retour au bureau continue de progresser et de revenir dans les pratiques des entreprises du centre-ville. Nos données confirment la persistance des modes de travail hybride dans ce processus de retour. (…) Nous pensons qu’un point d’équilibre devrait à la longue émerger autour de quatre jours de présence au bureau », envisage par exemple Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Comme le montre le schéma ci-dessus, le travail en présentiel à temps plein semble avoir atteint un palier, à l’inverse du travail hybride qui est désormais le quotidien de la majeure partie des travailleurs (64 % contre 53 % en septembre 2022). Selon Nicholas Bloom, professeur d’économie à l’Université de Stanford, ce mode est en effet le futur du travail : 

Les arrangements hybrides équilibrent les avantages d’être au bureau en personne – une plus grande capacité à collaborer, à innover et à créer une culture – avec les avantages du calme et de l’absence de déplacements qui découlent du travail à domicile. »

Des arguments de chaque côté

Le sujet s’avère toutefois explosif. Selon un sondage mené par le firme Ipsos pour Slack France, près de la moitié des salariés (46 %) interrogés déclarent avoir ressenti des pressions pour un retour en présentiel et autant affirment qu’il existe des dissensions au sein de l’organisation entre les partisans du travail à distance et défenseur du travail en présentiel.

Pour les employeurs, l’enjeu majeur concerne la culture d’entreprise, la collaboration ainsi que la productivité. Selon le rapport Returning for Good, d’Unispace Global Workplace Insights, une très grande majorité d’employeurs (84 %) pensent aussi que les perspectives d’évolution sont limitées pour les personnes qui travaillent uniquement de chez elles.

De l’autre côté, toujours selon cette même enquête, les employés indiquent qu’ils ont plus d’intimité chez eux (31 %), qu’ils sont plus efficaces dans un environnement calme en dehors du bureau (27 %) et qu’ils se sentent plus productifs chez eux (23 %). Sans compter l’enjeu du trajet domicile-travail.

Des incitatifs comme déclencheurs

Et si la solution venait d’un retour au bureau… en contrepartie d’incitatifs ? À Londres, l’entreprise Perkbox offre ainsi des points en cas de présence des salariés sur place, qu’ils peuvent ensuite utiliser en rabais sur des repas ou en chèque cadeau pour faire son épicerie.

Selon le sondage de la CCMM, les travailleurs plébiscitent une flexibilité sur l’horaire ou une contribution de l’employeur aux frais de transport en commun.

Une gageure ? Selon le KPMG 2023 CEO Outlook report, 87 % des 400 PDG américains interrogés sont prêts à récompenser leurs employés qui reviennent au bureau avec de nouvelles affectations, promotions et/ou augmentations. La négociation ne fait que commencer.


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