Séparer le «social» du «média» – prédiction 2018
Invitée à commenter les tendances Web et médias sociaux sur NiemanLab, la journaliste indépendante Taylor Lorenz prédit que les utilisateurs de Facebook chercheront à séparer leur consommation de nouvelles de leurs conversations entre amis. Explications.
8 janvier 2018
Qui ne s’est jamais fait prendre au jeu? On ouvre Facebook pour avoir des nouvelles de la famille et des amis, mais en fin de compte on passe l’essentiel de son temps à consulter des nouvelles ainsi que les commentaires qu’elles ont générés, puis à débattre publiquement avec nos adversaires politiques…
Cette détestable habitude pourrait prendre fin en 2018, croit Taylor Lorenz.
D’une part, les internautes ne chercheraient plus à constamment donner leur opinion sur tout, puisque l’attrait de la nouveauté des médias sociaux aurait fait son temps. D’autre part, plusieurs personnes échaudées par des conversations avec des trolls choisissent désormais de se tourner vers des groupes de discussions privés.
Ça veut dire moins de temps à regarder défiler votre fil d’actualité Facebook ou Instagram et plus de temps à interagir dans des Groupes Facebook ou à se connecter avec des amis sur Messenger. Ça signifie abandonner la mission de répondre à tous les demeurés qui sévissent sur Twitter et à la place échanger avec des groupes de personnes qui comptent réellement pour vous.»
Ça signifie maintenir plusieurs petits espaces d’échanges privés axés sur nos intérêts, plutôt qu’alimenter une seule vitrine publique.»
Nous évoquions un phénomène similaire dans un article abordant l’émergence des médias de niche.
Voici quelques indices démontrant que les gros joueurs du Web prennent cette tendance au sérieux:
- Snapchat a annoncé en novembre dernier son intention de «séparer le social du média» en extrayant la fonction chat de son portail média;
- Depuis avril 2017, Facebook teste un fil d’actualité exclusivement dédié aux nouvelles (dépourvu de commentaires et de partages des amis);
- Depuis décembre 2017, Instagram travaille sur une application de chat exclusif.
Cela ne veut pas dire que les gens ne vont plus consommer de nouvelles, rassure la journaliste indépendante. Mais, les producteurs de contenus (les médias) devront reconnaître ce changement dans les comportements des usagers, et adapter leurs stratégies de diffusion à cette nouvelle réalité.
Ça veut dire produire le type de contenu de haute qualité que les utilisateurs recherchent et auquel ils sont prêts à souscrire. Ça veut dire passer moins de temps à essayer de rejoindre le plus large auditoire possible sur le Web et commencer à construire des audiences conscientes et engagées.»
Ça veut aussi dire, concède Taylor Lorenz, que les médias resteront à la merci des gros joueurs du Web pour la diffusion de leurs contenus.
Quand Facebook reconnaît le problème
Parallèlement à la publication de la prédiction de Taylor Lorenz, il est intéressant de noter cette autre nouvelle où Facebook reconnaît que certains usages de son média social peuvent poser problème.
La nouvelle provient de Facebook lui-même, dans sa section «Salle de presse». Un communiqué datant du 15 décembre pose la question à savoir si «passer du temps sur les médias sociaux est mauvais pour nous»?
David Ginsberg et Moira Burke, respectivement directeur de la recherche et chercheur scientifique chez Facebook, évoquent différentes études soutenant la thèse que passer du temps à regarder son filtre Facebook sans interagir avec ses amis porte atteinte au moral.
Dans la foulée de cette publication, Facebook s’engage à augmenter la qualité du contenu du fil d’actualité et à faciliter les interactions riches avec les proches.
Un pas dans la bonne direction!
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