Une élection piratée? Le rôle de Cambridge Analytica se précise Reviewed by Philippe Jean Poirier on . En concentrant toute notre attention sur les «fake news», nous avons ignoré la menace plus inquiétante que représentait pour la démocratie la collecte massive d En concentrant toute notre attention sur les «fake news», nous avons ignoré la menace plus inquiétante que représentait pour la démocratie la collecte massive d Rating: 0

Une élection piratée? Le rôle de Cambridge Analytica se précise

Par

En concentrant toute notre attention sur les «fake news», nous avons ignoré la menace plus inquiétante que représentait pour la démocratie la collecte massive de données (ou le «data mining»). Gros plan sur l’affaire Cambridge Analytica.

22 mars 2018

Vous vous souvenez de FarmVille, le jeu social qui a connu tant de succès sur Facebook? Aussi surprenant et ridicule que cela puisse paraître, c’est par ce genre de jeu un peu débile que Facebook a progressivement perdu le contrôle de ses données.

C’est ce que révélait un premier lanceur d’alerte il y a 4 mois. L’ancien employé de Facebook, Sandy Parakilas, a expliqué au Guardian que Facebook avait permis à des développeurs d’applications (des parties externes à Facebook) d’accéder aux données des amis de celui qui utilise l’application, et ce, via une fonctionnalité nommée «permissions des amis».

Mon inquiétude était que toutes les données quittant les serveurs de Facebook vers ceux des développeurs ne pouvaient plus être contrôlées par Facebook, alors nous n’avions aucune idée de ce que les développeurs faisaient avec ces données.»

C’est par cette brèche que Cambridge Analytica – la firme dont tout le monde parle en ce moment – a pu mettre la main sur 50 millions de profils d’utilisateurs. Elle a en effet utilisé un quiz de personnalité spécifiquement conçu pour microcibler des électeurs anglais (Brexit) et américains (élections de Trump).

Pour la petite histoire, Cambridge Analytica est la firme d’analyse de données se vantant de connaître le profil comportemental de millions d’Américains et de pouvoir aider les entreprises à rejoindre les consommateurs et les partis politiques, les électeurs. Elle a offert ses services aux partisans du Brexit, à Ted Cruz pendant les primaires américaines, et à Donald Trump dans la dernière élection.

Nous avons exploité Facebook pour collecter le profil de millions de personnes. Et construire des modèles pour exploiter ce qu’on savait d’eux et cibler leurs démons intérieurs», a déclaré le lanceur d’alerte Christopher Wylie, qui a exposé le scandale de Cambridge Analytica au grand jour.

Une histoire rocambolesque

L’idée de croiser les données personnelles de Facebook avec des profils psychologiques comportementaux pour mieux cibler une clientèle électorale a germé dans la tête du Canadien Christopher Wylie alors qu’il faisait partie du personnel politique du Parti libéral du Canada sous l’ère Ignatieff. Il avait d’ailleurs proposé une stratégie d’exploitation de données inspirées de la campagne d’Obama, mais les libéraux de l’époque avaient refusé.

Christopher Wylie a trouvé une oreille plus attentive auprès de Steve Bannon et de l’investisseur Robert Mercer, qui a financé Cambridge Analytica. Eux étaient prêts à sortir des sentiers battus pour explorer de nouvelles stratégies de marketing électoral.

La firme s’est mise en quête d’acquérir les données au prix fort. Selon Christopher Wylie, elle aurait déboursé jusqu’à 7 millions de dollars pour convaincre les gens d’utiliser le test de personnalité du chercheur Aleksandr Kogan, intitulé «thisisyourdigitallife», et ainsi accéder aux données personnelles des utilisateurs de Facebook.

Le chercheur s’est depuis défendu au Guardian:

Nous avions été assurés par Cambridge Analytica que tout était parfaitement légal et dans les limites des conditions de service. Ma plus grande erreur a été de ne pas poser suffisamment de questions.»

Les nouvelles révélations

Une grande partie de l’histoire était déjà connue. Cambridge Analytica a déjà fait l’objet de plusieurs reportages sur son profilage d’électeurs. (Nous en parlions ici.) Mais, il restait un point en suspens: de quelles données disposait la firme et dans quelle mesure pouvait-elle cibler avec précision les électeurs?

Christopher Wylie soutient que la firme a eu accès aux informations personnelles de 50 millions d’utilisateurs de Facebook, dans un contexte où Facebook semble avoir faire preuve de négligence.

Voici ce qu’en dit l’ancien employé de Facebook Sandy Parakilas sur Twitter:

C’est une brèche. Est-ce que Cambridge a piraté et volé les données lui-même? Ne jouons pas sur les mots. Le fait que Facebook ait rendu si ridiculement facile de voler des données en violation de ses politiques, qu’il connaissait les voleurs et qu’il n’a rien fait pour les arrêter ne fait qu’empirer la situation, pas la rendre meilleure.»

Les formations en lien avec le sujet:

Gestion de communauté: Facebook

Publicités payantes sur Facebook

 

Retour en haut de la page