Média : vers un âge d’or de l’infolettre?

5 octobre 2020

Après avoir contribué à l’émergence du podcast, des journalistes et des créateurs de contenu se tournent vers l’infolettre pour rejoindre leur auditoire. Est-ce un phénomène marginal ou sommes-nous plutôt à la veille d’un âge d’or pour l’infolettre?

Le journaliste Oliver Franklin-Wallis, du magazine The Wired, y voit une tendance lourde qui a toutes les chances de modifier l’écosystème médiatique.

Pour soutenir sa thèse, il met en lumière un mouvement de journalistes indépendants et de créateurs de contenu opérant dans des secteurs de niche qui décident de devenir leur propre média en publiant une infolettre payante.

Voici deux exemples américains, et un exemple québécois :

• Vittles, l’infolettre du journaliste gastronomique Jonathan Nunn;
• Everything, un combo d’infolettres sur la productivité au travail;
• InfoBref, une infolettre quotidienne présentant l’actualité politique et technologique «en 5 minutes», tout juste lancée par Patrick Pierra.

Dan Oshinsky, fondateur de Inbox Collective, voit se dessiner deux parcours à succès :

Deux types de personne semblent avoir du succès avec ce médium en ce moment : soit ils ont un déjà une audience existante qu’ils parviennent à faire passer de Facebook ou Twitter vers leur infolettre; soit ce sont des gens qui se démarquent dans une niche de produits précis », a-t-il expliqué à The Wired.

Ajouté à un engouement individuel, on observe une augmentation significative de fréquentation sur les plateformes d’infolettre comme Subtrack, TinyLetters (faisant l’objet d’un portrait ici) et Mailchimp.

Dans une publication d’avril dernier, Mailchimp avait elle-même rapporté une augmentation de l’engagement dans les campagnes courriel se déroulant sur sa plateforme, au plus fort de la pandémie.

Que penser de cette tendance ?

Quand on y réfléchit, l’infolettre partage plusieurs caractéristiques communes avec le podcast, qui connaît beaucoup de succès depuis quelques années.

Il s’agit de deux médiums permettant aux créateurs de communiquer directement avec leur auditoire, sans passer par le processus éditorial des grands médias. D’ailleurs, l’infolettre est beaucoup plus facile à produire que le balado!

À une autre époque, on recevait un journal papier à la maison; ce média se retrouvait entre nos mains et avait toute notre attention.

De la même façon, l’infolettre atterrit dans la boîte courriel, loin du bruit des médias sociaux et des sites Web surchargés d’annonces. C’est l’argument que met de l’avant Maria Coole, du magazine Marie-Claire, dans l’article « Why women are ditching social media for email newsletters » :

Les infolettres, contrairement aux blogues, aux sites Web, aux podcasts et aux plateformes de médias sociaux qui se font concurrence pour notre attention, donnent une impression de calme; c’est un espace intime qui s’adresse à des auditoires spécifiques. »

Maria Coole vante aussi leur « simplicité » :

Il n’y a pas de cloches ni de sifflets; pas de campagnes de publicité clinquantes. Je n’ai pas l’impression de me faire crier après, comme c’est souvent le cas sur Internet ou dans les podcasts. »

Une opportunité pour les entreprises

Si cette tendance se confirme, les entreprises seront particulièrement positionnées pour exploiter ce fil dans leur campagne de marketing par courriel.

La plupart des entreprises diffusent déjà d’une manière ou d’une autre un bulletin ou une infolettre visant à développer ou entretenir leur clientèle.

Celles-ci disposent des outils et du savoir-faire pour rejoindre leurs auditoires et mesurer l’engagement. Il ne leur restera qu’à développer des campagnes de marketing de contenu axées sur l’expertise qu’elles veulent mettre de l’avant!

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