Connaissez-vous le harcèlement ascendant, quand les gestionnaires sont opprimés par leurs équipes ? Reviewed by Kévin Deniau on . 30 janvier 2025 Avoir le pouvoir hiérarchique ne suffit pas toujours pour se faire respecter. L'autorité n'est pas synonyme de contrôle. C'est ce dont font l'ex 30 janvier 2025 Avoir le pouvoir hiérarchique ne suffit pas toujours pour se faire respecter. L'autorité n'est pas synonyme de contrôle. C'est ce dont font l'ex Rating: 0

Connaissez-vous le harcèlement ascendant, quand les gestionnaires sont opprimés par leurs équipes ?

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30 janvier 2025

Avoir le pouvoir hiérarchique ne suffit pas toujours pour se faire respecter. L’autorité n’est pas synonyme de contrôle. C’est ce dont font l’expérience les gestionnaires victimes de leurs salariés ! Un phénomène, appelé harcèlement ascendant, peu documenté, qui peut même apparaître difficile à imaginer. Pourtant bien réel. Analyse.

C’est un sujet tabou et méconnu : le harcèlement ascendant. Mis en avant en décembre dernier par le quotidien économique français Les Echos, ce phénomème consiste, comme son nom l’indique, à être harcelé, en tant que gestionnaire, par ses subordonné·es. Une vision contre-intuitive tant elle paraît inconcevable : le ou la supérieur·e hiérarchique est généralement la personne qui harcèle et non qui est harcelée, du fait de sa position de pouvoir.

Cette idée choque, dérange, intrigue. Une chose est certaine, elle fait réagir parce qu’elle perturbe notre schéma mental de la victime et son bourreau. Elle vient perturber l’image du ou de la gestionnaire que nous avons », écrit Myriam Lavigne, CRHA travaillant au Ministère de la Défense Nationale, dans un mémoire publié en juin 2023 au sein de l’UQAM.

Pourtant, à bien y réfléchir, les cas où ce type de harcèlement psychologique peuvent se produire ne paraissent pas si saugrenus : frustration d’une personne envers un ou une collègue qui vient de bénéficier d’une promotion et gère désormais l’équipe, intimidation verbale ou physique, sabotage du travail du ou de la gestionnaire auprès des autres membres de l’équipe (lancement de rumeurs, moqueries, effet de groupe…).

Rappelons que, en 2016, selon Statistique Canada, le harcèlement ou l’intimidation était le facteur de risque psychosocial le plus courant en milieu de travail. 15% des employé·es se déclaraient ainsi exposé·es au harcèlement ou à l’intimidation au travail.

Peu de soutien de la hiérarchie

La conception de se faire malmener par ses employés est à ce point étonnante… que la victime s’en trouve d’autant plus seule pour faire face à la situation !

Le harcèlement exercé par des subordonnés est tellement peu reconnu que ceux qui en sont la cible n’osent pas en parler à leur hiérarchie, par peur d’être jugés inaptes à la fonction qu’ils occupent. Et s’ils le font, bien souvent leurs supérieurs hiérarchiques ne leur apportent pas leur soutien, les estimant incapables de gérer des situations difficiles », témoigne ainsi dans Les Echos, la docteure en psychologie clinique Danièle Zucker, spécialiste du sujet au sein de son cabinet HER.

Un constat partagé par Myriam Lavigne :

Les victimes de harcèlement psychologique ascendant reçoivent peu de soutien et se retrouvent seules à affronter leurs subordonné.es, qui bien souvent utilisent la force du nombre pour créer un débalancement de pouvoir. Sans le support de l’organisation, la victime épuise ses ressources et la seule solution restante est l’abandon de son poste. »

Cette dernière cite la thèse fondatrice, en 2006, de la chercheuse australienne Sara Branch, l’une des premières à évoquer ouvertement le sujet. Cette dernière pointe notamment le contexte organisationnel comme facteur favorisant l’émergence de situation de harcèlement ascendant : manque de clarté dans les attentes et dans les rôles, manque d’implication des employé.es dans les prises de décisions, changements organisationnels pouvant entraîner des émotions négatives voire à des conflits interpersonnels…

En France, le harcèlement ascendant a été officiellement reconnu par la justice en 2011, avec cette déclaration de la Cour de cassation : « Le fait que la personne poursuivie soit subordonné de la victime est indifférent à la caractérisation de l’infraction ».

 Pour contrer ce déni de réalité, les différents experts et expertes qui oeuvrent sur le sujet préconisent de briser le silence et d’en parler ouvertement au sein de l’entreprise. De quoi aider les gestionnaires, déjà bien en difficulté ces derniers temps.




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